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Le monde n'est-il que ma représentation ?

Publié le 02/11/2005

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.Comme le soulignait Bergson dans Le Rire« Le mot, qui ne note de la chose que sa fonction la plus commune, et son aspect banal, s'insinue entre elle et nous ». De plus, si chacune des communautés considère sa représentation et ses repères établis, comme la vision du monde réelle, et nie pour ce grief, la diversité des cultures, en refusant tout effort de traduction des langues particulières et en niant l'universalité du langage comme capacité universelle de l'expression parlée, c'est une partie entière de l'humanité se trouve rejetée hors de notre vision du monde qui se limite dès lors à ma représentation et s'appauvrit considérablement. De plus, cette méthode scientifique qui en vient à considérer toute réalité comme divisible et continue à appliquer cette méthode de la dialectique diérétique, en vient par cette volonté de poursuivre un idéal d'objectivité, à renier la réalité même du monde. En perdant tout contact avec la réalité biologique, l'humanisme ne manipule que des abstractions qui peuvent être dangereuses au point de vue de sa définition même. Ainsi Husserl s'inquiète-t-il en 1935 dans « La crise de l'humanité européenne et la philosophie », d'une certaine déviation du rationalisme. La réussite des sciences physico-chimiques en a fait le modèle de la rationalité de telle sorte qu'une espèce particulière de rationalité est devenue pour la plupart des hommes la raison. Dans le domaine des sciences de l'esprit, chacun cherche à imiter les physiciens et tendent ainsi à oublier le monde concret, celui de la vie dans son développement. Mais l'esprit ne saurait se connaître lui-même comme il connaît la nature. L'esprit, considéré en tant que multiplicité intensive, c'est-à-dire dont on ne peut pas diviser l'être sans en changer la nature même, ne peut à son tour être appréhendé par les méthodes scientifiques de division de la réalité. Le psychologisme, appliquant cette abstraction réduit la conscience humaine à n'être qu'une réceptrice du monde et du vécu humain, sans aucune intentionnalité et par là même, en vient à la négation de notre nature et du monde réel.

« cours de leur évolution, se dégager du principe de causes finales, par refus de l'ignorance et de la superstition, pourtenter de cerner les lois régulières qui lient les phénomènes, il n'en demeure pas moins que l'homme a toujourscherché, par le recours à la représentation,a dans l'univers une certaine stabilité, dans une cosmogonie régie par unordre harmonieux, dans lequel résiderait la beauté. Cependant, il semble que la science ait vu ses prétentions diminuer singulièrement suite aux réflexions des épistémologiques.

Les "ruptures épistémologiques" ont en effet souligné que non seulement les lois de la science nesont vraies qu'aussi longtemps qu'elles sont vérifiées, mais que l'univers qu'elles expliquent change selon la théorie.S.

Khum dans la Structure des révolutions scientifiques , souligne en effet que l'idée de progrès, en science, ne se fait pas de manière croissante et infinie, et que la science est elle-même un savoir qui ne peut être aussi objectifqu'il le voudrait.

Les ruptures épistémologiques soulignent en réalité, les difficultés de cette objectivité dans la représentation scientifique, puisque avec elles, c'est toute la signification de l'univers qui change.

Le passage del'univers clos, modèle antique de Ptolémée et d'Aristote, avec le modèle géocentrique de l'univers, qui impliquaitl'idée d'un cosmos régulé, organisée autour de l'homme, à la notion d'univers infini, développé par Copernic etamenée terme par Galilée, marque la première "vexation cosmologique" de l'homme qui perd sa place au centre del'univers, avec la notion l'héliocentrisme.

Mais bien au-delà, ce bouleversement général des représentations montreun changement de la signification même de l'univers.

Il serait en effet faux de croire que les scientifiques quiviennent après Galilée, parlent encore du même monde que celui qui existait avant lui.

L'univers des sciences estdonc "construit": le regard que le savant porte sur le monde, dépend des concepts dont le sens varie au fur et àmesure de l'histoire.

La science n'est donc pas un savoir immuable: le monde qu'elle étudie n'est pas toujours lemême, il évolue selon le contenu des concepts qu'on utilise pour l'appréhender.

La représentation scientifique, elleaussi, modèle l'objet qu'elle prétend décrire.

*** Cependant, cette représentation conceptuelle abstraite de la réalité du monde, implique de nombreuxdangers.

En effet, malgré l'avertissement de Platon sur le danger du simulacre, il semble que, tel le comédien qui sesubstitue au personnage qu'il joue, au point d'en oublier sa réelle identité le monde dépeint, dans son caractèrelimité, organisé, et restreint, puisse devenir par un glissement intellectuel, un monde écran, à l'univers véritable,dans sa richesse et sa complexité.

Cette représentation du monde par concepts, que nous appelons connaissance, est une illusion sur la réalité véritable du monde.

Le mode de penser par concept s'inscrit non pas dans uneperception absolument individualisée car elle est expérience originale, mais bien plus dans une globalisation liée à lanécessité pratique de la vie.

Nous créons une représentation par concept en omettant l'individualité du monde et leréel, et en sélectionnant les traits communs des choses, sous une « étiquette », qui permettra alors unereconnaissance pratique aisée dans l'action : le concept de feuille répond à une idée unique de feuille, alors qu'enréalité, des milliers de nuances existent dans la réalité.

Dès lors il y a paradoxe : l'homme n'est pas dans le vrai, maisdans une représentation du monde qu'il tient pour vraie et qu'il sait être un simulacre.

Ainsi la relation de l'homme aumonde, par le biais de la représentation, est une relation esthétique : certes trompeuse, mais volontaire et quiinstaure un cadre de stabilité, de permanence et de sécurité, dans sa vie intellectuelle ou sociale, par le biais de cetensemble de connaissances qui définissent le monde.

Sous ce calme apollinien des concepts, l'homme masque enréalité son refus d'affronter l'apeiron du monde, son caractère infini, puissant et illimité mais perturbateur pourl'espèce humaine puisqu'il souligne, la fuite du temps, le chaos initial du monde, c'est-à-dire, l'aspect dionysiaque dumonde.

L'homme oublie qu'il produit des illusions, et vit en permanence dans ces dernières : en cela son esprit estplus proche de l'art, que de la science. Cependant, ce danger semble également se retrouver au niveau du langage.

En effet, ce dernier se présente comme la faculté humaine de pouvoir décrire et représenter le monde dans lequel nous vivons.

Ainsi, l'homme est unanimal rhétorique : par le langage vocal représentatif, et par sa capacité à élaborer des notions à caractèreabstrait, l'homme peut décrire la richesse du monde qui l'entoure à la différence des animaux qui ne s'expriment quetrès rarement au-delà de ses besoins quotidiens.

Ainsi se créent diverses représentations du monde, qui par lapolysémie des mots, dépendent en fonction des contextes des différentes cultures : chaque peuple oucommunauté, utilise le langage pour décrire son monde particulier.

Ainsi, plus la capacité du langage est développéechez l'humain, plus il se particularise, puisqu'il représente dès lors les vies locales, décrites dans leur foisonnementparticulier.

Cependant cette diversité de représentation est à la fois, comme le souligne Hénaff dans La condition des langues brisées ,le plus bel instrument au service de l'homme et en même temps, une tragédie pour deux motifs. Le langage masque en réalité la diversité du monde : Le langage ne sert pas à dépeindre les milles nuances fugitivesde la réalité, mais bien plutôt, à les synthétiser sommairement sous le critère de l'utilité : le monde se dérobe à nous. »

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