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Doit-on préférer l'illusion qui réconforte a la vérité qui fait souffrir ?

Publié le 26/08/2005

Extrait du document

illusion
  ·         Angles d'analyse ® On se place ici très nettement du côté d'un présupposé qui pose comme équivalent réconfort et illusion d'un côté et souffrance et vérité de l'autre. Il s'agira bien sûr d'interroger cette équivalence : n'est-ce pas une vision réductrice ? L'illusion est-elle toujours du réconfort ? Et la vérité toujours du côté de la souffrance. ® De manière plus radicale encore, il s'agira de trancher un certain plaisir de l'ignorant contre l'ascèse, ou en tout cas la désillusion du spécialiste, de celui qui en tout cas, approche la vérité ? En réalité c'est le statut de la connaissance véritable qui est ici mis à la question comme source d'épanouissement et de bonheur humain.  ® Il s'agira donc de s'interroger sur ce qui est préférable pour l'homme en général, c'est-à-dire de droit et non seulement de faire : est-ce légitime de n'en rester qu'au stade de l'illusion sous le prétexte que la vérité fait souffrir ? En quoi, d'ailleurs, la vérité peut-être entendue comme source de souffrance ? Problématique               Est-on en droit, sous prétexte que la vérité apporte de la souffrance, tant morale que physique, de lui préférer l'illusion qui nous berce dans une douce ignorance ? La vérité est-elle source de souffrance en elle-même ou seulement en tant qu'elle désillusionne l'homme sur le monde et les choses ?

Analyse du sujet

·         Eléments de définition

*  Illusion = Du latin illudere qui signifie se jouer de, tromper, leurrer.

1° Le terme désigne l’état de celui qui est trompé, leurré, la méprise des sens ou de l’esprit qui se laisse abuser par l’apparence. Sous son aspect négatif, l’illusion s’apparente à un défaut de savoir. Positivement, elle est une croyance caractérisée par sa puissance et son énergie.

-          Chez Platon : Non pas ignorance simple mais ignorance qui s’ignore. C’est, par exemple, la situation des prisonniers dans la caverne, qui sont dans l’illusion précisément parce qu’ils n’ont pas conscience d’y être. L’illusion se retrouve à plusieurs niveaux : on peut être abusé par les sens, par le langage qui trompe faute de définitions correctes, par la séduction des discours sophistiques et surtout par les artistes qui produisent une illusion au troisième degré, puisque l’image du poète ou du peintre est l’image d’une image du réel. République, LVII  514a + LX / Le Sophiste 239c-240.

-          Chez Descartes : apparence trompeuse des sens, illusion perceptive. Ex du bâton brisé dans l’eau. Désigne également la confusion entre le réel et le rêve, la vie et le songe. C’est la réalité même du monde qui apparaît comme illusion au terme d’un processus de défiance systématique exercé par la raison (cf. le doute méthodique et radical, hyperbolique). Méditations Métaphysique, Méd. 1

-          Chez Spinoza : leurre qui subsiste même quand la connaissance scientifique substitue le vrai au faux. A la différence de l’erreur qui est susceptible d’être corrigée, l’illusion survit à sa réfutation et résiste à tout démenti de l’expérience ou du raisonnement. Ex : l’illusion finaliste. Ethique, I, Appendice + II, proposition 35, scolie + IV, proposition 1.

*  Vérité = Du latin veritas qui signifie vérité, réalité.

Caractère des jugements (et des propositions qui les expriment) capables de fonder un accorde universel entre les esprits. Opposé à opinion, erreur et synonyme d’objectivité. Adéquation de la connaissance avec son objet. Par extension, la vérité désigne ce qui est vrai, soit une proposition, soit un fait (dans le cas, elle est synonyme de réalité)

-          Saint Thomas d’Aquin, L’être et l’esprit.

-          Hume, Traité de la nature humaine.

