Devoir de Philosophie

La conscience garantit-elle l'autonomie du sujet ?

Publié le 22/01/2004

Extrait du document

conscience
Sur le plan moral, nous sentons ainsi l'opposition entre le moi égoïste, celui qui ne connaît que ses pulsions, et la personne sociale, ou surmoi, qui respecte scrupuleusement les conventions et les lois. Ce second moi en est-il du reste encore un, ou n'est-il au fond que l'intériorisation de la société, avec son côté arbitraire et dictatorial ? Dans lequel des deux « moi » reconnaissons-nous le mieux notre identité ? L'inconscient, qu'on ne peut, par définition, connaître directement, semble pourtant se révéler à nous. Mais ses multiples manifestations ne semblent pas toutes désirables. Est-il possible de les maîtriser, et n'est-ce pas là la fonction de la conscience ? N'est-ce pas aussi le but de l'éducation, qui serait en un sens une accession à la conscience ? On se demande toutefois si une telle maîtrise de soi s'accomplit vraiment pour soi, ou seulement pour autrui, comme contrainte limitative de la personnalité. Quoi qu'il en soit, la conscience semble tout entière occupée à choisir, à décider entre les tendances, les désirs ainsi que les motifs rationnels. Est-elle le véritable moi ?
conscience

« responsable de tous nos actes, même de ceux que nous aimerions renier.

Transition:Il semble donc que le fait d'avoir une capacité de réflexion garantisse à l'être conscient une autonomie permanente.Cependant, nous ne devons pas identifier trop rapidement liberté et autonomie: si la conscience garantie que nousayons le choix, elle ne garantit pas pour autant que nous ferons un choix autonome.

L'homme qui commet un crimepassionnel, par exemple, agit sous le coup d'une force qui le dépasse et l'entraîne.

Il agit donc de manièrehétéronome tout en étant conscient.

II) La conscience est une condition nécessaire mais non suffisante à l'autonomie du sujet : - Définissons plus précisément l'autonomie: quelle est cette loi qui serait mienne et à laquelle j'aurais la capacitéd'obéir? Il s'agit de la loi que me prescrit ma raison.

Or il n'est pas certain que je la suive, même si je dispose de lapossibilité de choisir.

En effet, cette loi peut entrer en opposition avec d'autres (la loi de mon désir, par exemple)qui sont autant de motifs possibles de mon action.

Si être autonome consiste à pouvoir faire ce que l'on veut, il fautbien définir ce que nous voulons véritablement: je veux ce que ma raison me présente comme un bien.

Cependant,je peux choisir de ne pas faire ce que me prescrit cette volonté rationnelle, au profit de ce que m'impose le désir.Par exemple, l'enfant qui ne veut pas de caries peut vouloir éviter de manger du sucre, mais finalement choisir dedévorer le paquet de bonbons qu'il désire tout de même.

Dans ce cas, il était conscient, avait le choix, mais a agitde manière hétéronome: il a cédé à la saveur des friandises, alors qu'il savait qu'il était meilleur de s'abstenir et qu'ilvoulait le faire.

La conscience seule ne garantit donc pas l'autonomie.- Un sujet autonome est un sujet qui possède, en plus de la conscience, une volonté forte.

La conscience nousprocure une capacité de réflexion et donc la possibilité de déterminer rationnellement où est le bien, mais encorefaut-il agir en conséquence.

Cela n'est pas autonomique puisque, comme nous l'avons vu, d'autres motifs peuventnous pousser à agir: le bien est souvent différent de l'agréable.

La force de la volonté réside justement dans cettecapacité à évincer les autres motifs et à se décider pour le bien.

Ainsi Descartes, au paragraphe 47 des Passions de l'âme explique qu'il se livre un combat dans l'âme au moment du choix: combat entre les inclinations sensibles et la partie rationnelle de l'âme.

L'autonomie du sujet dépend de l'issue du combat.

