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Est-ce dans les mots que nous pensons ?

Publié le 25/01/2004

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Communiquer une émotion n'est pas la même chose qu'exprimer une pensée. Dans la perspective cartésienne, les bêtes, même dressées à exprimer par des bruits leur faim ou leur joie, ne peuvent pas davantage parler que des automates, parce que tout comme ces machines elles ne pensent pas : elles sont privées de cette forme de conscience réfléchie qui est le propre de l'homme.Du reste, linguistes et philosophes sont nombreux à confirmer que cette faculté qu'est le langage, loin d'être commune à la plupart des espèces animales, est plutôt ce par quoi l'homme se distingue le plus nettement des bêtes ou des machines. Entre autres différences, on remarquera par exemple, avec le linguiste Benveniste, que le prétendu « langage des abeilles », entièrement prédéterminé par leur programme génétique, se limite à la transmission de deux données (l'existence d'une source de pollen et sa localisation), ne se laisse pas analyser en une série d'éléments distinctifs et n'instaure aucun dialogue. De ce fait, on pourrait être conduit à dénier aux bêtes la possession du langage (entendu comme faculté), et refuser à leurs codes naturels de signaux le statut de langues.Il semble donc tentant de dénier le langage aux bêtes tout autant et en même temps que la raison. Ne pourrait-on douter cependant qu'il existe une intrication nécessaire et originelle, dans l'humanité, entre le langage et la raison . Nous y serions encouragés par Rousseau, pour qui les premières « voix » de l'homme primitif lui auraient été dictées par des passions, comme par exemple, à la rencontre d'un de ses semblables, l'effroi et la surprise. Toutefois, même si Rousseau veut croire que les premières langues furent « passionnées » et chantantes, c'est en prenant soin de distinguer les passions spécifiquement humaines, qui les auraient inspirées, de purs et simples besoins physiologiques.Est-ce dans les mots que nous pensons ?

Les mots sont des instances de significations c’est-à-dire qu’ils sont de outils renvoyant un signifié ; mais le mot n’a pas nécessairement de rapport avec le signifiant et c’est bien là le problème qui se pose à nous dans la traduction de la pensée dans et à travers des mots. En effet, la pensée est d’essence spirituelle et le lui d’essence matérielle, il semble alors qu’ils appartiennent tous deux à des champs spécifiques : à deux ordres de réalité incommensurables. Pourtant, comment faire advenir la pensée si ce n’est en la formulant à travers des mots ? Comment la communiquer si ce n’est pas ces outils qui sont peut-être voire sans doute insuffisants mais nécessaire ? Mais le problème est encore plus fondamental pour le philosophe puisque l’on peut s’interroger sur la satisfaction que peut éprouver le philosophe dans l’exercice de sa pensée vis-à-vis du langage et des mots notamment. Et c’est dès lors tout l’intérêt de s’interroger avec ce sujet « est-ce dans les mots que nous pensons ? « sur l’adéquation du langage dans la production de discours de la pensée. En effet, on accordera sans doute assez facilement que pour penser nous faisons appel à des périphrases ou nous empruntons des détours de langage afin d’essayer de faire correspondre notre pensée aux outils que l’on peut utiliser. Pourtant faire la critique des mots comme support de la pensée semble paradoxal puisque ce n’est qu’à travers eux que la pensée peut prendre corps d’une certaine manière. Ainsi c’est donc le problème du rapport pensée – langage qui est interrogé ici avec la spécification de cet outil que sont les mots.

            Ainsi, s’il apparaît difficile de penser dans les mots proprement dans la mesure à la traduction en mots des actes de la pensée et toujours d’une certaine manière une trahison (tradutore, traditore) (1ère partie), mutatis mutandis, les mots sont les seuls moyens de donner corps à la pensée et ils sont alors un mal nécessaire (2nd partie). Face à cette opposition ou contradiction, nous cherchons alors à développer une voie médiane (3ème partie).

 

« l'attribution du nom à la chose (mot) ou de l'idée et cela en vue de l'utilisation de l'esprit : « L'objet essentiel de lasociété est d'insérer une certaine fixité dans la mobilité universelle ».

Et c'est pour n'a rien à voir avec le domaine dela connaissance pure, science ou philosophie.

