CHAPITRE 14 du Candide de Voltaire (commentaire)

« éditions Tallandier, 1938. « Ceux qui ont bien connu Voltaire ne s'accordent pas sur tous les traits de son caractère.

Mais il en est un donttous ont été frappés.

Il était, comme le dit l'acteur Le Kain qui lui devait beaucoup, d'un tempérament « impétueux». Entendons par là qu'il était extrêmement sensible à l'agréable et au pénible et qu'il y réagissait d'une façonimmédiate et passionnée.

Il ne se maîtrisait qu'4 la longue : ses premiers épanchements étaient des enthousiasmesou des colères, des admirations excessives ou des sarcasmes, des éclats d'ironie, des traits d'esprit parfois cruels,voire des injures brutales.

» A.

Cresson, Voltaire, sa vie, son oeuvre, PUF, 1948. « Enfin et surtout, il a été merveilleusement vivant et les hommes, qui craignent l'ennui plus encore que l'inquiétude,sont reconnaissants à ceux qui les font vivre sur un rythme plus rapide et plus fort.

» A.

Maurois, Voltaire, éditionsGallimard, 1935. CHAPITRE 14 du Candide de Voltaire (commentaire) Désespéré de devoir fuir loin de Cunégonde, Candide est entraîné vers le Paraguay par son valet Cacambo qui luiconseille de changer de camp et de se mettre au service des jésuites.

Natif du Tucuman, une province du Paraguay,Cacambo connaît bien le royaume des prêtres jésuites : les pères «y.

ont tout et le peuple rien ; c'est le chef-d'oeuvre de la raison et de la justice ». Les deux fugitifs, après avoir essuyé l'extrême méfiance des militaires paraguayens, sont reçus par le commandant.« Ciel ! » « Quel miracle ! » C'est...

le frère de Cunégonde.

Tout à la joie de leurs retrouvailles, versant « desruisseaux de larmes », Candide et le baron entament devant une bonne table le récit de leurs aventures. Structure Son schéma : la fuite de Candide sous la conduite deson nouveau guide ;le tableau du royaume des jésuites ;l'accueil au camp des jésuites ;la grande scène de reconnaissance entreCandide et le baron jésuite. L'alternance entre les accélérations et les ralentissements (Cacambo précipite le départ de Candide, puis se lancedans une longue description de l'État jésuite du Paraguay ; à l'arrivée au camp des jésuites on se saisit vivementdes deux arrivants, puis des palabres cassent le mouvement). La préparation des rebondissements futurs La morgue du commandant (qui a hérité toutes les qualités de son père, le baron Thunder-ten-Tronckh) annonce saviolente réaction quand Candide prétendra à la main de sa soeur Cunégonde. L'exclamation de Candide («Ô Pangloss ! Pangloss ! que vous seriez aise si vous n'aviez pas été pendu ! »)entretient une brève suspicion sur la réalité de cette pendaison — qui s'avérera non réelle au chapitre 27. Le comportement ségrégatif des jésuites à l'égard des Paraguayens laisse prévoir la haine des Oreillons envers lesconquérants jésuites. Le thème de l'esclavage — développé au chapitre 19 —, est annoncé par une formule du récit (« Le commandant fitretirer les esclaves nègres »). Un nouveau compagnon, Cacambo D'une part, ce personnage picaresque, né entre le Paraguay et le Pérou, est un grand voyageur, riche d'une grandeexpérience des hommes et des milieux sociaux.

Il a connu bien des métiers avant que Candide l'engage à Cadix : pasété « enfant de chœur, sacristain, matelot, moine, facteur, soldat, laquais » ? Sa.

lucidité n'exclut pas la misogynie(« les femmes ne sont jamais embarrassées d'elles ; Dieu y pourvoit ») et le conduit à jeter sur l'état jésuite duParaguay un regard critique digne d'un philosophe du XVIIIe siècle se référant à la « raison » et à la « justice ».C'est un homme de terrain, qui s'adapte à toutes les réalités, et un homme d'action, qui met au service de sonmaître une rapidité d'esprit, un dynamisme et une intelligence combinatrice qui annoncent le Figaro du Barbier de Séville.. »