Elle n'est donc pas garantit par laconscience: la conscience garantit juste qu'il y aura combat, mais elle ne présume pas de son issue.

Seule unevolonté forte est une volonté autonome: elle tranche en faveur de ce que nous voulons véritablement, c'est-à-direpour ce que nous avons rationnellement déterminé comme étant le bien.

- De plus, la conscience n'est jamais transparence totale à soi-même.

Être un sujet conscient ne signifie pas quenous connaissions immédiatement l'intégralité des motifs qui nous font agir.

Comment savoir, finalement, si nousavons fait un choix de manière autonome ou bien si nous avons étés influencé par une cause extérieurs inconnue? Prenons l'exemple des musiques que j'écoute: j'ai l'impression d'avoir choisi mes goûts musicaux, de manièreautonome.

Cependant, nous pouvons avec Bourdieu mettre en doute cette certitude.

Ce dernier affirme, dans laDistinction , que nos préférences culturelles ne sont en fait que le résultat des stratégies de distinction d'une classe sociale par rapport aux autres.

Je crois choisir mes goûts de manière autonome alors que c'est en réalité une classesociale qui choisit à travers moi.

La conscience ne nous garantit en rien contre ce genre de déterminisme.

Transition: La conscience comme capacité de réflexion ne suffit donc pas à garantir l'autonomie.

Elle en est une conditionnécessaire, mais auquel doit s'adjoindre un véritable travail sur soi pour dégager ce qu'est cette loi que nousvoulons suivre.

Cependant, ce travail n'est peut être pas adjoint de l'extérieur à la conscience.

En effet, il existe unaspect de cette dernière que nous n'avons pas encore traité: la conscience comme conscience morale.

Si celle siest capable de nous procurer l'autonomie, alors nous pourrons conclure que la conscience garantit bien l'autonomie,mais seulement en tant que conscience morale.

III) C'est la conscience en tant que conscience morale qui garantie l'autonomie: - Qu'est ce que la conscience morale? La conscience n'est pas qu'une capacité réflexive mais aussi une capacitépratique à discerner le bien du mal et à connaître les règles nécessaires de notre conduite.

La conscience moraleest donc une « voix intérieure » qui me dicte des lois.

Ainsi Kant, dans la Critique de la raison pratique (I;1;1) affirme qu'il existe des « lois pratiques ».

Ce sont des lois qui sont connues immédiatement par tout être rationnel etqui énoncent ce que peut dicter a priori la raison pure concernant la manière dont nous devons agir.

Ainsi la raisonfait abstraction de toute autre détermination et n'énonce que ce qui découle de sa propre nature.

Cela signifie queles lois pratiques ne prennent pas en compte les circonstances particulières d'un acte singulier et qu'elles sont doncindifférentes aux conséquences qui découleront de leur application.

Ainsi la loi pratique peut me dicter un acte quisoit à mon désavantage ou qui contredise mes désirs .- Cette conscience morale garantit l'autonomie.

Pourquoi suivre les lois que me dicte la conscience morale équivautà suivre ma propre loi? Parce que cette « voix intérieure » énonce implacablement ce que la raison détermine commeétant le bien, ainsi que la loi de conduite qui s'ensuit.

En suivant cette loi, j'agis donc selon ce que me prescrit mapropre raison.

Je suis ainsi certain que ma volonté n'a pas été influencée par un quelconque désir, et donc que jeme suis bien déterminé moi-même à agir.

Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs , section III, Kant définit ainsi l'autonomie: c'est la « propriété qu'à la volonté de se constituer elle-même pour loi ».

Pour êtreautonome, la volonté doit donc exclure tous les motifs d'action qui pourraient l'influencer pathologiquement: lesdésirs, les intérêts, etc.

Or, que peut-il rester à une telle volonté pour se déterminer à agir? Les lois pratiques, dontnous avons dit qu'elles étaient des commandements a priori de la raison.

C‘est pourquoi Kant peut conclure que «. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles