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Y a-t-il des domaines, concernant l'existence humaine, dans lesquels on peut légitimement prendre la nature comme modèle ?

Publié le 30/08/2014

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Qu'on s'en félicite ou qu'on le déplore, la nature est ce à l'égard de quoi l'homme n'en finit pas de prendre ses distances. Dès lors, les modèles auxquels il peut recourir sont de son invention propre, mais ne peuvent provenir de la nature. On constate d'ailleurs que lorsqu'on pré­tend au contraire mêler cette dernière à la morale ou à la politique, on aboutit rapidement à des comportements humainement inacceptables : n'était-ce pas par référence à leur « nature « que les nazis se considéraient comme d'une race supérieure ?

 

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« dans de telles occasions, la référence au « naturel » peut aussi jouer le rôle d'un échappatoire: c'est lorsqu'on se trouve à court d'arguments qu'on y fait appel, comme si la nature représentait en elle-même une valeur incon­ testable.

Elle est alors, furtivement, proposée comme modèle de ce qu'il faut faire.

Mais un tel recours est-illégitime ? Plus généralement, y a-t-il des domaines, concernant l'existence humaine, dans lesquels on peut légi­ timement prendre la nature comme modèle ? [1 -Qu'est-ce qu'un modèle ?] Ménon, dans le dialogue qui porte son nom, a du mal à comprendre qu'il s'agit de définir la vertu en général, et non de se contenter d'un échan­ tillonnage de comportements ou d'individus vertueux.

Socrate lui propose alors un paradigme, qui doit lui permettre de mieux saisir l'unité de l'objet que l'on cherche : si on demande à Ménon de définir l'abeille, il n'accor­ dera certainement pas d'attention à ce qui distingue (le poids, la couleur, ...

) les abeilles les unes des autres, mais s'attachera uniquement à souligner ce que toutes les abeilles ont en commun.

Qu'il fasse de même à propos de la vertu.

Et Ménon de répliquer qu'il comprend bien ce qu'on lui demanderait à propos des abeilles, mais que, lorqu'il s'agit de la vertu, les choses lui paraissent autrement complexes.

Le rôle du paradigme, dans le dialogue, est de permettre à l'interlocuteur de saisir qu'un objet d'accès facile (ici, l'abeille) possède la même structure qu'un objet plus élevé (la vertu) : s'il perçoit la structure du premier, on peut espérer qu'il sera capable de la transférer sur le second, et qu'ainsi son travail sera rendu plus facile.

On pourrait, en faussant quelque peu le sens du mot, considérer qu'un paradigme équivaut à un modèle.

On devine toutefois qu'il n'en constitue pas totalement un.

En effet, ce qui manque au paradigme, c'est la présen­ tation d'une valeur, qui fournit à ce qui tient lieu de modèle son rôle et son importance.

Il n'y a en effet de modèle que lorsque nous est proposé un « objet » susceptible de régler une attitude, c'est -à-dire de faire pro­ gresser, d'améliorer la compétence ou les performances.

Le modèle est, par définition, supérieur à celui auquel on le propose.

Or le paradigme platonicien ne va pas jusque-là : sans doute celui qui le formule, en 1' oc­ curence Socrate, est-il en un sens «supérieur» à Ménon, mais l'exemple qu'il fournit à ce dernier pour l'aider à comprendre le but de leur recherche est au contraire « inférieur » à ce dernier.

[Il -Qu'en attend-on ?] Tout modèle prétend donc, non seulement enseigner une démarche (ce que fait déjà le paradigme), mais surtout enseigner à faire mieux, quel que soit le domaine considéré.

Le modèle d'écriture que l'on fournit à l'enfant doit l'aider à mieux écrire, à sortir du gribouillis pour accéder à une graphie. »

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