Le mot n'a qu'un usage pratique, il n'est pas apte à rendrecorrectement les spécificités de la vie psychique comme on peut le voir dans le cas des sensations par exemple.Ainsi le mot « mal » est plus que mal défini. b) Or de ce point de vue, il est intéressant que remarquer le cas exemplaire de la notion de « liberté » chez Bergson comme il en traitait déjà dans sa thèse, c'est-à-dire dans ses Essais surs les données immédiates de la conscience .

En effet, il remarque que l'on ne peux définir le terme de liberté par des mots sans directement en perdre le sens.C'est en fait que la correspondance pensée – mot ou langage n'est pasopératoire.

Il y a un saut qualitatif entre les deux objets qui estincommensurable : « On s'expose cependant ici à une confusion grave, qui tientà ce que le langage n'est pas fait pour exprimer toutes les nuances des étatsinternes.

[…] On appelle liberté le rapport du moi concret à l'acte qu'il accomplit.Ce rapport est indéfinissable, précisément parce que nous sommes libres.

Onanalyse, en effet, une chose, mais non pas un progrès ; on décompose del'étendue, mais non pas de la durée.

Ou bien, si l'on s'obstine à analyser quandmême, on transforme inconsciemment le progrès en chose, et la durée enétendue.

Par cela seul qu'on prétend décomposer le temps concret, on endéroule les moments dans l'espace homogène ; à la place du fait s'accomplissanton met le fait accompli, et comme on a commencé par figer en quelque sortel'activité du moi, on voit la spontanéité se résoudre en inertie et la liberté ennécessité.

- C'est pourquoi toute définition de la liberté donnera raison audéterminisme.

» Ce n'est donc pas dans les mots que nous pouvons penser etcela en raison de la non-adquation mot-pensée.

Et c'est dès lors ce qui expliquel'idée d'une réforme du langage pour permettre une adéquation de la pensée. c) En si l'on critique le fait que ce n'est pas dans les mots que nous pouvons penser c'est bien parce que les mots,issus du langage ordinaire, sont ambiguë, manque d'exactitude et de précision.

Dès lors, on peut observer unevéritable variation sémantique dans le mot et pour ce faire il suffit d'ouvrir un dictionnaire.

Et c'est en ce que l'onpeut comprendre cette sentence de Husserl : « la plupart des expressions de la vie courante sont vagues.

» Dès lors, si l'on veut une pensée précise et scientifique, on ne peut se satisfaire du langage et des mots qui en sont lesoutils et c'est bien pour cela que l'usage sémantique, la définition et la recherche du terme adéquat dans l'œuvred'Husserl, comme on peut le voir dans ses Idées directrices pour une phénoménologie , est si important.

Et c'est pour cela que des penseurs comme Frege, correspondant d'Husserl notamment, exiger que « la logique [devienne]législatrice pour la langue » et en cherchant une élucidation définitive des termes employés.

Et c'est pourquoi lapensée devenant ce manque de clarté et de scientificité des mots doit abandonner le l'usage des mots et deslangues et se tourner comme le propose Frege dans ses Ecrits logiques et philosophiques vers une « écriture conceptuelle », c'est-à-dire à une symbolisme logique. Transition : Ainsi n'est-ce pas dans les mots ni même à travers les mots que nous pensons dans la mesure où il y a une fractureirrémédiable et incommensurable entre la pensée et le mot.

Pour pourvoir donc penser proprement, il faut en passerpar un langage logique, symbolique qui pourra être exact et scientifique.

Mais dès lors n'est pas appauvrir la champde la philosophie en la réduisant à une simple ambition de formalisation mathématique ? De même congédier les motsen vue d'une pensée pure n'est-ce pas ôter justement toute possibilité de la communiquer au risque sinon de ladénaturer ? II – Les mots comme apparition et corporéité de la pensée a) On peut effectivement s'interroger sur la valeur opératoire de cette critique des mots et par élargissement dulangage dans leur capacité à rendre compte et à produire une réflexion, donc par rapport à la pensée.

Dire qu'il y aune séparation irrémédiable entre les mots et la pensée comme relevant de deux ordres différents, n'est-ce pasreprendre la dichotomie entre être et apparaître, et dès lors faire une classification ontologique et scientifique desusages de la pensée et des mots.

Or si les mots ne sont qu'une image de la pensée, force est de constater que ces. »

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