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La connaissance d'autrui est-elle possible ?

Publié le 10/02/2004

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Non, car la sympathie est tout autre chose que la fusion des sentiments et des personnes. Elle est compréhension affective d'autrui. Je peux saisir ses sentiments, sans pour autant les éprouver moi-même. Je peux ainsi sympathiser avec des sentiments que je n'ai jamais éprouvés et des situations que je n'ai jamais vécues. De plus, l'idée d'une fusion avec autrui qui serait une confusion entre deux êtres est, comme le souligne Lévinas, « une fausse idée romantique ». Le pathétique de la relation à autrui, de l'amour, consiste précisément dans « le fait d'être deux », et que « l'autre y est absolument autre ». Poser autrui comme autre, comme liberté, ce n'est pas reconnaître l'échec de la communication, mais l'échec « du mouvement qui tend à saisir ou à posséder une liberté ».1. La distance infranchissable d'autrui.D'après Descartes, si l'on se contente de la perception et non de la raison, il n'y a pas de différence entre autrui et un automate (c'est-à-dire un objet).

« D'après Descartes, si l'on se contente de la perception et non de la raison, iln'y a pas de différence entre autrui et un automate (c'est-à-dire un objet). « [...] d'où je voudrais presque conclure, que l'on connaît la cire par la visiondes yeux et non par la seule inspection de l'esprit, si par hasard je neregardais d'une fenêtre des hommes qui passent dans la rue, à la vuedesquels je ne manque pas de dire que je vois des hommes, tout de mêmeque je dis que je vois de la cire; et cependant que vois-je de cette fenêtre,sinon des chapeaux et des manteaux, qui peuvent couvrir des spectres oudes hommes feints qui ne se remuent que par ressorts? Mais je juge que cesont de vrais hommes, et ainsi je comprends, par la seule puissance de jugerqui réside en mon esprit, ce que je croyais voir de mes yeux.

» Descartes,Méditations métaphysiques (1641), II. 2.

l'amitié par-delà toute argumentation. À la différence de Descartes, l'expérience de l'amitié, pour Montaigne, luirévèle que celle-ci précède toute rationalité, toute explication. « En l'amitié de quoi je parle, [nos âmes] se mêlent et confondent l'une enl'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus lacouture qui les a jointes.

Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sensque cela ne se peut exprimer qu'en répondant: "Parce que c'était lui, parce que c'était moi." Il y a, au-delà de toutmon discours, et de ce que j'en puis dire particulièrement, je ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice decette union.

Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous entendions l'un del'autre, qui faisaient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports, je crois par quelqueordonnance du ciel; nous nous embrassions par nos noms.

Et à notre première rencontre, qui fut par hasard en unegrande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès lors nenous fut si proche que l'un à l'autre.

» Montaigne, Essais (1580-1595), livre Ier, chapitre XXVIII. 3.

L'avènement de la conscience de soi dans le duel. Pour Hegel, la conscience de soi n'est pas immédiate: elle suppose la confrontation à autrui.

C'est donc par autruique j'accède à la conscience de moi-même. « Un individu surgit face-à-face avec un autre individu.

Surgissant ainsi immédiatement, ils sont l'un pour l'autre à lamanière des objets quelconques.

Chaque conscience est bien certaine de soi-même, mais non de l'autre; et ainsi sapropre certitude de soi n'a encore aucune vérité.

[...] Le comportement des deux consciences de soi est doncdéterminé de telle sorte qu'elles se prouvent elles-mêmes et l'une à l'autre au moyen de la lutte pour la vie et lamort.

Elles doivent nécessairement engager cette lutte, car elles doivent élever leur certitude d'être pour soi à lavérité, en l'autre et en elles-mêmes.

C'est seulement par le risque de sa vie qu'on conserve la liberté, qu'on prouveque l'essence de la conscience de soi n'est pas l'être, n'est pas le mode immédiat dans lequel la conscience de soisurgit d'abord.

» Hegel, Phénoménologie de l'esprit (1807), IV.

1.

La lutte pour la reconnaissanceHegel fait du conflit la relation fondamentale par laquelle chaque consciencedésire se faire reconnaître par l'autre.

Dans cette lutte pour la domination, laconscience qui surmonte la crainte naturelle de la mort l'emporte et affirme saspiritualité, puisqu'elle a montré que sa vie n'est pas ce qu'il y a de plusessentiel pour elle.

Celui en qui l'esprit a dominé la nature devient donc lemaître. 2.

Identité et dialectiqueL'esclave travaille pour le maître.

Le maître dépend donc de l'esclave pour sasubsistance.

Tandis que l'esclave acquiert de nouvelles compétences, lemaître, qui dépend de l'esclave et se repose sur lui, finit par transformer samaîtrise en servitude.

Les rapports de pouvoir ne sont donc pas définitifs etpeuvent faire l'objet d'un renversement dialectique, où le maître devientesclave et l'esclave le maître.Hegel montre ainsi que l'identité réelle n'est pas l'identité naturelle ouimmédiate.

L'identité n'est pas donnée par l'origine ou la naissance.

Elle n'estpas au commencement mais au terme d'un processus, et suppose un travail,une activité de l'esprit. « Pour se faire valoir et être reconnue comme libre, il faut que la conscience de soi se représente pour une autre comme libérée de la réalité naturelle présente.

Ce moment n'est pas moins nécessaire que celui qui correspond à la liberté de la conscience de soi enelle-même.

L'égalité absolue du Je par rapport à lui-même n'est pas une égalité essentiellement immédiate, mais une. »

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