Peut-on concilier avec le devoir de tolérance les exigences d'une conviction sincère ?
Publié le 14/03/2004
Extrait du document
Ils
ne sont au fond que trois sceptiques qui s'accordent sur le scepticisme.
Dans le même esprit Voltaire écrivait : « Nous devons nous tolérer
mutuellement parce que nous sommes faibles, inconséquents, sujets à
l'erreur. Un roseau couché par le vent dans la fange dira-t-il au roseau
voisin couché dans le sens contraire : rampe à ma façon misérable ou je
présenterai requête pour qu'on t'arrache et te brûle ? » En définitive,
si toutes les opinions sont permises, c'est que toutes les opinions se
valent et si toutes les opinions se valent c'est parce que toutes valent
aussi peu. N'est-il pas paradoxal de fonder sur l'infirmité de la pensée
les droits souverains qu'on lui reconnaît ? Les progrès de la tolérance
accompagneraient-ils seulement l'affaiblissement des convictions ?Proches des sceptiques sont les pragmatiques qui justifient la tolérance
parce qu'ils croient à la multiplicité des vérités, ce qui estencore une façon de ne pas croire à LA vérité ; toutes les philosophies,
toutes les religions ont droit à l'existence selon Goethe, car le vrai
c'est ce qui est utile et les croyances diverses sont comme des baumes
différents que chacun applique sur ses plaies. Goethe écrit à Lavater le
4 octobre 1782 : « Mon emplâtre ne réussit pas sur toi ni le tien sur
moi. Dans l'officine du Père il y a beaucoup de formules. » La liberté,
ici encore, ne paraît fondée que sur une exténuation de la notion de
vérité.
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