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L'histoire se fait-elle toute seule ?

Publié le 01/03/2004

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histoire
[...] Or la conséquent la plus prochaine qui se rattache à la transformation, c'est que celle-ci qui est ruine, est aussi naissance d'une vie nouvelle. » La transformation, les grandes périodes de l'histoire sont les moments où le monde existant et reconnu est mort, miné par de nouvelles possibilités, par l'exigence de donner forme au nouveau stade de l'Idée de liberté. Or la force de casser les vieilles structures et de fonder les nouvelles, Hegel l'assigne aux grands hommes de l'histoire (Alexandre, César, Napoléon). Ce sont des héros dans la mesure où leurs passions personnelles coïncident avec l'exigence du temps, et leur donnent la capacité de passer par-dessus les lois et la morale reconnues pour « accoucher » l'histoire de sa nouvelle forme. La ruse de la raison, la ruse de l'histoire consistent en ce que les hommes croient réaliser leur ambition et mettent en réalité au jour ce qu'exigeait l'époque : « Il résulte de l'action des hommes en général encore autre chose que ce qu'ils projettent et atteignent, que ce qu'ils savent et veulent immédiatement ; ils réalisent leurs intérêts, mais il se produit avec cela quelqu'autre chose qui y est caché à l'intérieur, dont leur conscience ne se rendait pas compte, et qui n'était pas dans leurs vues. » Les passions humaines, les buts particuliers des hommes ne servent qu'à réaliser la progression de l'Idée de liberté, et la connexion du stade déterminé de la conscience de la liberté et des aspirations humaines se manifeste au sein d'une forme politique et étatique elle-même déterminée : « Ainsi deux éléments interviennent dans notre sujet : l'un est l'Idée, l'autre les passions humaines ; l'un est la chaîne, l'autre la trame du grand tapis que constitue l'histoire universelle étendue devant nous. La liberté morale dans l'Etat forme le centre concret et la jonction de ces deux éléments. » L'ultime conséquence de cette compréhension de l'histoire est que, loin qu'on puisse juger l'histoire, celle-ci devient le tribunal des actions humaines. Une fois reconnue la nécessité suprême du développement de l'Idée de liberté et de sa réalisation concrète dans l'Etat, les considérations morales deviennent oiseuses.
histoire

« despotisme.Selon le déploiement de la conscience de la liberté, chez un autre peuple se manifestera une phase plus haut,plus développée de l'Idée de liberté.« Chez les Grecs s'est d'abord levée la conscience de la liberté, c'est pourquoi ils furent libres, mais eux, aussibien que les Romains, savaient seulement que quelques-uns sont libres, non l'homme en tant que tel.

Celamême Platon & Aristote ne le savaient pas ; c'est pourquoi […] les Grecs ont eu des esclaves desquelsdépendaient leur vie mais leur belle liberté.

»Cette phrase implique d'autres conséquences, aussi essentielles.

La philosophie est fille de son temps.

Ainsimême des philosophes aussi prestigieux que Platon et Aristote ne pouvaient « sauter par-dessus leur temps »et comprendre que l'homme en tant qu'homme est libre.La philosophie ne fait que tirer au clair, rationaliser, comprendre la nécessité et les failles de ce qui est.

On nesaurait condamner plus fermement le mépris du présent et les créations d'Utopie.

mais on commence aussi àcomprendre ce qui fait passer d'une phrase à une autre de l'histoire : c'est la contradiction qui se manifestedans la conscience que les hommes ont de la liberté, et par suite, dans la forme étatique qui en résulte.

Ainsila belle liberté grecque, cette forme unique qu'est la « polis » se voit dépendante des esclaves, c'est-à-direde son contraire : la servilité.En fin c'est dans le christianisme qu'émerge la conscience que « l'homme en tant qu'homme est libre, que laliberté universelle constitue sa nature propre ».

Cependant cette connaissance reste d'abord confinée dans lasphère intime de la religion (par exemple l'esclavage ne disparaît pas).

