L'indifférence est-elle immorale ?
Publié le 10/01/2004
                            
                        
Extrait du document
Quelle est la nature morale de l’indifférence ? L’indifférence, en tant qu’on la définit en un sens générique comme absence d’affection, est-elle systématiquement immorale, c’est-à-dire à la fois dépourvue de toute moralité, mais encore contraire à la morale ? Est-il légitime de situer l’indifférence dans un discours moral, ou, à l’inverse, ne relève-t-elle pas d’un « au-delà « de la moralité qui fait que tout jugement de valeur moral sur l’indifférence ne serait pas fonder en droit ? C’est donc bien la nature même de l’indifférence qui est ici mise à la question, mais aussi la portée d’un discours moral et son champ d’extension légitime.
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                                                                                                                            ·         	Ne rien ressentir devant la misère d'autrui, misère que j'ai pourtant devant les yeux	correspond, de fait, à un sentiment tout à fait immoral, et ce à travers deux dimensions :déjà parce que je nie, en ne la reconnaissant pas comme telle, la souffrance éprouvée parautrui, mais aussi parce que je suis moi-même aliéné puisque aucun sentiment ne m'anime.	·         	En effet, on pourrait dans cette perspective l'analyse que fait 	Rousseau	 à propre de la	pitié : « Je ne crois pas avoir aucune contradiction àcraindre, en accordant  à l'homme  la seule  vertunaturelle,  qu'ait été forcé  de reconnaître  leDétracteur le plus  outré  des vertus  humaines.
                                                            
                                                                                
                                                                     Jeparle de la pitié, disposition convenable à des êtresaussi faibles, et sujets à autant de maux que nous lesommes; vertu d'autant plus universelle et d'autantplus utile à l'homme qu'elle précède en lui l'usage detoute réflexion[...]  Il est  donc  bien certain  que lapitié  est un sentiment  naturel qui, modérant  danschaque individu  l'activité  de l'amour  de soi-même,concourt  à la  conservation  de toute  l'espèce.
                                                            
                                                                                
                                                                     »(Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalitéparmi les hommes).
                                                            
                                                                                
                                                                    Si la pitié est une vertu naturellede l'homme, alors ce qui ne ressent rien, c'est-à-direcelui qui se trouve  dans l'état d'indifférence la plustotale, est un être aliéné quant à sa propre nature.	·         	En réalité, l'indifférence est, dans une seconde	perspective (à savoir non plus seulement envers soi-même mais dans la relation à autrui), immorale voiredangereuse, puisqu'elle peut tout à fait s'incarner àtravers des actes de barbaries intolérables : prenons	ainsi l'exemple de la torture, le bourreau (s'il  veut tenir) doit bien  rester indifférent à lasouffrance qu'il inflige  ainsi à celui  qu'il torture.
                                                            
                                                                        
                                                                     L'indifférence  est immorale  précisémentparce qu'elle a pour conséquence des pratiques tout à fait immorales qui consiste à refuserde votre en l'autre un être humain digne de pitié.	·         	Mais niant ainsi l'autre, le bourreau se nie lui-même dans sa qualité d'homme : c'est en	ce double sens qu'il faut comprendre que l'indifférence est immorale.	 	 	II-          	L'indifférence ou l'amoralité	 	·         	Pourtant, d'un point de vue purement objectif, ce n'est pas tant l'indifférence en elle-	même qui est immorale que les conséquences qu'elle peut engendrer.	·         	En effet, on peut être tout à fait indifférent à la souffrance d'un homme et pour autant	lui apporter  la charité.
                                                            
                                                                                
                                                                     En ce sens,  l'indifférence  est par nature non pas immorale maisamorale, c'est-à-dire qu'elle n'a pas de rapport direct au discours sur la morale.	·         	Ainsi, Kant appelle les impératifs non moraux, des impératifs conditionnels.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ces derniers	stipulent : « si tu veux… alors tu dois… ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Ce sont encore des impératifs de l'habileté.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ilsdisent comment atteindre telle fin.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ils ne s'occupent que des moyens, pas des fins.
                                                            
                                                                                
                                                                    Cesimpératifs sont non moraux au sens où ils n'appartiennent pas au domaine de la morale (onemploie alors le terme d' « amoral »), mais non pas au sens où ils seraient contraires à lamorale (on emploie alors le terme d' « immoral »).
                                                            
                                                                                
                                                                    Toutefois, ils peuvent très bien glisser del'amoralité vers l'immoralité, et c'est pour cela qu'ils sont disqualifiés par Kant..
                                                                                                                    »
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