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Le caractère temporel de l'existence humaine lui ôte-t-il sa valeur ?

Publié le 20/01/2004

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Le temps caractérise essentiellement l'existence humaine, c'est-à-dire que l'existence humaine ne serait pas ce qu'elle est sans le temps. Or c'est par son caractère temporel, que notre existence est limitée dans le temps au lieu d‘être éternelle selon notre désir. En effet il n'y a pas d'existence temporelle qui n'ait  un commencement et une fin. La brièveté de l'interstice entre notre naissance et notre mort semble alors coïncider avec sa vanité, c'est-à-dire son absence de valeur. Quelle valeur pourrait en effet avoir une existence qui surgie du néant est appelée à retourner au néant au bout d'un certain laps de temps ? Par conséquent nous pourrions affirmer que le caractère temporel de l'existence humaine réduit toute sa valeur à une illusion. Cependant on ne voit pas pourquoi la valeur serait conditionnée par la possibilité de durer éternellement. La valeur de la vie ne dépend pas en effet du temps de la vie, mais de ce que l'on en fait, de son usage;. C'est la raison pour laquelle la courte existence du héros Achille dans l'Iliade semble avoir plus de valeur par ses hauts faits que bien d'autres , beaucoup plus longues, mais ennuyeuses et dénuées de gloire. Il faudrait donc, loin de réduire son caractère temporel à une dévaluation, penser le temps comme une positivité. Le temps n'est-il pas en effet  la patrie originaire de l'homme ? Nous sommes alors confrontés à ce problème : le temps est-il ce qui enlève sa valeur à l'existence ou bien au contraire ce par quoi la valeur advient dans l'existence humaine ?

« serait conditionnée par la possibilité de durer éternellement.

La valeur de la vie ne dépend pas en effet du temps dela vie, mais de ce que l'on en fait, de son usage;.

C'est la raison pour laquelle la courte existence du héros Achilledans l'Iliade semble avoir plus de valeur par ses hauts faits que bien d'autres , beaucoup plus longues, mais ennuyeuses et dénuées de gloire.

Il faudrait donc, loin de réduire son caractère temporel à une dévaluation, penserle temps comme une positivité.

Le temps n'est-il pas en effet la patrie originaire de l'homme ? Nous sommes alorsconfrontés à ce problème : le temps est-il ce qui enlève sa valeur à l'existence ou bien au contraire ce par quoi la valeur advient dans l'existence humaine ? I Le temps ôte toute valeur à l'existence humaine _ Nous ne sommes heureux que lorsque nous nous croyons hors du temps.

En effet notre bonheur se fonde sur lesentiment que nous avons de la valeur de notre vie.

La valeur constitue le prix plus ou moins élevée que l'onattribue à une chose.

Or si les évènements de notre vie peuvent être comparés et évalués les unes par rapport auxautres, c'est que ces évènements sont multiples; par opposition chaque homme n'a pour lui-même qu'une seuleexistence.

Aussi comme l'existence ne peut être évaluée par autre chose qu'elle-même, elle est la condition detoutes valeur.

L'existence une fois perdue, nous perdons la valeur de toutes choses.

Autrement dit, la valeur quenous attribuons à notre existence est infinie.

Or nous ne pouvons attribuer une valeur infinie à notre existence quelorsque nous ne pensons pas que nous sommes soumis au temps; _ La considération du caractère temporel de notre existence nous apprend tout à la fois sa brièveté et sa vanité.

Letemps est ce qui fait que notre existence a un commencement et une fin.

Ainsi dans la mesure où l'homme estsoumis au temps, son existence se meut dans l'espace indéterminé qui sépare le néant de sa naissance et le néantde sa mort.

Comme l'écrit Pascal à la pensée 427 : « tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir, mais ceque j'ignore le plus est cette mort que je ne saurais éviter ».

Ainsi la considération du temps qui passe me rappelleque je dois mourir et l'inéluctabilité de ma mort rend absolument vaines toutes les actions qui me semblaient siimportantes avant que je ne prenne conscience que j'étais un être soumis au temps. _ La considération de ma propre existence me révèle enfin son insignifiance absolue au regard de l'éternité Or ce quisemble ôter toute valeur à notre existence, c'est sa contingence.

