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Mondialisation Et Interdépendances

Publié le 16/01/2011

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mondialisation

PARTIE 1

 

UN ESPACE MONDIALISE

 

Chapitre 1 : Mondialisation et interdépendances

 

Charles- Albert Michalet, Qu’est ce que la mondialisation, La découverte, 2003

 

Introduction :

- La mondialisation est un processus ancien, qui désigne la mise en relation entre les différentes parties du monde par le biais d’échanges de toutes natures, conduisant à une situation d’interdépendance : l’empire romain constituait déjà, cet égard, un début de mondialisation. Les progrès des transports, l’essor du capitalisme et des cités marchandes, la diffusion d’une idéologie libérale ont conduit ce processus pluri séculaire à s’accélérer depuis deux siècles (doc 1p. 33).

-Quelles sont les caractéristiques  de  ce phénomène aujourd’hui ?

- La mondialisation se caractérise tout d’abord par l’importance des flux qui permettent d’organiser l’espace mondial, par la multiplicité des acteurs et en enfin par la concentration, en certains lieux déterminés, de l’essentiel des fonctions de commandements.

 

        Les flux

 

      A. Économiques

           1. Les flux commerciaux

      . La mondialisation se traduit par une diffusion accrue de marchandises et de services à l’échelle planétaire : 30% de la production  mondiale est ainsi destinée à l’exportation.

      . La structure des échanges a évolué : les flux de matières premières et de sources d’énergies sont toujours importants en volume (86 millions de barils par jour en 2007, 110 millions de tonnes de blé en 2007 sur une production de 630 millions de tonnes), mais ils ne représentent que 10% du commerce mondial. Les 3/4 des échanges sont aujourd’hui des produits manufacturés. Les échanges de services représentent1/5 de la valeur du commerce mondial, mais sont en croissance rapide.

. Ces flux sont essentiellement assurés par le transport maritime (3/4 du volume et 2/3 de la valeur) de part son faible coût et son efficacité (transport spécialisé et inter modal : pétroliers et conteneur)

2. Les flux financiers

. Ils sont devenus colossaux : de 1500 à 2000 milliards de dollars sont échangés quotidiennement, ce qui représente 100 fois les besoins des marchés commerciaux.

. Ces flux sont essentiellement des investissements directs à l’étranger et des capitaux spéculatifs. Certains de ces flux sont illicites, et relèvent du trafic de drogues ou d’armes.

. Ces flux sont permis par la révolution technique qu’a constitué l’informatique (internet) et par les bourses qui accueillent les investisseurs institutionnels (banques, assurances, FMN et fonds de pension). Les paradis fiscaux, de par leur discrétion, accueillent les capitaux illicites pour les blanchir (et leur permettent de réintégrer le système traditionnel)

      B. Migratoires cartes p. 20-21, doc p. 39

           1. Les migrations de travail

. Près de 175 millions de migrants économiques ont quitté leur pays pour trouver une vie meilleur. On peut leur ajouter les 25 millions de réfugiés qui ont quitté leur pays du fait des conflits, car leur situation dans les pays d’accueil est souvent comparable.

.Les flux de travailleurs obéissent souvent à une logique nord-sud (Mexique/EU, Asiatique du Sud-est/Japon). Mais les logiques se compliquent aujourd’hui, avec l’appel de MO par les pays émergents et la fermeture des frontières par les pays développés. Les réfugiés quant à eux sont essentiellement africains ou asiatiques.

. Ces flux permettent aux pays de départ de recevoir des sommes importantes, mais les privent d’une MO dynamique, et aux pays d’arrivés de bénéficier d’une MO peu chère, mais parfois difficilement assimilable

           2. Les migrations touristiques

. Le tourisme  concerne seulement 8% de la population mondiale, soit tout de même 800 millions de personnes. Le poids économique est significatif : 500 milliards de dollar annuels, et un actif sur 10 dans le monde, dont 40 millions dans les pays du tiers monde, qui perçoivent grâce au tourisme autant de rentrées d’argent que par l’aide au développement.

