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Le matérialisme est-il une négation de l'esprit ?

Publié le 05/04/2004

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Le matérialisme peut se comprendre comme la thèse défendant que le monde et sa substance sont  uniquement matérielle, c'est-à-dire renvoyant à la matière et niant tout recours à une entité  spirituelle. Le matérialisme s'oppose alors au spiritualisme qui voit dans l'esprit la substance  du tout. Le matérialiste, comme peut l'être La Mettrie, rejette l'existence de l'âme, de l'esprit ou de Dieu. Il fonde un athéisme. Tout peut alors s'expliquer de manière matérielle. L'âme n'est plus qu'un rouage. Toute pensée, toute émotion ou conscience est le fruit de l'action  de rouages. Ainsi, il semble bien que le matérialisme soit une négation de l'esprit, bien plus,  il ne serait qu'une illusion. Cependant, s'il est une négation de l'esprit du monde, il n'est  pas négation de la pensée elle-même en tant que le matérialisme se comprend comme un idéalisme. Dès lors au coeur même d'une critique du matérialisme, on pourrait voir que matérialisme et  spiritualisme reposent sur un même idéalisme le problème n'étant alors que de repérer la  substance, pour le coup quasi hypostasiée, à l'oeuvre : la matière et l'esprit. La démarche est  alors parallèle. Dès lors si il est négation de l'esprit c'est pour invoquer une autre substance  qui, au-delà d'une querelle de mot, pourrait bien renvoyer à un nouvel esprit.

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« fonctionner.

Argument similaire : on dispose d'une science élaborée pour les processus de la matière inerte alors quel'on ne dispose pas d'une telle science pour l'esprit ne faudrait-il pas prendre la physique comme modèle général? • Cette démarche repose néanmoins sur des postulats qui définissent a priori la réalité.

Affirmer que la naturedernière de la réalité est matérielle, cela n'est ni plus ni moins démontrable que l'inverse, le spiritualisme - dans lamesure où ce type d'affirmation porte non pas sur ce que l'on observe mais sur son interprétation. 111.

La négation de la négation • Dès l'Antiquité, le matérialisme n'était pas seulement un discours sur la nature de la réalité (chez Démocrite,Épicure puis Lucrèce : les atomes et le vide), mais se voulait un contre-discours : une critique de son opposé.

Si lacroyance aux esprits produit des craintes, si elle suppose un but à l'univers - but auquel nous devrions être soumis -, alors il faut affirmer que la réalité est hasard et matière, affirmation énoncée pour ses conséquences : absence dedestin, libération de la pensée à l'égard des dieux. Epicure pense que le but de la vie humaine est d'obtenir le bonheur.

Le moyen de parvenir au bonheur est le plaisir né de la satisfaction des désirs.

Ilfaut rechercher le plaisir, car c'est son accumulation qui constitue le bonheur.Cette doctrine s'appelle l'hédonisme (du grec « hêdonê », le plaisir).

Il faut donc se mettre en état de goûter du plaisir dans la vie, de profiter des bonsmoments, et même de chaque jour, de chaque instant, ce que dit la maximelatine qui reflète l'enseignement d' Epicure : « Carpe diem », « Cueille le jour ».

Pour cela il faut éliminer les soucis et les angoisses. Le matérialisme contre les angoisses religieuses. Une des premières cause d'angoisse chez les humains est, selon Epicure , l'inquiétude religieuse et la superstition.

Bien des hommes vivent dans lacrainte des dieux.

Ils ont peur que leur conduite, leurs désirs ne plaisent pasaux dieux, que ceux-ci jugent leurs actes immoraux ou offensants enversleurs lois et ne se décident à punir sévèrement les pauvres fauteurs, en lesécrasant de malheur dès cette vie ou en les châtiant après cette vie.

Ilspensent aussi qu'il faut rendre un culte scrupuleux à ces divinités, leuradresser des prières, des suppliques, leur faire des offrandes afin de seconcilier leurs bonnes grâces.

Car les dieux sont susceptibles, se vexent pourun rien, et sont parfois même jaloux du bonheur des simples mortels, qu'ils seplaisent alors à ruiner.

Toutes ces croyances qui empoisonnent la vie des hommes ne sont que des superstitions et des fariboles pour Epicure . Pour s'en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels des choses, il faut une connaissancemétaphysique, cad une science de la totalité du monde.

Celle-ci nous révélera que le principe de toutes choses estla matière, que tout ce qui existe est matériel.

Ainsi, la science peut expliquer tous les événements du monde, tousles phénomènes de la Nature, même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant demécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et nullement d'esprits divins aux volontés variables.

Parexemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sont nullement l'expression d'une vengeancedivine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles et indifférentes àvotre devenir.

C'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnant même le luxe de plusieurs explicationspossibles des mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pas de connaître la vraie cause duphénomène, mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.

C'est en effet cela seul qui importeà notre bonheur, puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses. • Le matérialisme célèbre la matière en raison inverse de sa dévalorisation initiale : un discours matérialiste surl'homme sera une défense de tout ce que l'esprit humain a rejeté comme indigne de considération.

En faisant del'autre de l'esprit ce qu'il faut penser, c'est comme s'il s'agissait, non pas de se restreindre à ce que l'on conçoit bien(comme dans le problème du cerveau), mais d'ouvrir la pensée à son autre, aux possibles qu'elle n'a pas encoresaisis.. »

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