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La Cloche fêlée (Spleen et Idéal)

Publié le 02/03/2011

Extrait du document

Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver, D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume, Les souvenirs lointains lentement s'élever Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.    Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante, Jette fidèlement son cri religieux, Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente !    Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits, Il arrive souvent que sa voix affaiblie    Semble le râle épais d'un blessé qu'on publie Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts, Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts.    (Spleen et Idéal)

• La première strophe est construite sur l'alternance d'un vocabulaire positif et d'un vocabulaire négatif : amer et doux, palpite et fume, lointains et s'élever. Cette alternance se maintient de manière équilibrée dans le second quatrain, mais le passage d'une scène d'intérieur intime à une scène d'extérieur dans le contexte suggéré de la guerre contribue à faire naître l'angoisse. Montrez par un relevé précis de vocabulaire l'orchestration fulgurante de la violence et de la détresse telle qu'elle se révèle dans les deux tercets.   

« Baudelaire plongé dans la mélancolie, laisse derrière lui plusieurs Spleens témoignant d'un profond malaise.

DansLa Cloche fêlée, Baudelaire utilise la musique pour rappeler le lyrisme et la mélancolie du Spleen.

Il décrit sesangoisses face à la solitude et à la mort ainsi qu'une grande violence de ses sentiments. Nous étudierons dans une lecture analytique, comment Baudelaire se sert de la musique pour rappeler le lyrismeet exprimer ses états d'âme.

D'autre part nous verrons comment le poète évolue dans un décor chaleureux combinéau froid et à la violence.

Puis nous observerons comment intervient le temps qui passe et comment progresse lepoème grâce à la versification. Bien que Baudelaire fasse référence à ses sentiments dès la première strophe, il ne s'identifie pourtant pastout de suite comme étant le sujet même du poème.

Il utilise dans le premier vers, le pronom indéfini "il" qui semblerendre le sentiment décrit impersonnel et universel.

Il déclare sa présence de poète dans le premier tercet, avantdernière strophe du poème avec l'expression "mon âme" qui rappelle inévitablement le lyrisme.

Ce groupe nominal estprécédé d'un pronom personnel de la première personne du singulier "Moi" qui insiste particulièrement surl'individualité.

Il est de plus, mis en valeur en début de vers et intensifie l'expression lyrique qui le suit.

("Moi, monâme".) Baudelaire confirme ainsi le genre lyrique supposé de son poème. Le Spleen traduit le malaise du poète et surtout une profonde mélancolie.

Celle-ci s'exprime surtout à traversl'évocation de la musique.

Dés le second vers, Baudelaire insert le verbe "écouter" qui annonce ainsi le champ lexicalde la musique et du chant.

Ainsi il fait ensuite référence au "bruit des carillons" personnifiés qui "chantent" puis au"chant" de son âme.

Dans la seconde strophe, le "chant" se métamorphose en "cri" puis en "râle épais": Baudelairefait une gradation descendante à travers le poème pour montrer la chute progressive de son bien-être.

L'allusion laplus forte reste néanmoins celle de la "Cloche".

Cet instrument à connotation religieuse peut-être porteuse debonheur, notamment d'une cérémonie heureuse ou au contraire d'un décès.

Elle joue d'ailleurs un rôle particulier(que nous étudierons dans la troisième partie.) puisqu'elle est nommée dans le titre même du poème :"La Clochefêlée". Dès la première strophe, le lecteur a conscience de la solitude apparente du poète.

L'isolement semble tel quele poète donne la vie aux objets qui l'entourent: Même si le verbe "fume" exprime l'état du "feu" en lui donnant uncaractère d'objet, le verbe "palpite" au contraire lui apporte un côté humain dans la métaphore "feu qui palpite".

Lefeu est ainsi comparé à un coeur qui bat.

Tandis que les carillons personnifiés "chantent" et que le poète apporte unsentiment humain à la Cloche qui est "bienheureuse".

Dans le premier tercet, Baudelaire parle de "l'ennui" et de sonâme qui "veut de ses chants peupler l'air froid".

Si l'ennui est souvent associé à la lassitude et présent dans lesspleens, ici il reprend surtout l'idée de solitude.

D'autre part, l'expression "peupler l'air froid" laisse à supposer que lepoète se sent seul.

Bien que l'on en ait conscience dès la première strophe, la solitude n'apparaît que clairementdans le dernier tercet confirmé par l'expression " ...

sa voix affaiblie/Semble le râle d'un blessé qu'on oublie".

Le verbe "oublier", mis envaleur en fin de vers, témoigne de l'isolement du poète qui se voit comme mourant. Si le poème a un caractère douloureux et froid, le premier quatrain comporte une chaleur matérielleapparente.

Baudelaire parle des "nuits d'hiver", expression qui évoque le froid.

Par opposition, dans le second vers "le feu fume" et témoigne de la chaleur ambiante.

la métaphore "Il est amer et doux.../D'écouter.../Les souvenirslointains lentement s'élever" reprend cette impression de chaleur en comparant les "souvenirs" à la "fumée" délivréepar le feu.

L'évocation du froid du dehors peut révéler le confort du poète qui est "près du feu", "pendant les nuitsd'hiver".

Quant au chant évoqué à plusieurs reprises, il peut témoigner d'un bien-être matériel et d'une certainegaieté dont il n'est plus question dès la seconde strophe. Baudelaire combine le décor intérieur chaleureux au froid du dehors d'une façon remarquable.

Il décrit un confortmatériel qui le renvoie à un bien-être physique apparent.

Mais le lyrisme donne la priorité à l'expression d'un étatd'âme.

Et c'est dans ce but que le poète fait intervenir l'hiver qui devient une représentation imagée de lasouffrance.

Dés le premier vers, alors que le mal-être est seulement soupçonné, Baudelaire insert le terme "hiver" quiintroduit le champ lexical de la saison dans le poème et agit comme un fond au récit poétique.

Le poète évoque "labrume" (vers 4) et "l'air froid des nuits" (vers 10) et renvoie ainsi l'idée de l'hiver et de la violence des sentiments.

Àdeux reprises, Baudelaire parle de "la nuit".

Celle-ci, assemblée à l'hiver, provoque un sentiment de grand malaise etde temps suspendu où la souffrance perdure.

Dans beaucoup d'autres textes poétiques ou en prose, les auteursfont intervenir, d’ailleurs, l'hiver et la nuit pour exprimer la souffrance : cela devient une image populaire, un cliché littéraire.. »

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