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On dit que "la vie est courte". Est-ce vrai ?

Publié le 24/03/2004

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Cette volonté perpétuelle de vouloir mesurer le temps et par conséquent de vouloir en faire une valeur sûre et objective, montre bien la nécessité qu'ont les hommes de calculer, de comprendre l'avancée des choses. Ainsi lorsque l'on dit que « la vie est courte « c'est une représentation et non pas une mesure fiable que l'on donne du temps. Car tout comme une journée peut paraître infinie, la vie peut apparaître aussi très longue pour certaines personnes. Sénèque : « La vie ressemble à un conte ; ce qui importe, ce n'est pas sa longueur, mais sa valeur. «      

II. Deuxième partie : La durée : une donnée de la sensibilité et / ou une détermination  

Le temps est le cadre spatio-temporel duquel l'on ne peut se défaire. L'homme vit bel et bien dans le temps. Kant souligne que le temps est une dimension interne à notre perception. « Le temps est donné a priori. En lui seul, est possible toute réalité des phénomènes.

La brièveté de la vie humaine n'est jamais mentionnée comme une simple donnée de fait, mais toujours sur le mode affectif du regret, comme une invitation à jouir. Mais après tout, pourquoi faire de la brièveté de la vie une raison d'en profiter davantage ? Si la vie était longue, il faudrait tout autant la mettre à profit (pour ne pas s'ennuyer), et surtout, on ne jouit (et ne souffre) que dans le présent. Longue ou courte, quelle importance ? Si c'est jouir qu'il faut, jouissons à tout instant. Et l'on peut même aller plus loin : au nom de quoi affirme-t-on que la vie humaine est courte plutôt que longue (ou « moyenne «) ? Quelles raisons présente-t-on pour fonder un tel jugement ? Il est clair que ces raisons, pour valoir quelque chose, ne pourront être que des comparaisons. Car « court «, « long «, ne signifient rien de façon absolue. On n'est court ou long que par rapport à autre chose. Quatre-vingts ans, c'est court par rapport à un millénaire, c'est long par rapport à un quart d'heure. Et même un quart d'heure, ce n'est ni court ni long : c'est court pour préparer un repas, mais cela suffit largement pour réchauffer un plat cuisiné ; et c'est une durée prodigieusement longue par rapport à ce que « vivent « certaines particules élémentaires. La question par laquelle il faut commencer est donc celle-ci : relativement à quoi la vie humaine est-elle dite longue ou courte ?

« représentations.

Comme l'espace, il est la condition a priori et formelle de toute phénoménalité, mais à la différencede l'espace qui ne regarde que la forme des objets externes, le temps est ce en quoi nous intuitionnons tous lesobjets, tant internes qu'externes, de l'expérience. Le temps est donc une dimension incontournable de l'expérience, dès qu'il y a mouvement, vie, il y a déplacementdans le temps.

Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception : « Je ne suis pas dans l'espace et dans le temps, je ne pense pas l'espace et le temps ; je suis à l'espace et au temps ».

Le fait d'être au temps , prouve que ce n'est pas un choix pour l'homme, c'est une appartenance qui se fait d'office, et qui prouve l'angoisse des hommes quant àvoir ce même temps s'écouler sans pouvoir le maîtriser et ainsi s'apercevoir, mais un peu tard, que la vie s'écoulevite.

Lagneau, Célèbres leçons et fragments : « Le temps est la marque de mon impuissance ».

En tant que donnée incontournable de l'expérience, le temps apparaît comme une force à laquelle nul ne peut se soustraire, et quicondamne l'homme à regarder sa vie défiler sans jamais pouvoir l'arrêter ou ni même maîtriser son écoulement.

III.

Troisième partie : La vie : intensité ou liberté ? Sénèque, Lettre à Lucilius : « Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie.

» Dans l'oeuvre, De la brièveté de la vie , écrite par Sénèque et adressée à Paulinus, une seule idée sous-tend tout le dialogue : une dénonciation en règle des "occupati", les "absorbés" selon la traduction, qui gaspillent leur bien le plusprécieux : leur vie, et qui par la suite se plaignent qu'elle est trop courte.

Il dessine différents portraits de tous ceuxqui croient vivre intensément et ne font que se détourner de l'essentiel ; comme les hommes politiques, les avocatssans cesse sollicités par leurs clients, les hommes qui se consacrent à la course aux honneurs, à l'argent, ceuxencore qui se livrent sans retenue aux plaisirs de la chair.

Mais quel est donc cet "essentiel" dont nous détournenttoutes nos autres occupations pour peu que nous les laissions nous envahir ? Très proche des leçons de Socrate,Sénèque estime qu'il s'agit de la philosophie, de la recherche du Souverain Bien.

Sénèque, Lettres à Lucilius : « La philosophie doit apprendre à vivre et non à faire des discours.

» Lire les philosophes, s'entretenir avec eux, et s'écarter de l'opinion commune, telle serait la seule occupation digne d'un être intelligent, et soucieux de tirer lemeilleur parti du temps qui lui est accordé.

Une attitude qui annonce déjà Montaigne, soucieux de ne pas donnertoute sa vie à ses charges politiques : chercher à bien vivre, tel était le projet des Essais .

On trouve là une notion essentielle à la philosophie latine : l' OTIUM .

Un mot qu'on traduit par "loisir" mais qui ne correspond en rien aux loisirs tels qu'on les entend aujourd'hui, voués au pur divertissement.

L' otium, c'est du temps libéré et que le philosophe consacre à l'exercice de la libre raison.

C'est le statut par excellence de l'homme libre, par opposition à l'esclave,bien sûr, condamné au travail, mais aussi à l' occupatus , l'homme esclave de ses affaires, de sa course aux honneurs ou à l'argent.

Conclusion : Mme de Sévigné écrit à sa fille Mme de Grignan : « Je trouve la mort si terrible que je hais plus la vie parce qu'ellem'y mène que par les épines dont elle est semée ».

Cela prouve bien que l'éternelle obsession des hommes esttournée vers la mort et que le principal message de l'expression « la vie est courte » est encore une fois desouligner la rapidité du temps qui passe et le fait que chaque jour nous rapproche de plus en plus de la mort.. »

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