La tâche politique moderne est detransformer cette conscience en réalité, c'est-à-dire de la prendre pour fondement de l'ordre juridique etétatique (comme la Révolution française a tenté de le faire, en ^laçant la liberté et l'égalité pour fondementsde son régime).

Ainsi, « Cette application du principe aux affaires du monde, la transformation et lapénétration par lui de la condition du monde, voilà le long processus qui constitue l'histoire elle-même.

» On comprend dès lors, en partie, pourquoi « L'histoire présente le développement de la conscience qu'al'esprit, et de la réalisation produite par une telle conscience.

»On peut déduire de tout cela deux points centraux.• D'abord, la philosophie de Hegel est idéaliste.

Non pas au sens trivial (selon lequel serait idéaliste celui quiaurait des idéaux) ; bien au contraire, cet idéalisme est méprisé et dénigré par Hegel.

Mais au sens vrai : c'estla conscience qui est première et qui détermine l'être.

L'idée de liberté est première et la tâche historique estd'abord le déploiement de sa forme initiale et unilatérale jusqu'à sa vérité, ensuite sa réalisation concrète dansle monde.• D'autre part, la conception hégélienne de l'histoire est tragique.

En ce sens d'abord que l'adaptation duprincipe au monde, de la conscience de la liberté à la réalité concrète, qui est par essence la tâche historique« exige un long & pénible effort d'éducation ».« L'histoire universelle n'est pas le lieu de la félicité.

Les périodes de bonheur y sont des pages blanches : carce sont des périodes de concorde auxquelles font défaut l'opposition.

» L'histoire du monde n'est pas lelieu de la félicité.

Les périodesde bonheur y sont des pagesblanches (La Raison dansl'histoire) Ce que montre l'histoire apparente est unspectacle de violence et de fureur où lebonheur des peuples est la plupart dutemps sacrifié.

Les peuples heureux n'ontdonc pas d'histoire. Si Kant, en effet, accordait une certaine positivité au conflit social, comme moteur de l'évolution, Hegel vaplus loin, en légitimant en quelque sorte la violence révolutionnaire.

C'est en effet par la violence que l'onpasse d'un stade déterminé de la conscience de la liberté et de la forme d'État qui lui correspond à un stadeplus développé.

Or chaque peuple incarne un moment de ce processus : « L'esprit d'un peuple est un espritdéterminé […] selon le degré historique de son développement.

»La violence peut prendre la forme d'une guerre pour l'hégémonie : « L'idée générale, la catégorie qui seprésente d'abord dans ce changement sans trêve des individus et des peuples qui existent un temps puisdisparaissent, c'est en général la transformation.

La vue des ruines d'une magnificence antérieure, nousconduit à saisir cette transformation par son côté négatif.

[…] Or la conséquent la plus prochaine qui serattache à la transformation, c'est que celle-ci qui est ruine, est aussi naissance d'une vie nouvelle.

»La transformation, les grandes périodes de l'histoire sont les moments où le monde existant et reconnu estmort, miné par de nouvelles possibilités, par l'exigence de donner forme au nouveau stade de l'Idée de liberté.Or la force de casser les vieilles structures et de fonder les nouvelles, Hegel l'assigne aux grands hommes del'histoire (Alexandre, César, Napoléon).Ce sont des héros dans la mesure où leurs passions personnelles coïncident avec l'exigence du temps, et leurdonnent la capacité de passer par-dessus les lois et la morale reconnues pour « accoucher » l'histoire de sanouvelle forme.La ruse de la raison, la ruse de l'histoire consistent en ce que les hommes croient réaliser leur ambition etmettent en réalité au jour ce qu'exigeait l'époque : « Il résulte de l'action des hommes en général encoreautre chose que ce qu'ils projettent et atteignent, que ce qu'ils savent et veulent immédiatement ; ilsréalisent leurs intérêts, mais il se produit avec cela quelqu'autre chose qui y est caché à l'intérieur, dont leurconscience ne se rendait pas compte, et qui n'était pas dans leurs vues.

». »

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