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Un art est-il une technique inutile ?

Publié le 12/03/2004

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technique

ART: 1) Au sens ancien, tout savoir-faire humain, toute pratique produisant un résultat non naturel (artificiel). 2) Au sens esthétique moderne, production ou création d'oeuvres destinées à plaire (beaux-arts), c'est-à-dire à susciter par leur aspect, une appréciation esthétique positive.Oeuvre d'art : ensemble organisé de signes et de matériaux manifestant un idéal de beauté. TECHNIQUE Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile. La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à produire ce qu'on souhaite qui soit - qui n'est pas. La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir.Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis, et non des dons ou capacités innées. Notre rapport aux oeuvres d'art est complexe nous prenons en compte l'appartenance des oeuvres à des formes d'art particulières, chacune avec ses codes et son histoire, nous tenons à y trouver une expression, une émotion, un message. Mais d'autre part, nous n'aimons pas que cela soit trop «facile à faire« : n'y a-t-il pas là un jugement d'ordre technique, plutôt qu'artistique, qui nous rappelle que les deux termes «art« et «technique« sont à l'origine synonymes? Mais si l'art n'est pas la technique, cet aspect ne devrait-il pas passer au second plan?

L'art apparaît être le champ et le domaine de l'esthétique. Or l'esthétique n'a justement pas pour but d?être utile, elle manifeste le beau. Mais quel lien avec la technique ? La technique est la connaissance et la pratique d'une aptitude, or l'art est étymologiquement une technique. C'est pourquoi le grec (technai) ne distingue pas entre l'artiste et l'artisan.  En ce sens, si l'artisan use d'une technique en vue de produire un objet comme une chaussure pour le cordonnier, c'est-à-dire un bien utile à la consommation, l'artiste lui semble produire un objet qui n'a aucune utilité en dehors de sa simple contemplation esthétique. Pourtant, n'est-ce pas réduire la portée de l'art ? L'art ne manifeste-t-il pas l'esprit d'une culture ? N'est-il pas la prise de conscience de l'esprit par lui-même en tant qu'il se manifeste dans l'effectivité du réel, c'est-à-dire dans l'extériorité ? Dès lors l'art ne serait justement pas une technique inutile mais nécessaire et vitale. Bien plus, si l'art est production d'illusion est-il une technique très utile afin de pallier la déception du réel ? En ce sens, si l'art est bien inutile en vue de la consommation, il est peut-être une technique utile bien qu'improductif ?

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« UNE ANECDOTE (Art & Utilité): Platon raconte que Socrate, avant son exécution jouait de la flûte.

Un disciple étonné lui demande:"Socrate, pourquoi, joues-tu de la flûte avant de mourir ?" A cela, le condamné à mort lui répondit: "Jejoue de la flûte avant de mourir pour jouer de la flûte avant de mourir." 111.

L'utile et l'inutile • Marcel Duchamp, auteur des « Ready-Made », ou objets tout-faits, prend des objets de consommation couranteet les extrait de leur contexte habituel dans lequel ils sont utiles : un urinoir est ainsi exposé, une roue de bicyclettefixée sur un socle - autant d'objets devenus inutilisables, pièces de musée uniquement destinées à être exposées,comme s'il s'agissait de retenir ici une sorte de définition minimale de ce qu'est une oeuvre d'art : ce qui ne peutservir à rien.

Déjà Kant disait que « Est beau l'objet d'une satisfaction désintéressée ». La satisfaction est désintéressée, ce qui signifie que nous ne pouvons l'éprouver que si nous sommes dans uncertain état d'esprit par rapport à l'objet.

Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, que noussommes indifférents mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n'avons pas le souci de l'utilité (celui qui va enmer dans le seul but de pêcher, qui porte sur elle un regard de technicien, n'éprouvera pas de plaisir esthétique), del'agréable ( celui qui porte un regard lubrique sur un Nu, éprouve une satisfaction charnelle qui est d'un autre ordreque la satisfaction esthétique), du bien ( celui qui apprécie une oeuvre engagée en raison de son caractère moral,éprouve une satisfaction morale qui n'est pas esthétique).

Le beau n'est ni l'agréable ni le Bien.

Certes unesatisfaction peut être morale et esthétique, les deux ne s'excluent pas mais en tant qu'esthétique, elle n'est pasmorale.

A l'encontre de Platon, Boileau, Hegel, Kant affirme que le beau n'est pas le vrai.

Mais il n'est pas non plus lepur sensible puisque le beau ne se réduit pas à l'agréable bien que satisfaction esthétique et sensuelle ne s'excluentpas.

Et de cela Hume ne peut rendre compte.

De même qu'une oeuvre d'art immorale peut être belle, de même, peutl'être une oeuvre désagréable, qui nous déchire et bouleverse.

Et inversement, une musique agréable (par lessonorités, le passé qu'elle évoque) n'est pas belle pour autant bien que nous ayons tendance à confondre beauté etagrément.

Par conséquent, le plaisir esthétique est le seul plaisir libre.

Il n'est pas l'effet de la satisfaction dequelque chose, du besoin du corps ou d'une impératif de la raison.

Libre parce que désintéressé. L'artiste Jean Tinguely, fabricant de machines inutiles, illustrerait bien l'opposition de l'art, destiné à nous procurer ànouveau un étonnement devant l'étrangeté des choses, et de la technique, destinée à nous approprier la nature etla rendre moins étrangère à nos fins. • Disons que la seule fin de l'art est l'existence de l'oeuvre - une existence qui s'impose comme un monde qu'on nepeut ignorer - et non l'adaptation de l'oeuvre à telle ou telle fin extérieure, qu'elle soit économique, politique,religieuse.

La nécessité interne à l'oeuvre prime sur la nécessité externe.

Si le projet initial de l'art résidait dansl'accomplissement des plus hautes fins de l'homme, dans l'accession à un idéal désintéressé-en l'absence d'unconsensus sur cet idéal -, l'art d'aujourd'hui ne se limite-t-il pas dès lors à la remise en question de tout rapportutilitaire avec le monde?. »

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