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Villonelle - Max JACOB, Le laboratoire central

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Dis-moi quelle fut la chanson Que chantaient les belles sirènes Pour faire pencher des trirèmes Les Grecs qui lâchaient l'aviron. Achille qui prit Troie, dit-on, Dans un cheval bourré de son, Achille fut grand capitaine ; Or, il fut pris par des chansons Que chantaient des vierges hellènes, Dis-moi, Vénus, je t'en supplie, Ce qu'était cette mélodie. Un prisonnier dans sa prison En fit une en Tripolitaine Et si belle que sans rançon On le rendit à sa marraine Qui pleurait contre la cloison. Nausicaa à la fontaine, Pénélope en tissant la laine, Zeuxis peignant sur les maisons Ont chanté la faridondaine !... Et les chansons des échansons ?

Echos d'échos des longues plaines Et les chansons des émigrants ! Où sont les refrains d'autres temps Que l'on a chantés tant et tant ? Où sont les filles aux belles dents Qui l'amour par les chants retiennent ? Et mes chansons ? Qu'il m'en souvienne ! Max JACOB, Le laboratoire central. SUJET Tout en vous inspirant de ce que Max Jacob a dit de lui-même : «Ne voyez en moi qu'un aède qui répète en balbutiant les mélodies dont on a bercé son enfance«, vous ferez de cette Villonelle un commentaire que vous composerez à votre gré, sans dissocier le fond de la forme.

Introduction    ■ «Un grand cœur d'enfant pur«.    ■ Surréaliste, burlesque, puis lyrique sincère.    ■ Ici poésie délicate et nostalgique.    ■ Présentation des thèmes.    Ire partie : une chanson légère, instantané du monde qui passe.    ■ Chanson...    ■ Cadence à la Villon.    ■ Mais originalité de Jacob.    ■ Se mesure-t-il avec Apollinaire, ici ?    ■ Mélancolie douce-amère pour évoquer...    ■ ... Chansons et légendes d'autrefois.   

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Spécialement formelle. Façon de lutter contre l'attendrissement. Jonglerie des refrains et rimes. Sa poésie livre avec pudeur «son secret». Dérision feinte ou protectrice. Poésie aux mille facettes. Valeur envoûtante de la chanson, forme poétique à conserver avant tout. Conclusion Charmante et mélancolique chanson... ...

Malgré des «jongleries», apparentes d'ailleurs. Influence de Max Jacob sur la poésie moderne. DEVOIR RÉDIGÉ «Un grand cœur d'enfant pur» : quel beau qualificatif, quel tendre éloge que cette parole de René-Guy Cadou surson ami Max Jacob ! (1).

Ce n'est pas le personnage de légende, clown de la pensée, acrobate du burlesque, ni lepeintre de nimbes dorées au pinceau (il vécut de sa peinture) qui apparaît en effet dans ce texte délicat etnostalgique du Laboratoire central (recueil de 1921), intitulé Villonelle.

Ce n'est pas non plus le saint, converti avecsincérité et passion au catholicisme, dès 1921 définitivement retiré à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire d'où il nesortit qu'encadré de soldats allemands pour mourir en camp de concentration en 1944.

Villonelle est une chansonlégère en apparence, mais pur éclat de lyrisme, de cette poésie qu'il prétendait être un instantané [...] de cefragment du monde qui pass[e] » (1er thème).

Mais elle est aussi complexe, confidentielle sous un certain aspectburlesque, il s'en enchante, elle le soutient contre ses obsessions et devient l'écho de ses recherches (2e thème). * * * Chanson...

Chateaubriand affirme qu'elle fut la première possibilité d'expression de l'homme surtout en une forme«triste».

Le titre déjà précise clairement que le grand modèle sera Villon, notre pur et fort lyrique du XVe siècle.

Uncertain rythme, une cadence plutôt évoque bien le maître : «Où sont les refrains... Où sont les filles...

» rappelle la Ballade des Dames du Temps Jadis.

Plus encore l'évocation régulière de diverséléments ou personnages légendaires : «belles sirènes», «vierges hellènes», «marraine» d'un «prisonnier»,«Nausicaa», «Pénélope»..., en une structure d'ensemble dont les charpentes sont similaires : «Dis-moi...» répété,soutenant l'énumération des souvenirs.

Cependant déjà la construction du poème de M.

Jacob se révèle irrégulièreavec des strophes de longueurs différentes et au nombre surtout impair de vers; là s'arrête donc rapidement leparallèle.

Face à la ballade, forme fixe et régulière, c'est une fantaisie volontaire, à demi irrespectueuse que nousoffre Jacob : la cadence prend des rythmes tantôt légers, tantôt appuyés plus proches des cadences populaires,donc des vraies chansons, rythmes soutenus de coupes ou enjambements souvent imprévus — dans la dernièrestrophe par exemple.

D'autres réminiscences apparaissent vite, cependant ; et elles ne font que confirmer cetaspect de chanson.

Dès 1903, Jacob est ami d'Apollinaire qui représentera pour lui le point culminant de la poésiefrançaise.

Les plus modernes des critiques lorsqu'ils se penchent sur l'œuvre jacobienne (notons qu'ils ne sont pasencore très nombreux, voir la Bibliographie) vont jusqu'à se demander si son admiration même ne l'a pas poussé àrechercher — surtout dans le Laboratoire central — une forme assez semblable, comme s'il voulait « se mesureravec lui sur son propre terrain» (J.-M.

Dunoyer, reprenant à ce sujet l'opinion de J.

Pérard) ; «Et mes chansons? qu'il m'en souvienne», avec les sonorités éteintes et la construction un peu archaïque de la deuxième partie du vers, chantent à l'oreillecomme Le pont Mirabeau : «Faut-il qu'il m'en souvienne ? » tandis que la question répétée de la dernière strophe deJacob, angoissée sous la poudre de passé qui la recouvre, peut rappeler celles de La colombe poignardée et le jetd'eau :. »

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