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Aristote: Tous les hommes desirent naturellement savoir

Publié le 19/10/2009

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Tous les hommes désirent naturellement savoir ; ce qui le montre, c'est le plaisir causé par les sensations, car, en dehors même de leur utilité, elles nous plaisent par elles-mêmes, et, plus que toutes les autres, les sensations visuelles. En effet, non seulement pour agir, mais même lorsque nous ne nous proposons aucune action, nous préférons, pour ainsi dire, la vue à tout le reste. La cause en est que la vue est, de tous nos sens, celui qui nous fait acquérir le plus de connaissances et nous découvre une foule de différences. Par nature, les animaux sont doués de sensation, mais chez les uns, la sensation n'engendre pas la mémoire, tandis qu'elle l'engendre chez les autres. Et c'est pourquoi ces derniers sont à la fois plus intelligents et plus aptes à apprendre que ceux qui sont incapables de se souvenir ; sont seulement intelligents, sans posséder la faculté d'apprendre, les êtres incapables d'entendre les sons, tels que l'abeille et tout autre genre d'animaux pouvant se trouver dans le même cas ; au contraire, la faculté d'apprendre appartient à l'être qui, en plus de la mémoire, est pourvu du sens de l'ouïe. Quoi qu'il en soit, les animaux autres que l'homme vivent réduits aux images et aux souvenirs ; ils ne participent que faiblement à la connaissance empirique, tandis que le genre humain s'élève jusqu'à l'art et aux raisonnements. C'est de la mémoire que provient l'expérience pour les hommes : en effet, une multiplicité de souvenirs de la même chose arrive à constituer finalement une seule expérience ; et l'expérience paraît bien être à peu près de même nature que la science et l'art, avec cette différence toutefois que la science et l'art adviennent aux hommes par l'intermédiaire de l'expérience, car l'expérience a créé l'art, comme le dit Polos avec raison, et le manque d'expérience, la chance. L'art naît lorsque d'une multitude de notions expérimentales se dégage un seul jugement universel, applicable à tous les cas semblables. En effet, former le jugement que tel remède a soulagé Callias, atteint de telle maladie, puis Socrate, puis plusieurs autres pris individuellement, c'est le fait de l'expérience ; mais juger que tel remède a soulagé tous les individus de telle constitution, rentrant dans les limites d'une classe déterminée, [...] cela relève de l'art. Aristote

Ce texte inaugural de la Métaphysique est l’un des plus connus et des plus difficile du corpus aristotélicien. Au cours de ce texte, Aristote nous propose en quelque sorte de définir les prémisses de son épistémologie ou plus exactement, nous rappelle les points importants qu’il a déjà développé dans la Physique ainsi que dans les Seconds analytiques. Ainsi, l’épistémologie du Stagirite se confond sur la fécondité cognitive et gnoséologique de la sensation ce qui marque une rupture radicale avec Platon (1ère partie : du début du texte à « La cause en est que la vue est, de tous nos sens, celui qui nous fait acquérir le plus de connaissances et nous découvre une foule de différences «). Puisque la sensation est commune aux hommes et aux autres animaux il convient alors de comprendre pourquoi les animaux ne possèdent autant de connaissances que l’homme ce qui permettra à Aristote de mettre en exergue la spécificité de la condition humaine et la valeur primordiale de la mémoire (2nd partie : de «Par nature, les animaux sont doués de sensation « à « tandis que le genre humain s'élève jusqu'à l'art et aux raisonnements «), définissant ainsi l’art à l’aune de cette notion d’expérience ; l’art au sens de technè (technique) (3ème partie : de «C'est de la mémoire que provient l'expérience pour les hommes « à la fin ) produisant une véritable théorie de la connaissance reposant sur le fait qu’il y a de science que du général et non du particulier. C’est suivant ces trois moments logiques que nous entendons rendre compte du texte.

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« a) La première phrase de ce texte bien qu'elle puisse paraître anodine est déjà d'une très grande technicité en tantqu'elle fait référence à un enthymème : « Tous les hommes désirent naturellement savoir ».

Bien loin d'être un simplepostulat de départ, il faut bien voir que Aristote la pose en tant que le savoir est la meilleure des choses et donc la plus désirable comme il le dit dans l'Ethique à Nicomaque .

Ainsi, tous les hommes désirent savoir parce que cette activité est la meilleure et qu'elle constitue la source la plus sûre de bonheur.

On l'aura compris, l'enthymème estalors un syllogisme dont il manque la mineure.

Seule reste la majeur et sa conclusion.

Dès lors, l'objet que vaaborder Aristote au cours de ce texte sera sans conteste la question de la connaissance.

L'homme désirenaturellement savoir à cause du plaisir qu'il en retire, c'est bien là que doit être recherché la complétude duraisonnement.

Le savoir est un plaisir, le plus élevé de tous, or les hommes aiment avoir du plaisir, donc il désirentsavoir.

Ainsi le syllogisme est complet.

Pour Aristote, la question de la connaissance ne s'entend pas alorsnécessairement en terme d'utilité.

Ce n'est pas parce qu'une connaissance à un but pratique qu'elle doit êtrerecherchée.