-          Leibniz, La Monadologie, §33, L’entendement humain.

-          Kant, Critique de la raison pure, logique transcendantale.

En logique, caractère de ce qui est vrai en tan qu’il exprime l’accord de la pensée avec elle-même. Vérité est alors synonyme de validité. C’est le cas en logique et en mathématiques.

Vérité formelle = chez Kant, vérité formelle d’une proposition signifie un accord de la connaissance avec elle-même en tant que non contradictoire.

Vérité matérielle = toujours chez Kant, accord de la connaissance avec les phénomènes. C’est dans le cas des sciences expérimentales.

Vérité éternelle = Dans la philosophie classique, « vérités de raison «, propositions qui ne dépendent pas de l’expérience et dont supposées vraie indépendamment de la réalité du monde, créées de toute éternité par Dieu.

-          Descartes, Méditations métaphysiques, VI è réponse.

Leibniz, Discours de métaphysique.

*  Réconforter = redonner des forces, apporter du courage et de l’espoir

*  Souffrir = à la fois endurer, tolérer, admettre, et éprouver une douleur physique et morale.

·         Angles d’analyse

*  On se place ici très nettement du côté d’un présupposé qui pose comme équivalent réconfort et illusion d’un côté et souffrance et vérité de l’autre. Il s’agira bien sûr d’interroger cette équivalence : n’est-ce pas une vision réductrice ? L’illusion est-elle toujours du réconfort ? Et la vérité toujours du côté de la souffrance.

*  De manière plus radicale encore, il s’agira de trancher un certain plaisir de l’ignorant contre l’ascèse, ou en tout cas la désillusion du spécialiste, de celui qui en tout cas, approche la vérité ? En réalité c’est le statut de la connaissance véritable qui est ici mis à la question comme source d’épanouissement et de bonheur humain. 

*  Il s’agira donc de s’interroger sur ce qui est préférable pour l’homme en général, c’est-à-dire de droit et non seulement de faire : est-ce légitime de n’en rester qu’au stade de l’illusion sous le prétexte que la vérité fait souffrir ? En quoi, d’ailleurs, la vérité peut-être entendue comme source de souffrance ?

Problématique

            Est-on en droit, sous prétexte que la vérité apporte de la souffrance, tant morale que physique, de lui préférer l’illusion qui nous berce dans une douce ignorance ? La vérité est-elle source de souffrance en elle-même ou seulement en tant qu’elle désillusionne l’homme sur le monde et les choses ? N’est-ce pas bien plutôt l’illusion, dans son caractère irréductible, qui peut être source d’illusion ?

            Il faut donc en réalité s’interroger sur le statut de la connaissance : la vérité est-elle apte à rendre l’homme heureux, c’est-à-dire est-elle la réalisation pleine et entière de la nature raisonnable de l’homme si elle n’apporte que souffrance ?

 

illusion

« et souffrance et vérité de l'autre.

Il s'agira bien sûr d'interroger cette équivalence : n'est-ce pas une visionréductrice ? L'illusion est-elle toujours du réconfort ? Et la vérité toujours du côté de la souffrance. * De manière plus radicale encore, il s'agira de trancher un certain plaisir de l'ignorant contrel'ascèse, ou en tout cas la désillusion du spécialiste, de celui qui en tout cas, approche la vérité ? Enréalité c'est le statut de la connaissance véritable qui est ici mis à la question comme sourced'épanouissement et de bonheur humain.

