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l'homme est-il un produit social ?

Publié le 22/11/2005

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Car le terme de produit signifierait que l'homme est fabriqué par la société : il ne serait au principe d'aucune de ses actions. Or ce n'est pas ce que disent Durkheim ou Freud. Durkheim met à disposition l'outil de la statistique pour comprendre, par un certain biais, mais il n'a pas prétention à expliquer l'homme comme on explique une équation. Quant à Freud, il n'a jamais prétendu que l'inconscient est une force obscure et irrésistible qui annihilerait la liberté de l'individu.  Jaspers insiste sur cette distinction, car expliquer, c'est trouver de l'extérieur un rapport entre deux choses. Tandis que comprendre revient à saisir de l'intérieur, une signification, ce qui va bien au-delà de la collecte de lois générales dans une collection d'observation. Il faut donc se servir de la sociologie, ou de la psychanalyse, mais il faut toujours replacer ce qu'elles nous permettent de mettre en évidence, dans une approche globale du fait humain. Ainsi se l'homme se définit essentiellement comme subjectivité, par sa conscience et sa liberté. L'action humaine est marquée par la contingence.     III.

La difficulté de ce sujet réside dans le fait qu’on ne peut donner une définition de l’homme conforme à celles que donnent les dictionnaires, car elles sont largement insuffisantes. Ce qui, justement, définit l’homme, c’est qu’il ne peut se laisser enfermer dans une définition, qui est toujours une délimitation, donc une limitation. On pourrait, dès lors, répondre tout de suite que l’homme ne peut être un produit social, parce que cela voudrait dire que l’homme est complètement déterminé par son milieu. Est-ce pour autant que l’homme est complètement autonome et imperméable à son milieu ? Cela signifierait que l’homme est dès le début déterminé à être imperméable à toute évolution ou influence, il serait un être complètement biologique. Ce sujet nous demande donc de réfléchir sur la part de nature et de culture en l’homme.

 

 

« Sartre doit son immense notoriété à la vogue de l'existentialisme (philosophie de la liberté et de la responsabilité), dont il fut considéré comme le fondateur,même si la lecture de la « Phénoménologie » de Husserl et de « L'Etre et le Temps » de Heidegger l'a profondément influencé.

Deux formules pourraient résumer sa conception de la liberté.

La première, que l'on trouve dans« Saint Genet » (1952): « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous .

» La seconde, qui figure dans un opuscule intitulé « L'Existentialisme est un humanisme » (Nagel) où Sartre répond à diverses objections formulées notamment, par les catholiques et les marxistes à sa conception existentialiste de l'homme: «L'homme est condamné à libre .

» Qu'est-ce que l'existentialisme ? C'est l'affirmation que, chez l'homme,l'existence précède l'essence.

Autrement dit, rien n'est donné d'avance àl'homme.

N'ayant pas d'essence préalable, l'homme se trouve condamné àchoisir librement son essence : « Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il sedéfinit d'abord.

L'homme tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pasdéfinissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

il ne sera qu'ensuite, et il sera telqu'il se sera fait. » L'homme n'est ni ceci ni cela.

Son existence n'est d'abord soutenue par rien.

C'est précisément parce que l'hommen'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peut qu'être liberté.

La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre.

Un arbre ne peut jamais être quel'arbre qu'il est.

Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est.

Tout objet matériel est.

L'hommen'est pas.

Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pas décidé d'avance.

L'homme est ce qu'il sefait: « Ainsi il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir L'homme est seulement, nonseulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veutaprès cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. » Et si l'homme n'est d'abord rien et doit librement choisir son essence, cela signifie qu'il est pure subjectivité,projet : « C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité.

et que l'on nous reproche sous ce nom même.

Mais que dire parlà, sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou la table ? Car nous voulons dire que l'hommeexiste d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de seprojeter dans l'avenir L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d'être une mousse, unepourriture ou un chou-fleur » La liberté est donc, pour Sartre , un absolu qui ne se choisit pas.

L'homme ne choisit pas d'être libre, il l'est, il ne peut que l'être.

Il l'est tout entier et toujours.

Il ne saurait être tantôt libre, tantôt esclave.

Ce que Sartre exprime sous cette formule : « L'homme est condamné à être libre .

» Si l'homme est celui qui se fait, ce projet réalise pas dans l'intimité douillette d'un ego refermé sur lui-même, maisne peut se réaliser que dans son rapport au monde et à autrui.

L'homme est « en situation ».

C'est-à-dire qu'il est « conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'à ses sentiments et ses pensées.

Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut se choisir lui-même dans sa «manière d'être ».

Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux du capitalisme, du parlementarisme, de la centralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cette situation familiale qui l'a constitué qu'il entreprend de se « personnalise r ».

D'où la formule : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté elle est ce à partir d'où commence la liberté.

C'est la raisonpour laquelle Sartre a pu écrire en 1944 dans « Les Lettres française » (fondé par Aragon et Paulhan ): « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande. » Qu'est-ce à dire, sinon qu'à ce moment-là, puisque nous étions traqués, « chacun de nos gestes avait le poids de l'engagement » ? La liberté est donc le choix permanent qui oblige chacun, à chaque instant, quel que soit l'obstacle ou la situation, à se faire être. Ainsi, pour Sartre , si l'existence précède l'essence et si Dieu n'existe pas, l'homme est alors responsable de ce qu'il fait, de ce qu'il est : « Nous n'avons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses.

Nous sommes seuls, sans excuses.

C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme estcondamné à être libre.

Condamné parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parcequ'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait .

» Mais par là, Sartre signifie aussi que l'homme est « responsable de tous les hommes » :. »

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