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Que faut-il penser de cette affirmation: "Nous savons que nous sommes mortels, mais nous ne le croyons pas" ?

Publié le 05/02/2004

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Peut-être ce savoir nous serait-il insupportable, si nous ne pouvions pas l'occulter la plupart du temps... Mais, généralement, nous négligeons de penser à notre condition Les hommes, constate Montaigne (1533-1592), négligent, de penser à la mort : «ils vont, ils viennent, ils trottent, ils dansent, de mort nulles nouvelles» (Essais, I, 20). Nous sommes, disait Pascal, comme des «hommes dans les chaînes, et tous condamnés à la mort» (Pensées, frag. 199, éd. Brunschvig).   "Quand je m'y suis mis quelquefois, à considérer les diverses agitations des hommes, et les périls et les peines où ils s'exposent, dans la cour, dans la guerre, d'où naissent tant de querelles, de passions, d'entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j'ai découvert que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos, dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s'il savait demeurer chez soi avec plaisir, n'en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d'une place. On n'achètera une charge à l'armée si cher, que parce qu'on trouverait insupportable de ne bouger de la ville; et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu'on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. Mais quand j'ai pensé de plus près, et qu'après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j'ai voulu découvrir la raison, j'ai trouvé qu'il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près.

« La mort en face L'homme moyen, selon Heidegger, ne connaît la mort que sous la forme d'un événement qui ne lui arrive pas enpropre : il élude sans relâche l'expérience de l'angoisse. On ne connaît que la mort, attendue ou accidentelle, des autres.

La mort est celle des proches ou des inconnus.Elle est un événement naturel, banal, pris dans l'ordinaire des faits divers quotidiens : "La mort se présente commeun événement bien connu qui se passe à l'intérieur du monde." Cette banalité quotidienne des événements secaractérise par l'absence d'imprévu, et la mort comme événement ne déroge pas à la règle.

En revanche, ma propremort est un événement prévu, qui fait l'objet d'une absolue certitude, mais comme réalité absente, non encoredonnée, elle estindéterminée et pour cette raison n'est pas à craindre.

L'expérience me montre qu"'on meurt", c'est-à-dire que lamort concerne avant tout le "on" : tout le monde, et personne en particulier.

Et tant que l"'on meurt", ce n'estprécisément jamais moi qui meurs.

"On", c'est tous, donc pas moi en particulier.

Dans l'expérience quotidienne de lavie, le "fait de mourir" est ramené au niveau d'un événement qui concerne bien la réalité humaine, mais elle advienttoujours pour moi par procuration.

Dans la réalité humaine et sociale, la mort est un événement qui relève dudomaine public.

A ce titre de pseudo-réalité, nous en oublions ses éléments constitutifs : en soi, la mort est uninconditionnel et un indépassable qui fonde la possibilité de ma propre existence et sa prise de conscience.

Elle estun impensable qui fait le fond de la possibilité de penser mon existence propre : "Le "on" justifie et aggrave latentation de se dissimuler à soi-même l'être pour la mort, cet être possédé absolument en propre." Quand on dit quela mort n'est "pas encore, pour le moment", on s'accroche à la réalité humaine pour se voiler la certitude que l'onmourra un jour.

On fuit la mort, parce que c'est une pensée fatigante et inaccessible, et que nos soucis quotidiensnous paraissent plus importants que la réflexion sur le fondement de tout être humain d'être un être pour la fin.

Lamort est sans cesse différée, et sa préoccupation laissée à l'opinion générale. L'«insensé», laisse passer sa vie en pure perte : il s'affaire, il court ici ou là, et il oublie ainsi «cette éternité danslaquelle les mortels auront à passer tout le temps qui reste à courir après la mort» (Lucrèce, De la nature, III). La mort est, selon Épicure, un néant de douleur tout comme elle est un néantde plaisir.

Ce qui n'est rien ne saurait aucunement nous menacer, et l'idée quela mort n'est rien nous apporte la délivrance . La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une deses plus grandes craintes : la crainte de la mort.

Les hommes ont peur de lamort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignentconfusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-êtreen punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imaginerontque quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans lesflammes de l'enfer.

La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, nesommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nosatomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui sedécompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivreaprès la mort du corps, ont tort.

Car l'âme elle-même est faite de matière,certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes,elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elleest la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée etde mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps àcommencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation. » En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d' Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

» Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste.. »

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