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William GROSSIN, « Quand la jeunesse ignore les frontières »

Publié le 19/02/2011

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Bien des études s'efforcent d'analyser les raisons des attitudes nouvelles de la jeunesse. C'est trop peu dire qu'elles résultent des changements techniques ou de ce qu'on appelle parfois la société de consommation. La coupure entre la société des adultes et celle des jeunes s'observe dans des pays très différents, tant du point de vue de leur niveau de vie que de celui des conditions économiques, sociales et politiques de leurs pays respectifs. Il n'est pas dans notre intention d'analyser ici les causes de ce phénomènes social. Nous avouons volontiers en être incapables. Signalons toutefois la sensibilité toute particulière des jeunes aux pratiques qui engagent l'avenir dans des impasses, non seulement la production des armements de plus en plus meurtriers en quantités énormes, mais aussi l'inégalité de développement entre nations riches et nations pauvres, l'accroissement démographique, la pollution et la destruction des mécanismes régulateurs de l'environnement, la pénurie de matières premières et alimentaires, la consommation croissante de l'énergie, etc. Le rapport du Massachussets lnstitute of Sociology et des commentaires du même ordre trouvent un grand écho chez les jeunes. Mais plus encore que les considérations démographiques, économiques ou techniques, c'est l'actualité de la société bureaucratique et structurée qui révolte les jeunes. Toutes leurs manifestations témoignent d'une très vive et constante aspiration à la liberté. Ils prennent quand ils le peuvent des revanches contre les contraintes sociales ou repoussent les modes de vie qui leur sont préparés. Ils tournent en dérision la passivité quotidienne des adultes, victimes des systèmes qu'ils s'inventent, et s'interdisent de suivre leur exemple. Combien de parents se sentent ainsi condamnés. La solution ne se trouve ni dans une hyperadaptation sociale dont finalement quelque jeunes s'accommodent, ni dans le retranchement de quelques autres dans des communauté en marge de la société globale, éphémères et utopiques, mais dans une transformation profonde de l'éthique sociale. Bien qu'imparfaitement définie — ou à cause de cette imparfaite définition — c'est sur cette éthique pourtant que les jeunes de tous les pays s'accordent. Elle fournit la base d'une fraternité qui se déploie et s'approfondit. Elle est cette fraternité, ce sentiment solidaire, ce désir d'unité des jeunes qui mettent à profit toutes les occasions de contacts et d'échanges internationaux. Les jeunes aspirent à se connaître et à se rencontrer d'un pays à l'autre, plus que jamais auparavant. Le courant de sympathie qui s'établit immédiatement entre eux fait table rase des obstacles, parfois même des difficultés de communiquer. Les caractéristiques nationales ne servent plus à construire des stéréotypes. Les dissensions du passé, ou les guerres qui opposèrent ou réunirent les parents-soldats ne sont pas invoquées : c'est une vieille histoire. Tout cela ne peut plus se reproduire. Les jeunes sont partout assurés de la compréhension, de la camaraderie et de l'entraide des autres jeunes qu'ils rencontrent, qu'ils aient ou non la même nationalité. Faire confiance à la jeunesse constitue à l'heure actuelle une des meilleures chances de la paix.

William GROSSIN, « Quand la jeunesse ignore les frontières «, L' Éducation n° 223 — 31 octobre 1974.

Vous ferez d'abord, suivant votre préférence, soit un résumé soit une analyse de ce passage. Puis vous choisirez dans ce texte une question à laquelle vous attachez un intérêt particulier, vous en préciserez les données et vous exposerez vos propres vues sur le problème que vous avez retenu.

« a) Le « fossé des générations » est-il un phénomène nouveau? Les candidats ont tous entendu parler de la «bataille d'Hernani».Si l'on considère, comme certains journalistes, que la « lutte des classes d'âge » remplace en Occident la lutte desclasses (et les conflits de nations), il faut aller plus loin que M.

Grossin et chercher l'explication de ce phénomène.Il ne faut pas perdre de vue que la jeunesse constitue, à la fois pour les démagogues et pour les marchands denouveautés, un immense marché.

C'est en partie la publicité (mode jeune, prix jeunes) qui a diffusé et accrédité lemythe de la jeunesse. b) Les bêtes noires de la jeunesse :Les candidats pouvaient être tentés de resservir un certain nombre de lieux communs sur la faim dans le monde etla bombe H, le Larzac et les centrales nucléaires.

C'est le danger de ces sujets d'actualité : on ne peut que répéterce qui se trouve dans les journaux ou ce que l'on entend aux « tables rondes » de la télévision. c) L'esprit libertaire de la jeunesse :Vous pouviez vous demander si le refus des contraintes traduit une philosophie saine et généreuse, comme lesuggère M.

Grossin, ou une attitude infantile. d) Révolte contre la société bureaucratique :Vous pouviez vous souvenir du Procès de Kafka.Sans doute avez-vous ressenti l'impatience, la révolte des autres jeunes devant les contraintes administratives etles multiples servitudes du « système ».

Il était facile d'en faire la critique.Mais il était plus intéressant de se demander si cette aspiration un peu anarchique à une vie sans contraintes étaitvraiment une « aspiration à la liberté ». e) Fraternité et pacifisme de la jeunesse :— Il n'est pas douteux que les jeunes n'ont plus envie d'entrer en guerre pour les mêmes raisons que leurs parentsou leurs grands parents (1870-1914-1939...).— La compréhension des jeunes entre eux crée une sorte d'internationale pacifique. Cependant, en 1914, on avait affirmé que jamais ouvriers allemands et français ne tireraient les uns sur les autres.— On constate une agressivité et une combativité inquiétantes dans les manifestations de la jeunesse — même sielles ne sont que musicales.— Peut-être trouverez-vous optimistes les conclusions de M.

Grossin.. »

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