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Qu'est-ce que l'injustice ?

Publié le 27/02/2005

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On voit donc qu'on ne peut confondre légalité et légitimité, et que l'on peut commettre l'injustice dans le cadre de la légalité. Ce qui sera considéré comme une injustice dépendra donc de la norme de justice que l'on adoptera. Il peut être utile de distinguer légalité et légitimité, car cela invite chacun à s'interroger en son for intérieur, pour se demander si ses actions ne peuvent pas être injustes tout en étant pourtant en plein accord avec la légalité. Il faut pourtant remarquer qu'il est important d'essayer de trouver un principe de justice qui soit objectif. En effet si chacun invoquait sa propre conception de la justice pour ne pas respecter la loi, la vie en société deviendrait impossible.   III. L'injustice est un manque de discernement dans l'application de la loi.               Nous avons vu que l'injustice pouvait résider dans le respect aveugle de la loi lorsque cette loi est elle-même injuste. Mais il peut également se faire que la loi soit juste et qu'elle donne pourtant lieu à des injustices. En effet la loi est par essence générale, ce qui implique qu'elle ne peut pas anticiper sur tous les cas particuliers qui peuvent se présenter.

 L’injustice est un concept négatif, au sens où il ne se comprend que par opposition à la justice. On dira que ce qui est injuste, c’est ce qui ne respecte pas la justice. Pour déterminer ce qu’est une injustice, il faut donc envisager en quels sens on peut ne pas respecter la justice. La justice peut s’entendre d’abord comme conformité à la loi. En effet pour qu’une action puisse être dite juste ou injuste, il faut pouvoir l’évaluer par rapport à un critère. Or en l’absence de loi on n’aurait aucun critère pour évaluer l’action. Dans cette perspective,  l’injustice se comprendra alors comme le fait de ne pas respecter la loi. Si le fait de ne pas respecter la loi est injuste, c’est que la loi est censée être la même pour tous, et qu’elle est donc censée garantir à chacun les mêmes droits, mais impose également à chacun les mêmes devoirs. Donc celui qui ne respecte pas la loi rompt l’égalité devant la loi est se comporte donc de manière injuste, puisqu’il n’assume pas la part de devoirs qui lui revient. On peut pourtant faire remarquer que la légitimité ne se confond pas avec la légalité. Il se peut en effet que la loi elle-même ne soit pas juste. Dans cette mesure il peut être injuste de respecter la loi, et juste de la transgresser. L’injustice sera alors non plus de ne pas respecter la loi positive, édictée par les hommes, mais de contrevenir à une norme de justice inscrite dans la nature même des choses. Mais il se peut aussi qu’une loi juste donne lieu à des applications injustes de la loi. En effet la loi étant par essence générale, elle ne peut anticiper sur les cas particuliers qui se présentent. Il se peut alors que la loi soit juste dans son principe, mais donne lieu à des applications injustes. L’injustice est alors manque de jugement, c'est-à-dire incapacité à appliquer la loi avec discernement.

« il peut exister des lois injustes.

C'est par exemple ce que montre le dialogue de Platon intitulé Gorgias .

Socrate discute avec Calliclès de la justice et du fait de savoir si elle consiste àrespecter la loi.

Or Calliclès conteste que les lois positives, c'est-à-dire cellesinstituées par les hommes, soient justes.

En effet Calliclès prétend qu'il y aune loi inscrite dans la nature des choses qui s'oppose aux lois positives, etque c'est cette loi qui dit véritablement ce qui est juste ou injuste.

PourCalliclès ce sont les faibles qui font les lois de la cité, et leur objectif estsimplement de neutraliser les hommes forts.En règle générale, la loi et la nature se contredisent.

D'un point de vuenaturel, le plus grand des maux est de subir l'injustice et non pas de lacommettre.

Pour la loi, il ne faut pas commettre l'injustice.

Les lois sont ainsiétablies par les faibles - et pour eux - en vue de se protéger desdébordements de force des plus puissants.

C'est du point de vue des faiblesque la loi décrète ce qui est digne d'éloge ou au contraire blâmable.

