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TRANSFORMER LES FORMES POUR TRANSFORMER LES GENS

Publié le 29/03/2015

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qui nous paraît juste, même si dans notre vie politique nous militons pour son triomphe. La vie politique nous oblige sans cesse à supposer des significations connues : significations sociales, significations historiques, signifi­cations morales. L'art est plus modeste — ou plus ambi­tieux —: pour lui, rien n'est jamais connu d'avance.

Avant l'oeuvre, il n'y a rien, pas de certitude, pas de thèse, pas de message. Croire que le romancier a "quelque chose à dire", et qu'il cherche ensuite com­ment le dire, représente le plus grave des contresens. Car c'est précisément ce "comment", cette manière de dire, qui constitue son projet d'écrivain, projet obscur entre tous, et qui sera plus tard le contenu douteux de son livre. C'est peut-être, en fin de compte, ce contenu douteux d'un obscur projet de forme qui servira le mieux la cause de la liberté. Mais à quelle échéance ? «

On ne peut comprendre la position de Robbe-Grillet sur la question de l'engagement qu'à la lumière de sa concep­tion d'ensemble du roman.

 

Pour Robbe-Grillet, le roman ne doit être le lieu d'aucune signification toute faite, d'aucun message. Il doit être l'espace d'une recherche permanente par laquelle le sens se trouve perpétuellement mis en question, suspendu. Le roman ne représente plus une réalité qui lui serait extérieure mais il se veut construction — selon des règles qu'il s'assigne à lui-même — d'un texte qui ne tire sa réalité que de la forme qu'il se donne. Pour reprendre la célèbre for­mule de Jean Ricardou, le roman cesse de se vouloir l'écri­ture d'une aventure pour devenir l'aventure d'une écriture.

« 76 /Fonctions de la littérature .

@l qui nous paraît juste, même si dans notre vie politique nous militons pour son triomphe.

La vie politique nous oblige sans cesse à supposer des significations connues : significations sociales, significations historiques, signifi­ cations morales.

L'art est plus modeste -ou plus ambi­ tieux - : pour lui, rien n'est jamais connu d'avance.

Avant l'œuvre, il n'y a rien, pas de certitude, pas de thèse, pas de message.

Croire que le romancier a "quelque chose à dire", et qu'il çherche ensuite com­ ment le dire, représente le plus grave des contresens.

Car c'est précisément ce "comment", cette manière de dire, qui constitue son projet d'écrivain, projet obscur entre tous, et qui sera plus tard le contenu douteux de son livre.

C'est peut-être, en fin de compte, ce contenu douteux d'un obscur projet de forme qui servira le mieux la cause de la liberté.

Mais à quelle échéance?» ....

On ne peut comprendre la position de Robbe-Grillet sur la question de l'engagement qu'à la lumière de sa concep­ tion d'ensemble du roman.

Pour Robbe-Grillet, le roman ne doit être le lieu d'aucune signification toute faite, d'aucun message.

Il doit être l'espace d'une recherche permanente par laquelle le sens se trouve perpétuellement mis en question, suspendu.

Le roman ne représente plus une réalité qui lui serait extérieure mais il se veut construction -selon des règles qu'il s'assigne à lui-même - d'un texte qui ne tire sa réalité que de la forme qu'il se donne.

Pour reprendre la célèbre for­ mule de Jean Ricardou, le roman cesse de se vouloir l'écri­ ture d'une aventure pour devenir l'aventure d'une écriture.

Toute possibilité d'engagement au sens traditionnel du terme, du coup, s'effondre.

Le roman engagé se définit en effet par le message politique qu'il se propose de trans­ mettre au lecteur: il est le véhicule d'un sens, d'une thèse à laquelle il se réduit et qui lui donne toute sa valeur.

Avec une signification donnée à l'avance et une littérature dont le projet se ramène à l'expression d'un sens et non à la mise en question de celui-ci, on se trouve aux antipodes du nouveau roman.. »

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