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l'imagination n'est-elle qu'une puissance trompeuse ?

Publié le 18/03/2004

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On en propose l'exemple suivant. Dans sa "Dioptrique", Descartes ne se prononce pas sur la nature de la lumière: il propose diverses images de ce qu'elle pourrait être. Celles qui semblent l'emporter, comme en témoignent les figures, celle de la trajectoire d'une balle en particulier, sont des images mécaniques. Huyghens, dans son "Traité de la lumière" recourt à des images très différentes (celle de la propagation d'ondes). Les formules mathématiques des lois de la réflexion et de la réfraction sont identiques dans l'un et l'autre cas. Cependant, la vision de Huyghens est susceptible d'inspirer et de soutenir la solution de certains problèmes (celui de la double réflexion d'un cristal de calcite) que ne permet pas de comprendre la vision cartésienne. Durant longtemps, l'image que proposait Huyghens ne fut pas prise en considération (à cause de l'autorité de Newton dont l'optique est régie par des images mécaniques). Elle est pourtant à la source de la conception ondulatoire de la lumière.Valéry, qu'enthousiasma la lecture du "Traité d'électro-magnétisme" de Maxwell, fait état, dans l' "Introduction à la méthode de Léonard de Vinci" du rôle que peut jouer ce qu'il appelle la "logique imaginative". Il en trouve un exemple chez Faraday: "Faraday n'était pas mathématicien, mais il ne différait des mathématiciens que par l'expression de sa pensée, par l'absence de symboles dans l'analyse.

« Valéry, qu'enthousiasma la lecture du "Traité d'électro-magnétisme" de Maxwell, fait état, dans l' "Introductionà la méthode de Léonard de Vinci" du rôle que peut jouer ce qu'il appelle la "logique imaginative".

Il en trouveun exemple chez Faraday: "Faraday n'était pas mathématicien, mais il ne différait des mathématiciens que parl'expression de sa pensée, par l'absence de symboles dans l'analyse.

"Faraday voyait, par les yeux de sonesprit, des lignes de forces traversant tout l'espace où les mathématiciens voyaient des centres de forces'attirant à distance" (Maxwell).

Une nouvelle période s'ouvrit pour la science physique à la suite de Faraday;et quand Maxwell eut traduit dans le langage mathématique les idées de son maître, les imaginationsscientifiques s'emplirent de telles visions dominantes.

La précisions de plus en plus grande demandée à lafiguration des modes de l'énergie, à la volonté de voir ont fait apparaître des constructions hypothétiques d'unintérêt logique et psychologique immense." d) La connaissance historique ne saurait se développer sans faire appel à l'imagination.

Elle exige une aptitudeà compléter les traces du passé par une vision des choses disparues.

On peut même considérer que la simplefiction (Aristote) n'est pas sans nous fournir une connaissance.Particulièrement intéressant -et plus difficile à étudier- est ce qu'on pourrait appeler l'usage méthodique de lafiction tel que le pratique par exemple Rousseau dans le "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalitéparmi les hommes".

De l'homme à l'état de nature nous n'avons aucun témoignage et aucune observation n'enest possible.

Il est pourtant nécessaire de "savoir démêler ce qu'il y a d'originaire et d'artificiel dans la natureactuelle de l'homme".

Faute de pouvoir résoudre le problème qu'il formule dans sa "Préface" ("Quellesexpériences seraient nécessaires pour parvenir à connaître l'homme naturel; et quels sont les moyens de faireces expériences dans la société?") Rousseau se propose de restituer la nature de l'homme en "écartant tousles faits".

"Il ne faut pas prendre les recherches dans lesquelles on peut entrer sur ce sujet pour des véritéshistoriques mais pour des raisonnements hypothétiques et conditionnels, plus propres à éclairer la nature deschoses qu'à en montrer la véritable origine, et semblables à ceux que font tous les jours nos physiciens sur laformation du monde." C'est au mythe qu'il appartient de retracer l'histoire de l'origine.

Un mythe n'offre pas deconnaissance, encore qu'il puisse l'inspirer.

S'agit-il donc dans la description de l'état de nature et celle dupassage à l'état civil d'un mythe? On remarquera qu'il ne fait intervenir aucune puissance divine: par là ilrenouvelle l'effort de rationalité mis en oeuvre par Démocrite et Lucrèce (livre 5).

Il s'agit donc plutôt d'untravail de recherche des principes, d'ordre métaphysique, que d'une rêverie sans fondement. III.

— L'IMAGINATION ÉTRANGÉRE A LA VÉRITÉ ET A L'ERREUR. Mais les panégyristes de l'imagination comme ses détracteurs ne voient qu'un côté du réel, et nous lesrenvoyons dos à dos comme manquant d'impartialité. a) A strictement parler, l'imagination ne trompe pas parce qu'elle ne se prononce pas sur la vérité de sesconstructions.

L'erreur n'est que dans le jugement et non dans la simple représentation : je ne me trompe pasen rêvant à ce que je ferai à la nouvelle de mon succès à l'examen; il n'y aurait erreur que si je me croyaisdéjà reçu.

Or l'imagination ne juge pas : elle se contente de faire défiler devant les yeux de mon esprit deshypothèses multiples grâce auxquelles je ne serai pas pris au dépourvu; c'est au bon sens ou à la raison defaire la critique de ces hypothèses et de retenir la plus vraisemblable.

L'erreur, quand elle se produit, n'est pasimputable à l'imagination, mais à la puissance de juger on à l'état d'âme qui empêche le jeu de cette puissance. b) C'est l'affectivité qui explique les erreurs attribuées à l'imagination.

Pascal le reconnaît dans le passagemême qui condamne si 'sévèrement l'imagination ! « Notre propre intérêt est un merveilleux instrument pournous crever agréablement les yeux ».

Nous acceptons sans, contrôle ce qui répond à notre désir ou à notreattente.

Le plus souvent, c'est l'hypothèse qui nous est la plus favorable, et nous passons notre vie à bâtirdes châteaux en Espagne sans poser la première pierre de la plus humble bicoque réelle.

Mais il est aussi destempéraments malheureux qui prévoient toujours le pire et dont la vie sans histoire est empoisonnée par laperspective de catastrophes toujours imminentes.

Ces erreurs ne sont pas dues à l'imagination, mais àl'absence d'un contrôle rationnel de la vie affective. CONCLUSION. — Nous conclurons donc à l'ambivalence de l'imagination.

Elle n'est pas plus une « maîtresse d'erreur et de fausseté » que l'arsenic n'est l'auteur de tant de crimes et de morts.

Nous devons voir en elle unoutil dont le rendement diffère du tout au tout suivant la main qui le manie, de même que l'arsenic devientremède ou poison suivant les desseins au service desquels il est utilisé; manoeuvrée par nos puissancesirrationnelles, l'imagination aboutit normalement à l'illusion et à l'erreur; mais, mise au service de la raison, elleest le moyen indispensable pour découvrir la vérité.. »

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