La notiond'égalité dans la justice obéit au même principe : la même loi pour tous, enétablissant une égalité par le bas.

Quiconque n'agit pas comme le fait et leveut la multitude est puni par la loi.

Au contraire, la nature montre qu'il estjuste que le supérieur l'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le moinscapable.

La nature est le siège d'une lutte de forces, où la plus puissante estdestinée à l'emporter et à dominer.

Les bâtisseurs d'Empires n'ont pasautrement agi, en pillant, massacrant, pour s'approprier et dominer.

Lasoumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, qui craignent lespuissants et sont incapables de dominer.Or le droit selon la nature c'est au contraire que le plus fort commande au plus faible.

Respecter la légalité du droitpositif revient donc en fait à commettre une injustice, en contrevenant à la justice selon la nature.

Dans cetteperspective, commettre une injustice, c'est ne pas respecter un principe de justice qui ne se confond pas avec la loipositive.

On voit donc qu'on ne peut confondre légalité et légitimité, et que l'on peut commettre l'injustice dans lecadre de la légalité.

Ce qui sera considéré comme une injustice dépendra donc de la norme de justice que l'onadoptera.

Il peut être utile de distinguer légalité et légitimité, car cela invite chacun à s'interroger en son forintérieur, pour se demander si ses actions ne peuvent pas être injustes tout en étant pourtant en plein accord avecla légalité.

Il faut pourtant remarquer qu'il est important d'essayer de trouver un principe de justice qui soit objectif.En effet si chacun invoquait sa propre conception de la justice pour ne pas respecter la loi, la vie en sociétédeviendrait impossible.

III.

L'injustice est un manque de discernement dans l'application de laloi.

Nous avons vu que l'injustice pouvait résider dans le respect aveuglede la loi lorsque cette loi est elle-même injuste.

Mais il peut également sefaire que la loi soit juste et qu'elle donne pourtant lieu à des injustices.

Eneffet la loi est par essence générale, ce qui implique qu'elle ne peut pasanticiper sur tous les cas particuliers qui peuvent se présenter.

Il se peutdonc que cette loi, juste dans son principe, lorsqu'elle est appliquée à lalettre, donne lieu à des injustices.

C'est ce qui fait dire à Aristote dansl'Ethique à Nicomaque, V, que la justice doit être corrigée par l'équité.

Si la justice consiste à juger un cas particulier selon la loi, c'est-à-dire selon lestextes juridiques, l'équité consiste à donner à chacun selon ce que soncomportement ou sa situation appelle comme rétribution ou commechâtiment, en corrigeant ce que la loi peut avoir de rigide.

Aristote comparele principe d'équité à la règle de plomb que l'on utilise pour construire lesbâtiments.

Il s'agit d'une ficelle lestée d'un morceau de plomb (pour montrer laverticale), mais qui est suffisamment souple pour épouser les formes de lapierre.

De même, le juge doit s'adapter aux cas particulier qui n'ont pu êtreprévus par le législateur.

L'injustice ne s'oppose plus alors à la justice mais àl'équité.

L'injustice c'est de ne pas faire preuve de discernement dans l'application de la loi a cas particulier (par exemple si la loi dit qu'un meurtrier doit être condamné à mort, mais qu'ilest établi qu'un homme en a tué un autre sans le faire exprès, parce qu'il ne savait pas que l'épée avec laquelle ils'entraînait n'était pas mouchetée, le juge doit tenir compte des circonstances et ne pas condamner l'homme àmort).

« L'équitable, tout en étant juste, n'est pas le juste selon la loi, mais un correctif de la justice légale.

Laraison en est que la loi est toujours quelque chose de général, et qu'il y a des cas d'espèce pour lesquels iln'est pas possible de poser un énoncé général qui s'y applique avec rectitude [...].

Quand, par suite, la loipose une règle générale, et que là-dessus survient un cas en dehors de la règle générale, on est alors endroit, là où le législateur a omis de prévoir le cas et a péché par excès de simplification, de corriger. »

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