* Il s'agira donc de s'interroger sur ce qui est préférable pour l'homme en général, c'est-à-dire dedroit et non seulement de faire : est-ce légitime de n'en rester qu'au stade de l'illusion sous leprétexte que la vérité fait souffrir ? En quoi, d'ailleurs, la vérité peut-être entendue comme source desouffrance ? Problématique Est-on en droit, sous prétexte que la vérité apporte de la souffrance, tant morale que physique, de luipréférer l'illusion qui nous berce dans une douce ignorance ? La vérité est-elle source de souffrance en elle-même ouseulement en tant qu'elle désillusionne l'homme sur le monde et les choses ? N'est-ce pas bien plutôt l'illusion, dansson caractère irréductible, qui peut être source d'illusion ? Il faut donc en réalité s'interroger sur le statut de la connaissance : la vérité est-elle apte à rendrel'homme heureux, c'est-à-dire est-elle la réalisation pleine et entière de la nature raisonnable de l'homme si ellen'apporte que souffrance ? Plan I- Une vérité contraignante · La vérité est en effet, sous plusieurs points de vue, source de souffrance.

Dans la pratique, il semble donc préférable d'opter pour garder ses illusions, qui ne demandent ni ascèse, ni douleur. · Contrainte formelle de la vérité tout d'abord.

En tant que la vérité s'exprime dans un discours vrai, elle nous impose les exigences de la logique.

Nous pouvons nous sentir contraints devant lepoids de conséquences qui découlent d'un principe, et de nos propres principes.

Nous noussentons contraints quand nous sommes mis en demeure de devoir surmonter nos proprescontradictions.

Nous sommes donc en souffrance, car dans la nécessité d'affronter les proprescontradictions de son esprit.

La vérité est donc un véritable effort, il s'agit de « se faireviolence », alors que, dans les faits, l'illusion est bien plus douce et réconforte, car elle nedemande que notre assentiment. · Cf.

: « La vérité porte en elle-même un élément de coercition, et les tendances fréquemment tyranniques si déplorablement manifeste chez les diseurs de vérité professionnels peuvent êtredues moins à un défaut de caractère qu'à leur effort pour vivre habituellement sous une sorte decontrainte.

Des affirmations comme "la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits', 'laterre tourne autour du soleil', 'mieux vaut souffrir le mal que faire le mal', 'en août 1914 l'Allemagnea envahi la Belgique' son très différentes par la manière dont elles ont été établies, mais une foisperçues comme vraies et déclarées telles, elles ont en commun d'être au-delà de l'accord, de ladiscussion, de l'option, du consentement.

Pour ceux qui les acceptent, elles ne sont paschangées par le nombre grand ou petit de ceux qui admettent la même proposition; la persuasionou la dissuasion était sont inutiles car le contenu de l'affirmation n'est pas d'une nature persuasivemais coercitive ».

La crise de la culture, Hannah Arendt · Contrainte matérielle du vrai, du fait que l'on doit regarder en face, ce qui est.

Il est assez désagréable parfois de devoir accepter des faits, de devoir s'incliner devant la justesse d'unjugement qui est peu favorable à ce que nous avons cru tout d'abord, ou à ce que nous avonsvoulu soutenir.

La vérité exige que nous cessions de nous dérober devant ce qui est, elle veutêtre regardée en face.

Quoi de plus contraignant quand nous nous faisons une toute autre idée ?Il y a des faits que nous ne voudrions pas voir et des torts que nous ne voulons pas reconnaîtreet pourtant la lucidité demande d'ouvrir les yeux. II- Mais cette souffrance élève l'homme · Pour autant, l'illusion en tant qu'elle montre un rapport inné de confiance, constitue le rapport spontané de l'homme au monde et à lui-même.

Nous prenons le monde pour ce qu'il se donne, nouscroyons autrui, nous nous fions à nos sentiments ou nos impressions.

C'est ce premier élan quevient contrarier l'expérience de l'illusion : ayant été abusée, notre confiance naturelle se trouveébranlée.

Une telle déconvenue provoque une crise qui peut mener au repli sur soi et audécouragement : que l'illusion soit possible semble invalider par avance toute prétention àatteindre le vrai ou à prendre appui sur quelque certitude que ce soit.

Aussi le thème de l'illusionnourrit-il les doctrines sceptiques dont la sagesse désabusée recommande comme seule attitude. »

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