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Existe-t-il des peuples sans histoire ?

Publié le 08/07/2012

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histoire

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« LES DOSSIERS PHILO disqualification de l'Afrique entraîne son évic­ tion hors du champ de l'histoire et de l'esprit.

L'histoire universelle, qui est « l'extériorisation de l'esprit dans le temps »,fonctionne sans elle.

À ce niveau où « les peuples sont ce que sont leurs actions» (Ibid.), l'Afrique, qui n'a pas d'histoire, n'est pas non plus reconnue comme agissante.

Au regard de l'histoire universelle, elle n'est pas.

Hegel l'exclut donc de son histoire non pas parce que son apport serait dépassé, mais pire, parce qu'il ne serait jamais advenu.

Cette conception de l'histoire à sens unique repose sur la vision erro­ née d'un présent ethnocentré, qui ne considère l'autre et son histoire que pour mieux attester sa propre position, sa réussite.

C'est ce que Roland Barthes reproche à Voltaire dont le Candide visite tant de cultures différentes : « S'agrandir pour se confirmer, non pour se transformer, tel est le sens du voyage voltairien.

» (Essais critiques, « Le Dernier des écrivains heureux ») Les conditions du récit historique Considérer qu'un peuple puisse être sans histoire ou « pas assez entré dans l'histoire » renvoie à une décision prise par celui qui fait l'histoire en l'énonçant.

L'histoire est toujours située.

Elle s'écrit depuis un lieu.

L'enjeu de l'inscription historiographique est d'instaurer une coupure entre un présent qui énonce et un passé, une altérité radicale enfin circonscrite dans un dis­ cours.

« Tout se passe comme si l'écriture tenm du temps la double caractéristique de perdre l lieu (c'est un exil) et de dévorer la vie (c'est u; cannibalisme).

» (Michel de Certeau, Histoire E psychanalyse) L'histoire se définit par rapport son autre, à la place qu'elle assigne à l'autre.

ParlE aujourd'hui de peuple sans histoire revient à faire croire que celui-ci demeure plongé dans son creuset de légendes, qu'il n'a pas effectué ce travail de mise à distance d'un passé resté vivant dans le présent, qu 'il ne l'a pas écrit pour s'en détacher.

C'est pousser hors du champ de l'histoire un peuple qui a néces­ sairement une existence historique.

C'est occuper à son insu la place de son propre discours légitime.

C'est lui dénier le droit à la parole parce qu'il n'en aurait pas rem­ pli les conditions.

28 Le pouvoir du retour de l'autre L'histoire, qui entend à un moment donné fixer un récit de faits passés, doit compter avec ce qu'elle passe sous silence.

En cherchant à atténuer la part d'étrangeté du passé, le discours historiogra­ phique n'en garde que des fragments encastrés dans le puzzle du présent.

L'histoire n'est jamais totale : ce qu'elle choisit d'oublier la dépasse par ses marges, et revient.

Le peuple prétendument sans histoire, qui ne tirerait que du passé les res­ sorts de son développement, a une réalité pour le moins inquiétante.

Celle d'un revenant qui hante une vision historique conventionnelle fondée sur l'idée de progrès.

Son existence est un déni.

Sa mémoire rappelle que l'entrée dans l'histoire moderne se fait en fonction de conditions diffé­ rentes que l'on soit un pays colonial ou un peu­ ple colonisé, que l'on soit du côté de ceux qui écrivent ou de ceux qui sont écrits.

Dire l'his­ toire de l'Afrique depuis celle de l'Europe revient à marquer une distance fondée sur un jugement de valeur qui empêche l'écriture d'une vraie his­ toire en commun.

Cette dernière suppose d'écou­ ter la voix de chaque peuple dans le concert des nations et de ne pas s'en tenir aux règles de sa propre harmonie.. »

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