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Comment doit-on envisager le bonheur des sages ?

Publié le 27/01/2004

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Mais la béatitude se distingue surtout du bonheur par son rapport au temps ou, comme dirait Spinoza, à l'éternité (cf. livre V de l'Ethique). Toute chose, y montre Spinoza, peut être conçue de deux manières, selon qu'on la considère dans le temps ou dans l'éternité. C'est le cas aussi du bonheur. En tant qu'il est conçu dans le temps, le bonheur est changement, et l'on nous dit « heureux ou malheureux suivant que nous changeons en mieux ou en pire » (Éthique, V, 39, scolie). Cela suppose naturellement une comparaison entre deux moments successifs et, par là, l'espérance et la crainte. Être heureux, dans le temps, c'est toujours espérer l'être ou craindre de ne l'être plus, et c'est pourquoi le bonheur n'est jamais parfait (on espère toujours l'augmenter, on craint toujours de le perdre...) ; c'est pourquoi, même, il n'est jamais là : le temps qui le contient nous en sépare, l'imagination qui le vise nous en prive. Tout bonheur, en ce sens, est imaginaire (c'est l'imagination de la joie possible), et réel seulement en tant qu'imaginaire. La béatitude, au contraire, serait un bonheur vrai, c'est-à-dire éternel (la vérité l'est toujours) et se déployant non dans l'imagination du passé ou de l'avenir, mais dans la nécessité du présent.

Le bonheur suprême, celui que recherche le sage, peut être caractériser par ce qu’on appelle la béatitude. Elle se caractérise par une satisfaction constante et à laquelle rien ne manque. Elle serait l’état idéal du sage selon Aristote, les stoïciens, mais encore Spinoza. Le terme de béatitude évoque aussi l’idée d’une joie spirituelle, active, conquise par la pensée adéquate qui en est la condition, ou par l’effort qui en rend digne ; d’autre part, il s’applique à la vie supérieur ou à la vie futur, et implique l’intervention de Dieu ou l’entrée en possession du divin. La béatitude est donc moins la satisfaction de nos inclinations présentes que celle de l’être transcendant ou nouménal qui est en nous.

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