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« Qu'est-ce qu'un personnage de roman ? Si intense que soit sa figure, il n'existe tout de même pas comme une personne, avec une âme et un corps, hors du livre : c'est un état de la conscience de l'auteur, qui se prolonge, par un miracle de poésie, dans la sympathie d'innombrables lecteurs. Mais il serait puéril de penser qu'il a une autre vie que celle que nous lui donnons... En somme la parfaite autonomie des créatures est illusoire : elles naissent d'un dialogue ou d'un déchirement

Publié le 26/03/2011

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conscience

   COMMENTAIRE    (Nous utilisons ici quelques passages d'un texte de Robbe-Grillet, proposé en sujet I, à Amiens (Baccalauréat, juin 1973.)    « Nous en a-t-on assez parlé du « personnage «! (...) Tout le monde sait ce que le mot signifie. Ce n'est pas un « il « quelconque, anonyme et translucide, simple sujet de l'action exprimée par le verbe. Un personnage doit avoir un nom propre, double si possible : nom de famille et prénom. Il doit avoir des parents, une hérédité. Il doit avoir une profession. S'il a des biens, cela n'en vaudra que mieux. Enfin, il doit posséder un « caractère «, un visage qui le reflète, un passé qui a modelé celui-ci et celui-là. Son caractère dicte ses actions, le fait réagir de façon déterminée à chaque événement. Son caractère permet au lecteur de le juger, de l'aimer, de le haïr. C'est grâce à ce caractère qu'il léguera un jour son nom à un type humain, qui attendait, dirait-on, la consécration de ce baptême.    « (...) Aucune des grandes œuvres contemporaines ne correspond en effet sur ce point aux normes de la critique. Combien de lecteurs se rappellent le nom du narrateur dans la Nausée ou dans l'Étranger ? Y a-t-il des types humains ? Ne serait-ce pas au contraire la pire absurdité que de considérer ces livres comme des études de caractères ? Et le Voyage au bout de la nuit décrit-il un personnage? Croit-on d'ailleurs que c'est par hasard que ces trois romans sont écrits à la première personne? Beckett change le nom et la forme dë son héros dans le cours d'un même récit. Faulkner donne exprès le même nom à deux personnes différentes. Quant au K. du Château, il se contente d'une initiale, il ne possède rien, il n'a pas de famille, pas de visage ; probablement même, n'est-il pas du tout arpenteur. (...)    « Notre monde, aujourd'hui, est moins sûr de lui-même, plus modeste peut-être puisqu'il a renoncé à la toute-puissance de la personne, mais plus ambitieux aussi puisqu'il regarde au-delà. Le culte exclusif de a l'humain « a fait place à une prise de conscience plus vaste, moins anthropocentriste. Le roman parait chanceler, ayant perdu son meilleur soutien d'autrefois, le héros. S'il ne parvient pas à s'en remettre, c'est que sa vie était liée à celle d'une société maintenant révolue. S'il y parvient, au contraire, une nouvelle voie s'ouvre pour lui, avec la promesse de nouvelles découvertes. «

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