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Vous analyserez ce texte de Nathalie Sarraute extrait du « Planetarium » en montrant l'originalité de sa conception romanesque, et vous direz quelle place il convient de lui assigner au sein du Nouveau Roman.

Publié le 11/09/2014

Extrait du document

sarraute

« Mais fais voir un peu que je te regarde, que je regarde un peu la mine que tu as. Mais tu as une mine superbe, dis-moi... «.

Enfin à en juger par la façon dont elle multiplie les injonctions (« Allons, mais assieds-toi donc, mets-toi donc là «) on comprend qu'elle doit être assez tâtillonne et tyrannique dans le train quotidien de la vie.

Quant à Pierre, ses propos et son comportement révèlent seulement à quel point il est obsédé par la gêne qu'il éprouve devant l'obligation de se faire le messager d'une cause indiscrète. Lorsque sa soeur le complimente sur son air de jeunesse, il se récrie d'un ton faussement enjoué, emploie même délibérément une expression familière (« j'ai pris un bon coup de vieux «) pour 

sarraute

« XXe SIÈCLE : LE ROMAN pure, large, capable, elle, de tout oublier dans un moment de tendresse, d'abandon ...

Mais elle a tort, il n'est pas si mauvais, si stupide ...

il la voit ainsi, lui aussi, il sait comme elle peut être, comme elle est, il la connaît mieux qu'elle ne croit...

Il ne peut plus attendre, soutenir un instant de plus ce regard qu'elle tient posé sur ses yeux, il ne veut pas avec elle - qui tromperait-il d'ailleurs? -avoir recours aux petites ruses mesquines, aux petites sour- noiseries ...

« Écoute, ma petite Berthe ...

Voilà ...

Il s'éclaircit la voix ...

Voilà pourquoi je suis venu ...

ça m'embête terrible- ment de te parler de ça ...

mais j'aime mieux t'en parler tout de suite ...

Gisèle est venue me demander.

Les enfants disent...» Mais c'est de sa faute à elle, après tout, pourquoi tant s'attendrir, c'est elle, après tout, elle, de ses propres mains qui a préparé tout cela, c'est par sa faute à elle, qu'il a été acculé à faire ce qu'il fait en ce moment...

tant pis pour elle, comme on fait son lit on se couche, qu'elle se débrouille avec eux maintenant ...

« Il paraît que tu leur as proposé de leur céder ton appartement ».

INTRODUCTION L'originalité de Nathalie Sarraute s'affirme avec netteté et vigueur dans ce texte.

Du genre romanesque traditionnel elle n'a conservé que les apparences : on entrevoit bien ici des per­ sonnages qui s'agitent et bavardent et le débat qui s'engage constitue bien en un sens une action.

Mais ce n'est là, en réalité, qu'une façade : les personnages sont sans consistance comme est curieusement mesquin le problème qui les divise.

Aussi faut-il chercher ailleurs l'intérêt du texte et sa richesse.

L'écrivain s'attache à évoquer non les propos des acteurs, mais la qualité expressive de leur silence, non ce qu'ils pensent, mais ce qui se profile d'une manière fugitive et peu cohérente dans les limbes de leur conscience.

Et son talent réussit à cerner toutes ces nuances presque impalpables, à suivre leur cheminement capricieux, en se gardant de jeter sur elles une lumière trop crue.

Ainsi !'écri­ vain atteint aux confins de l'inexprimable.

1.

LES ÉLÉMENTS TRADITIONNELS DU ROMAN Les éléments traditionnels du roman n'existent ici qu'en sur­ face.

Cet homme et cette femme qui se rencontrent et s'affrontent, nous ne les voyons guère.

De l'aspect physique de l'homme ne nous est révélé que cet air de prospérité qu'à entendre sa sœur, il porte sur son visage.

De la femme nous apercevons furtivement. »

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