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Ton bonheur, tu le trouveras seulement sur une scène. Jean Renoir

Publié le 19/03/2020

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«L’histoire véritable serait celle d’une Indienne de bonne famille, à qui plusieurs conteurs donnent le nom de Périchole, et d’un Vice-Roi du Pérou, évidemment de naissance espagnole, qui en était amoureux. Le Vice-Roi lui était attaché parce qu’elle jouait de la guitare, chantait agréablement, et surtout parce que sa douceur et sa simplicité le reposaient de la prétention des dames européennes de sa cour, nouvellement enrichies par l’or du Pérou. Il l’épousera. Le Roi d’Espagne, craignant le scandale, voulut sévir. L’intervention de l’évêque de Lima l’apaisa. Il se contenta de rappeler le Vice-Roi qui, en compagnie de sa bien-aimée, se retira dans un petit château de la campagne espagnole. La Périchole lui donna une demi-douzaine de beaux enfants. Tous deux vécurent de longues et paisibles années loin de l’or et des intrigues du Pérou.

Aucun rapport avec l’admirable pièce de Mérimée, pas plus qu’avec le film que j’ai tourné en Italie. Dans ce film, l’emprunt le plus évident fait à Mérimée est peut-être celui de l’évêque, personnage bien trop tentant pour que je ne l’aie pas annexé. »

(Lettre à Jean Vilar du 21.12.58 lors de la présentation par celui-ci du film au T.N.P., en parallèle avec Le Carrosse du Saint-Sacrement)

«Mes collaborateurs et moi-même avons inventé une histoire qui pourrait s’intituler: La Comédienne, le Théâtre et la Vie. »

(Radio-Cinéma-Télévision, n° 165, le 15 mars 1953)

 

«C’est en tout cas le film le plus noble et le plus raffiné jamais tourné. On y trouve toute la spontanéité et l’invention du Renoir d’avant-guerre jointes à la rigueur du Renoir américain. Tout y est race et politesse, grâce et fraîcheur. C’est un film tout de gestes et d’attitudes. Le théâtre et la vie s’entremêlent dans une action suspendue entre le rez-de-chaussée et le premier étage d’un palais, comme la commedia dell’arte oscille entre le respect de la tradition et l’improvisation. Anna Magnani est l’admirable vedette de ce film élégant où la couleur, le rythme, le montage et les acteurs sont à la mesure d’une bande sonore dans laquelle Vivaldi se taille la part du lion. Le Carrosse d’or est d’une beauté absolue mais la beauté est son sujet profond. »

«Tu n’es pas faite pour ce qu’on appelle la vie, ta place est parmi nous, les acteurs, les acrobates, les mimes, les clowns, les saltimbanques. Ton bonheur, tu le trouveras seulement sur une scène chaque soir pendant deux petites heures en faisant ton métier d’actrice; c’est-à-dire en t’oubliant toi-même. A travers les personnages que tu incarneras, tu découvriras peut-être la vraie Camilla. »

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« 9 • CINÉMA DE THÉÂTRE (et découverte de soi) / 69 être celui de l'évêque, personnage bien trop tentant pour que je ne l'aie pas annexé.

» (Lettre à Jean Vilar du 21.12.58 lors de la présentation par celui-ci du film au T.N.P., en parallèle avec Le Carrosse du Saint-Sacrement) Renoir considérait que son film devait être, avant tout, italien, du fait même qu'il était tourné en Italie et que la vedette du film, Anna Magnani, était, elle aussi, représen­ tative de l'Italie.

Acteurs, techniciens, sans compter le scénariste, Giulio Macchi, seront italiens, ce qui, bien entendu, n'a pas privé Renoir d'écrire le scénario et les dialogues en français.

Comme tous les rôles devaient être joués en anglais, il a fallu qu'Anna Magnani apprît l'anglais.

Du reste, elle se doublait elle-même dans la version italienne, le doublage en français ayant été confié à des spécialistes.

Dans ces conditions, Renoir décide de supprimer Je personnage de La Périchole, qu'il remplace par Camilla, et choisit de faire un film de« composition» et non un « docu­ mentaire», ce qui le démarque de la pièce de Mérimée.

Renoir ramène le canevas de l'histoire à une « action théâtrale» : sa Camilla représente non une, mais l'actrice par excellence; et si le carrosse d'or, comme chez Méri­ mée, « symbolise la vanité mondaine», le véritable propos du film est d'évoquer la relation entre le théâtre et la vie, les amours et l'amour tout court de Camilla tenant lieu d'assise vitale, de foyer de vie.

Renoir s'explique claire­ ment sur ce point: « Mes collaborateurs et moi-même avons inventé une histoire qui pourrait s'intituler : La Comédienne, le Théâtre et la Vie.» (Radio-Cinéma-Télévision, n° 165, le 15 mars 1953) L'action est située au XVIIIe siècle.

Le carrosse d'or, importé d'Europe par le vice-roi du Pérou, doit échoir à la maîtresse en titre de celui-ci.

Or le film commence par l'arrivée d'une troupe de comédiens dell'arte dans Je Nou­ veau Monde.

L'accent est mis, tout d'abord, sur le trio de soupirants dont Camilla est le centre de gravité.

A l'arrivée, Camilla et Félipe, Castillan, ne s'entendent plus, Félipe se plai-. »

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