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Le moi peut-il se connaître?

Publié le 11/04/2005

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Aussi Descartes écrit-il : « je suis une chose vraie, et vraiment existante ; mais quelle chose ? Je l'ai dit : une chose qui pense, c'est-à-dire un esprit, un entendement ou une raison » (Méditation métaphysiques, deuxième méditation). -          De plus, puisque je suis un être capable de prendre conscience du fait que  « je pense que je pense », je ne suis pas seulement une chose qui pense ce que le monde extérieur lui apporte, mais je suis en outre capable de réflexivité, c'est-à-dire d'être conscient de moi-même en tant qu'être pensant. La certitude de moi-même comme être pensant étant posée, ma conscience peut s'affirmer comme conscience de soi, car le moi fait retour sur soi et se connaît ainsi. -          Nous pourrions ainsi considérer avec Descartes que, s'il est tant d'opinions sur nous-mêmes dont nous pouvons douter, nous pouvons cependant être sûrs d'une chose : nous pouvons être certains que nous sommes des « choses qui pensent », c'est-à-dire des êtres doués de raison. Comme cette raison est réflexive et qu'elle constitue notre moi profond, nous pouvons affirmer que le moi peut se connaître. Il peut se connaître en tant que « chose qui pense », en tant qu'il est un esprit. -          Reste à interroger cette évidence cartésienne : la vérité du cogito est-elle si assurée qu'elle résiste à toute critique ?   Le cogito ne serait en fait qu'une illusion.   -          Nietzsche ne se privera pas de remettre en cause cette hypothèse du cogito et reprochera à Descartes d'avoir manqué de probité intellectuelle.

Analyse du sujet :

 

-          Il semble de prime abord évident que le moi puisse se connaître, car qui pourrait dire « moi « sinon celui qui pense être lui-même ?

-          Cependant, celui qui dit « moi « sait-il vraiment ce qu’il dit ? N’a-t-on pas de nombreux exemples de gens qui se trompent sur eux-mêmes ? Des gens qui croient se connaître et qui s’ignorent en réalité ?

-          Nous sommes ainsi obligés de prendre acte du fait que, de toute évidence, nous ressentons un moi en nous-mêmes, mais que d’un autre côté, nous ne sommes jamais sûrs de parvenir à nous faire une idée claire de ce qu’est ce moi.

-          Il nous faut donc essayer de trouver ce qui rend ce moi opaque, pourquoi n’est-il pas évident de se connaître soi-même ?

-          Cette difficulté éclairée, il nous sera encore nécessaire de savoir si ce problème peut être surmonté, ou bien s’il s’agit là d’un obstacle indépassable.

-          Enfin, cela peut nous amener à nous interroger sur la structure de ce moi : quel est donc cet objet singulier qui est capable de connaissance mais qui en même temps est le plus incompétent sur le sujet qui le touche de plus près, à savoir lui-même ?

 

Problématisation :

Si nous considérons que le moi ne peut pas se connaître, on ne peut rendre compte du sentiment que nous avons d’avoir un moi, et dès lors, nous serions poussés à considérer que le terme de moi lui-même n’a pas de raison d’être. Par ailleurs, si le moi pouvait se connaître, nous serions capable d’en donner une définition, or cet exercice semble périlleux et voué à l’échec. Comment rendre raison du fait que le moi est à la fois présent et voilé ? N’existe-t-il pas de biais par lequel le moi pourrait faire retour sur lui-même et se découvrir réellement ?

« certains que nous sommes des « choses qui pensent », c'est-à-dire des êtres doués de raison.Comme cette raison est réflexive et qu'elle constitue notre moi profond, nous pouvons affirmer quele moi peut se connaître.

Il peut se connaître en tant que « chose qui pense », en tant qu'il est unesprit. - Reste à interroger cette évidence cartésienne : la vérité du cogito est-elle si assurée qu'elle résiste à toute critique ? Le cogito ne serait en fait qu'une illusion. 2.

- Nietzsche ne se privera pas de remettre en cause cette hypothèse du cogito et reprochera à Descartes d'avoir manqué de probité intellectuelle. - Effectivement, ainsi que Nietzsche l'écrit : « une pensée vient quand « elle » veut, et non pas quand « je » veux ; de sorte que c'est une falsification de l'état de fait que de dire : le sujet « je » est la condition du prédicat « pense ».

Ça pense : mais que ce « ça » soit précisément lefameux vieux « je », c'est, pour parler avec modération, simplement une supposition, uneaffirmation, surtout pas une « certitude immédiate » » Par-delà bien et mal (§17). - Descartes est ainsi victime du langage, par lequel il a l'illusion qu'un lien direct existe entre le sujet « je » et le prédicat « pense ».

En réalité Descartes accorde une confiance trop grande à saconscience en s'imaginant que les événements psychiques sont des données immédiates. - Il est en réalité impossible de passer du fait que l'on a conscience d'une pensée au fait que celle-ci constitue la réalité originaire de notre être. - S'étant ainsi débarrassé du cogito cartésien, Nietzsche peut affirmer que « rien ne vient à notre conscience , qui n'ait été au préalable complètement modifié, simplifié, schématisé, interprété » La Volonté de puissance , tome I, Livre premier, chapitre II, §96.

Ce philosophe considère ainsi que la pensée consciente n'est que le résultat de processus inconscients.

Lecogito n'est alors plus qu'une illusion. - En réalité, c'est toujours le corps, entendu comme siège de l'irrationnel, qui préside à la conscience et c'est toujours le corps, sain ou malade, qui philosophe ; il est la « grande raison »,ou encore le Soi, ainsi que le nomme Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra : « Le soi, lui aussi, cherche avec les yeux des sens et il écoute avec les oreilles de l'esprit.

Toujours le soi écoute etcherche: il compare, soumet, conquiert et détruit » ( Ainsi parlait Zarathoustra , première partie, Des contempteurs du corps), car « le corps est un grand système de raison » ( Ainsi parlait Zarathoustra , première partie, Des contempteurs du corps). - Notre corps peut ainsi être ramené à l'inconscient, en tant que l'instance où se joue une lutte des instincts entre eux dont le résultat sera le contenu de notre conscience : « Notre corps n'esten effet qu'une structure sociale composée de nombreuses âmes » écrit-il dans Par-delà bien et mal , §19. - Aussi le conscient est-il réduit à sa part congrue, et il n'est plus que le moment final d'un conflit inconscient, l'aboutissement d'une bataille qui fait rage dans le Soi, une version raffinée de nos instincts inconscients.

La conscience peut alors être comparée à un bourgeon s'épanouissantau bout de la branche d'un arbre, elle n'est que la phase ultime d'un processus global. - Ce que connaît le moi, ce n'est donc plus que le dernier élément d'un processus beaucoup plus large, et un dernier élément dont on pourrait quasiment se passer.

Autant dire que le moi neconnaît rien de ce qu'il est, puisque tout ce qui le fait se joue dans l'inconscient, et que cetinconscient ne lui est par définition pas accessible. - Descartes semble donc s'être trompé dans cette hypothèse du cogito , et la réalité semble lui être totalement opposée : le moi ne peut que ressentir la phase finale d'un processus qui leconstruit, mais de ce processus il ne peut rien connaître, si bien qu'on serait tenté de considérerque le moi ne peut pas se connaître. - Toutefois, cette affirmation rédhibitoire ne doit-elle pas être pondérée ? N'y a-t-il vraiment aucun moyen pour le moi d'explorer son inconscient ? 3.. »

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