La contingence désigne ce qui pourrait ne pasêtre ou être autrement qu'il n'est de ce point vue toute existence est contingente.

C'est ce que nous pouvonsavec soutenir avec pascal dans le fragment 68 de ses Pensées en édition Lafuma : « quand je considère la petite durée de ma vie absorbée dans l'éternité précédente et suivante, le petit espace que je remplis et même que je voieabîmé dans l'infinie immensité des espaces que j'ignore et qui m'ignorent, je m'effraye et m'étonne de me voir iciplutôt que là car il n'y a point de raison pourquoi ici plutôt que là, pourquoi à présent plutôt que lors ».

Puisque lavaleur de l'existence semble être corrélée à sa possibilité d'être soustraite au temps, il ne nous reste plus qu'àespérer l'immortalité de l'âme afin de pouvoir jouir de l'éternité : « il n'y a de bien en cette vie que dans l'espéranced'une autre ». Cependant on ne voit pas pourquoi la valeur serait nécessairement conditionnée par la possibilité de dureréternellement.

La valeur de la vie ne dépend pas en effet du temps de la vie, mais de ce que l'on en fait, de sonusage. II Le prix de la vie ne vient pas de sa durée _ La valeur de l'existence ne dépend pas de sa durée.

En effet, plutôt que d'espérer l'éternité qui se définit commece qui n'a pas plus commencé qu'il ne doit finir, imaginons la possibilité pour nous d'être immortel, c'est-à-dire demener une existence qui a commencé, mais ne finit pas.

Que ferions-nous plus dans cette existence sans limitetemporelle ? Il y a fort à parier que non seulement, nous ne ferions rien de plus que ce que nous faisons maintenant,et même que nous nous ennuierions.

N'est-ce pas ainsi que nous nous représentons les anges baillant au sein del'éternité, ou alors d'autres êtres imaginaires comme les fantômes revenant sur terre dans l'espoir de mourir enfin.Ces exemples nous montrent que le prix de la vie n'est pas dans la durée, mais dans l'usage comme l'expliqueMontaigne dans ses Essais I XIX : « où que votre vie finisse, elle y est toute.

L'utilité du vivre n'est pas en l'espace : elle est en l'usage ».

Par conséquent la valeur de la vie dépend de nous dans la mesure où c'est ce que nous enfaisons qui lui donne ou lui enlève sa valeur.

Autrement dit la valeur de l'existence n'est pas donnée et le tempsn'est pas ce qui l'efface. _ De ce point de vue, on pourrait même affirmer que la considération du caractère temporel de l'existence humainerévèle plutôt la possibilité de sa valeur qu'elle ne la lui ôte.

C'est le pari tragique de Montaigne que l'on pourraitopposer au pari chrétien de Pascal.

En effet la conscience du temps nous invite à penser à notre mort.

Or laperspective de notre mort, plutôt que de la dévaluer, nous permet de prendre conscience de l'effectivité del'existence, le fait qu'elle advient en ce moment même, et qu'il nous appartient à nous et à personne d'autre, d'enfaire une vie heureuse.

Ainsi comme l'écrit Montaigne : « tel a vécu longtemps qui a peu vécu; attendez-vous ypendant que vous y êtes.

Il gît n votre volonté, non au nombre des ans que vous ayez assez vécu ».

Ainsi le paritragique consiste à prendre conscience du caractère fini et précaire de la vie, mais pour nous inviter à la porter à saplus haute valeur.

C'est par la conscience de la mort qui nous enlève la vie que la vie révèle elle-même sa valeur.

Par conséquent le caractère temporel de l'existence humaine ne lui ôte pas sa valeur. Cependant, que le caractère temporel ôte ou révèle la valeur de l'existence humaine, nous restons dans leprésupposé que le temps serait extérieur à l'existence humaine.

Or le temps ne se surajoute pas à l'existence :comme nous l'avons dit, l'existence n'est ce qu'elle est que par le temps.

Il convient dès lors de penser l'existence. »

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