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Jean Anouilh, dans sa préface à Œdipe ou le roi boiteux (1978) écrit : «â€¯Et je me suis glissé dans la tragédie de Sophocle comme un voleur – mais un voleur amoureux de son butin.

Publié le 09/10/2021

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Jean Anouilh, dans sa préface à Œdipe ou le roi boiteux (1978) écrit : «â€¯Et je me suis glissé dans la tragédie de Sophocle comme un voleur – mais un voleur amoureux de son butin. » Il exprime par là son attirance pour la réécriture des mythes anciens, tant de fois exploités dans toutes les formes artistiques. [Problématique] Comment expliquer qu’Antigone ait pris de mulitples visages ? que Voltaire ait mis en scène Œdipe, et après lui Gide, Robbe-Grillet ou le cinéaste Pasolini ? Qu’est-ce qui assure la pérennité de ces mythes anciens ? [Annonce des axes] C’est sans doute que le lecteur (ou le spectateur) [I] aussi bien que le créateur [II] trouvent dans ces mythes à la fois plaisir et utilité. Cela tient aussi à la nature même du mythe antique, forme plastique qui se prête aux métamorphoses [III].     I. Du côté du lecteur : intérêt et plaisir Les réécritures de mythe produisent sur le lecteur le même effet qu’à l’origine, mais elles présentent aussi des intérêts et des plaisirs supplémentaires. 1. Des «â€¯histoires » et des héros fascinants D’un point de vue narratif, ces mythes mettent en scène de fascinants destins hors du commun : crimes extraordinaires (ex : luttes entre les Atrides), résurrections (ex : Orphée et Eurydice), métamorphoses (ex : Narcisse)… D’un point de vue psychologique et moral, les héros mythiques vivent des émotions extrêmes et des passions qui font vibrer les lecteurs (amour-passion, haine, folie…), ils obéissent à des mobiles qui sortent largement du cadre du vraisemblable ou du raisonnable. Ils nourrissent l’imagination [exemples]. 2. La traduction de grandes questions humaines Les mythes antiques sont aussi la traduction et en partie l’explication des grandes préoccupations humaines, auxquelles ils tentent de répondre. Des questions fondamentales qui n’ont pas d’âge (la vie, la mort, le mal, le bonheur…) préoccupent les êtres humains : les mythes les abordent depuis l’Antiquité, et les artistes ne cessent de revenir vers cette source qui détient un...
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« passions qui font vibrer les lecteurs (amour-passion, haine, folie…), ils obéissent à des mobiles qui sortent largement du cadre du vraisemblable ou du raisonnable.

Ils nourrissent l'imagination [exemples]. 2.

La traduction de grandes questions humaines Les mythes antiques sont aussi la traduction et en partie l'explication des grandes préoccupations humaines, auxquelles ils tentent de répondre. Des questions fondamentales qui n'ont pas d'âge (la vie, la mort, le mal, le bonheur…) préoccupent les êtres humains : les mythes les abordent depuis l'Antiquité, et les artistes ne cessent de revenir vers cette source qui détient un pouvoir de questionnement inégalable.

Ainsi des écrivains du xxe siècle réécrivent les mythes antiques : Giraudoux donne la 38e version d'Amphitryon ; Gide fait revivre Thésée, Prométhée, les personnages de Virgile dans Paludes ou dans Les Nourritures terrestres ; Sartre reprend dans Les Mouches la tragédie d'Oreste, Camus le mythe de Sisyphe… Le mythe rend compte de ce qui n'est pas logique, explicable.

Or, même si l'inexplicable recule au fil du temps, il reste toujours une part d'inconnu malgré tous les progrès, notamment scientifiques qui « expliquent » le monde.

Nous n'avons plus besoin d'OEdipe pour justifier l'interdit de l'inceste et du meurtre (les données de la science ont montré, par exemple, les conséquences désastreuses du premier interdit : risques de malformations congénitales).

Mais l'énigme du destin d'OEdipe laisse en suspens, irrésolues à jamais, la question des instincts furieux qui poussent au meurtre, celle de la conscience après la faute et de la responsabilité, la quête de son identité, la question de la fatalité et du libre arbitre. 3.

Une dimension sacrée. »

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