Le nouveau souffle du cinéma nordique

PRODUIRE DANS LE NORD DE L EUROPE

En Finlande, l’industrie cinématographique ne survit qu’avec l’aide de l’État. Dans ce contexte, les frères Kaurismaki sont presque les seuls à préserver leur liberté d’inspiration et leur indépendance économique : ils ont en effet créé leur propre société (Viellalfa Productions), et animent un cinéma d art et d’essai à Helsinki. Et ils s’efforcent déjà de faire fructifier leur succès en finançant quelques-uns de leurs cadets... C’est à une même stratégie que Lars von Trier vient de se rallier, en rassemblant autour de son nom plusieurs débutants, dans un collectif fièrement baptisé « Dogme 95 ». Le cinéaste définit lui-même cette entreprise comme un « couvent », où chacun participerait au travail des autres, avec le projet de dégager des règles communes. Bel exemple d’un regain d’esprit militant qui pourrait bien donner naissance à une Nouvelle Vague venue du Nord...

Au cours de ces dernières années, la plupart des cinéastes nordiques n 'ont pu s'imposer dans un système de production invertébré ; cependant, les Finlandais Kaurismaki et le Danois Lars von Trier offrent aujourd'hui un double modèle : celui d'un imaginaire résolument personnel, et d'un renouveau - à la fois technique et économique - des conditions de travail. Avec leurs films respectifs, Au loin s’en vont les nuages et Breaking the Waves, tous deux présentés au Festival de Cannes en 1996, la reconnaissance internationale de la cinématographie nordique apparaît, plus que jamais, comme une affaire de tempéraments singuliers.