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Un critique écrit : « Ne confondons pas versification et poésie. Le versificateur n’est qu’un technicien ; la qualité d’un poète au contraire réside dans la puissance de suggestion qu’il emprunte aux sonorités, aux rythmes, aux images en accord étroit avec le sentiment. » En illustrant votre exposé d’exemples précis, vous commenterez ce jugement.

Publié le 02/11/2016

Extrait du document

INTRODUCTION

 

En tête de son Traité de versification française, Quicherat donne cette définition : « La poésie est l’art d’écrire en vers. » C’est là sans doute envisager le problème sous son aspect le plus extérieur. Le talent d’un poète ne se réduit pas à l'application stricte de certaines règles relatives à l’assemblage des syllabes et à la répartition des accents rythmiques. Mais il doit, du moins, posséder la parfaite maîtrise de cette technique et se révéler capable d’en utiliser toutes les ressources, pour exprimer dans sa plénitude le message qu’il apporte. C’est en ce sens que l’on a pu dire : « la qualité d’un poète réside dans la puissance de suggestion qu’il donne aux sonorités, aux rythmes, aux images, en accord étroit avec le sentiment».

 

I. VERSIFICATION N’EST PAS POÉSIE

 

Les platitudes Assurément il ne suffit pas de respecter les règles de la versification pour mériter le nom de poète. Le moule du vers peut, à l’occasion, se prêter à l’expression de la phrase la plus banale et la plus incolore. Ainsi en est-il, par exemple, de cet alexandrin :

 

« Nabuchodonosor était roi d’Assyrie. »

 

Les disparates Le poète Tristan Derème s’est d’ailleurs complu à en donner lui-même la plus plaisante des démonstrations : il utilise à dessein le vers majestueux de

« la tragédie classique p our nous faire l'ave u du métier tout prosaïque qu'il exerce : «De s contributions je suis le recev eur.

» La même dissonance se retrouve, mais non conce rtée cette fois, dans ces deux vers d'une tragé die éc rite par A.

Dum as «To n diadème d'or contrariait mes vœux Quand je voul ais passer ma main dans tes cheveux .

>> Leur caden ce majestueuse, associée à la recherc he de l'exp res­ sion, ne s'accorde guère, il faut l'avouer, avec la familia rité du geste évoqué.

Là encore, en dépit de la forme versifi ée, il ne sau rait être questi on de poésie .

La virtuosité gratuite Bien plus, quand la maîtrise de la technique s'é t ale dans un exercice de pure virtuosité , c'est le versificateur qui entre seul en jeu.

Le couple t de Chan tee/er, où Rostand accumule une cascade de sono rités qui sugg ère étonnamm e nt le chant du coq, s'impose com me un remarquable t our de force.

Mais il n'ajoute rien à la gloire du poéte : «Au lieu d'être coquets de vos cocoricos Vous rêvez d'ê tre , ô coqs, de drôle s de cocos ...

...

Et vous ne serez plus, vieux cocâtres qu' on casse , Que des coqs rococos pour ce coq plus cocasse.

» JI.

LA MAITRISE DE LA VERSIFICATION AU SE RVI CE DE LA PO ÉSIE Les sonorités Sans doute une technique éprouvée est-elle indi spensa ble à un poète.

Ma is dans ses réuss ites les plus parfaite s elle se fait pre squ e oublier, car sa p uiss ance de suggestion se trouve comme fondue dans la tonalité d e J'ensem ble.

C'est ain si d'abo rd que les sonorit és du vers s'harmo nisen t étroitem ent avec la qualité du senti men t ex primé.

Dans la prière doucemen t persuas ive que Ve rlaine adresse à sa femme, eUes se font lé gères, limpides et com me chuchotées à l' oreille : « Écoutez la chanson bien douce ...

Elle est discrè te, elle est légère.

Un fri sson d'eau sur de la mousse.>>. »

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