Cette remarque est fondamentale car si seule l'utilité avait un sens alors seules les connaissancespratiques auraient une valeur et non les connaissances théorétiques.

Ce plaisir est intrinsèque : il vaut simplementpar lui-même.

Mais un point important est de considérer ce désir comme nature.

Ainsi cela fait partie de la naturehumaine et tout homme est conduit à apprendre et à s'éduquer.

Ce désir de savoir fait partie de notre essence etpeut nous définir en partie. b) Mais la rupture majeure que fait Aristote , le geste extraordinaire qu'il produit après Platon , c'est de revendiquer la valeur gnoséologique de la sensation et plus exactement ici de la perception donc de la vue.

L'épistémologiearistotélicienne se fonde sur les sens alors que Platon , notamment dans la République a vivement critiqué (tout comme dans le Théétète – surtout) la valeur de la sensation montrant qu'elle n'est que source d'erreurs, d'illusions et de fantasmes, la comparant à la peinture qui ne peut pas avoir une assise ontologique valable ainsi qu'unefécondité cognitive et gnoséologique.

On peut dire que Aristote commet le parricide de Platon dès l'introduction de sa Métaphysique .

La vue sera alors l'organe de la connaissance par excellence.

Il est remarquable que pour évoquer la connaissance Aristote ne fasse référence qu'à la vue et non à la raison. c) Cela s'explique dans la mesure où la source de la connaissance se trouve dans la sensation et non directementdans l'intellect.

C'est bien ce que l'on peut voir dans les Second Analytiques qui expliquent bien ce phénomène en II, 19.

A force de sensations, une image général a tendance à se former.

Ainsi, l'ensemble des perceptions que nousavons d'un même objet forme en nous une image générale qui développe alors une notion général afin de saisirl'universel.

Aristote utilise la métaphore de l'armée des images en désordre s'arrêtant d'un coup et formant l'arméeen ordre de bataille pour nous faire comprendre le truchement du particulier au général.

Il est donc clair que nous nepouvons pas posséder une connaissance innée des principes, et que les principes ne peuvent non plus se former ennous alors que nous n'en avons aucune connaissance, ni aucun habitus.

C'est pourquoi nous devons nécessairementposséder quelque puissance de les acquérir, sans pourtant que cette puissance soit supérieure en exactitude à laconnaissance même des principes.

Ainsi les animaux chez qui cette persistance n'a pas lieu, ou bien n'ontabsolument aucune connaissance au-delà de l'acte même de percevoir, ou bien ne connaissent que par le sens lesobjets dont l'impression ne dure pas ; au contraire, les animaux chez qui se produit cette persistance retiennentencore, après la sensation, l'impression sensible dans l'âme.

Et quand une telle persistance s'est répétée un grandnombre de fois, une autre distinction dès lors se présente entre ceux chez qui, à partir de la persistance de tellesimpressions, se forme une notion, et ceux chez qui la notion ne se forme pas.

C'est ainsi que de la sensation vientce que nous appelons le souvenir, et du souvenir plusieurs fois répété d'une même chose vient l'expérience, car unemultiplicité numérique de souvenirs constitue une seule expérience.

Et c'est de l'expérience à son tour (c'est-à-direde l'universel en repos tout entier dans l'âme comme une unité en dehors de la multiplicité et qui réside une etidentique dans tous les sujets particuliers) que vient le principe de l'art et de la science, de l'art en ce qui regarde ledevenir, et de la science en ce qui regarde l'être. Transition : Ainsi l'homme est bien un être désireux de connaître car elle lui provoque un plaisir par elle-même qui n'a rien à voirnécessairement avec son utilité.

L'épistémologie se fondera donc sur la vue.

Mais alors pour seul l'homme possède laconnaissance et non les animaux puisque ces derniers voient aussi ? II – L'homme et l'animal : le rôle de la mémoire a) Pour bien saisir la distinction qu'il y a entre l'homme est l'animal, il faut tout d'abord rappeler que l'homme lui-même est du genre animal.

C'est pourquoi Aristote produit suivant la méthode dichotomique une distinction entre les animaux doués de la mémoire et les autres.

On comprend alors que la connaissance dépend étroitement de lamémoire comme faculté d'enregistrement.

Sans mémoire il est en effet impossible de se souvenir d'un geste ou decréer une habitude qui pourra alors se transformer en art avec l'appel de la raison et l'acquisition de son principe.L'expérience sans mémoire n'est pas féconde.

On peut dire alors que les manifestations de l'intelligence sontdirectement proportionnelles à la présence ou non de la mémoire.

Cela ne signifie aucunement que les autresanimaux, sans mémoire, ne soient pas intelligents, mais ils ne peuvent pas apprendre parce que sans mémoire ilspeuvent pas produire la connaissance de leurs principes, donc former un art.

Et en effet, l'instinct pourra palliercette absence de mémoire. b) Outre la mémoire, il faut nécessairement posséder le sens de l'ouïe car elle permet la transmission de laconnaissance.

L'échange est donc possible.

Tout n'est donc pas refaire.

Si je sais allumer le feu je peux fairepartager ma technique et l'enseigner aux autres ce qui forment une source incommensurable de progrès.

Ainsi la. »

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