. Ce tourisme est issu des congés payés, de la hausse du niveau de vie, de la révolution des transports, et de l’apparition de la civilisation des loisirs. L’Europe et les EU sont les principaux pays émetteurs, et récepteurs de touristes (80 % des mouvements)

. Ce tourisme est fragile : attentats et cataclysmes naturels peuvent tout remettre en question. Et son impact peut être ambigu : développement économique, mais aussi défiguration des sites naturels et pollution.

      C. D’informations (doc p.41)

           1. De nouveaux moyens

      . La troisième Révolution Industrielle a permis la mise en place de nouveaux moyens de communication : satellites de communications, téléphonie mobile, internet, mise en réseau de données par internet….3 milliards d’individus sont équipés d’un téléphone mobile, 1 milliards sont connectés à internet.

      .Ces moyens de communication efficace, qui permettent une transmission quasi instantanée des informations au niveau mondial, sont contrôlés par de très grandes entreprises principalement situées dans les pays développés. Les trois géants de la communication mondiale sont AOL Time Warner, Vivendi Universal, News Corporations

           2. De nouveaux enjeux

. L’information est un outil de travail, un facteur de production aussi important pour les entreprises que la MO ou les capitaux. Elle aussi vitale pour les gouvernements : leur stabilité est à ce prix. Aux services d’informations militaires succède l’intelligence économique : car l’Etat qui maîtrise l’information est en position de force.

. Le soft power est en effet une réalité bien comprise. Les entreprises tentent ainsi de dissimuler des informations qui pourraient les conduire à la faillite (cf. scandale d’Enron ou de Parmalat) ; Les Etats eux aussi veulent maîtriser leur information : CNN a longtemps été le seul media mondial, jusqu’à la fondation d’Al Jazeera en 1996, en direction  de 35 millions de téléspectateurs arabes. La France tente elle aussi de fonder une sorte de CNN française….

 

La mondialisation se caractérise donc par la multiplication des flux de toutes natures. Mais qui sont les organismes à l’origine de ces flux?

 

        Les acteurs

 

      A Les FMN doc p. 35

           1. Un acteur fondamental

. Les firmes multinationales sont au coeur de l’intégration économique mondiale. Elles sont 63 000 dans le monde et contrôlent 820 000 filiales, employant 6 millions de personnes. Elles appartiennent pour la plupart aux pays du nord, en particulier aux EU (57 sur les 100 premières, contre 7 pour le Japon) : Microsoft, General Electric, Exxon, Wal Mart, Pfizer sont ainsi les 5 premières mondiales.

      . Elles réalisent 20% du PIB mondial, le tiers de la production et la moitié du commerce. Les 100 premières sont à l’origine du tiers des investissements directs à l’étranger. Leur Chiffre d’Affaire est parfois supérieur au budget de certains états : Exxon produit plus de Valeur ajoutée que le Pakistan et ses 138 millions d’habitants, Ford ou Toyota pèsent plus que le Maroc ou l’Ukraine.

           2. Un rôle majeur

. Les FMN ont pour objectif la rentabilité, la création de richesses. Elles adoptent donc des stratégies de développement qui ont un impact au niveau mondial ; ces stratégies sont des stratégies: d’approvisionnement (se rapprocher par des filiales des sources d’approvisionnement), de marché (se rapprocher des marchés), de rationalisation (économie d’échelle) ou globale.

. Elles contribuent donc à la répartition des activités au niveau mondial, tout en tirant profit de l’intégration économique.

      B. Les Etats

           1. Une position fragilisée

. Les Etats étaient des acteurs centraux dans les relations diplomatiques et économiques : par le protectionnisme par exemple, ils pouvaient empêcher les entreprises étrangères de concurrencer les entreprises nationales ; ils pouvaient intervenir par la nationalisation de certaines entreprises….

      .Mais les Etats ont tout d’abord volontairement levé les obstacles au libre-échange au cours des négociations ou rounds du GATT (Accords Général sur les tarifs et les Echanges) ; ils ont ensuite abandonné leur fonction de décideurs dans la vie économique pour se contenter de fonction d’encadrement. Enfin, certains Etats notamment européens, ont accepté des transferts d souveraineté économique, dans le cade de l’Union Européenne. Les filiales des FMN ont de plus bouleversé la donne

           2. Un rôle de régulation

. Les Etats tentent de préserver leur capacité d’intervention par le biais de réglementation, de normes de sécurité pour protéger leur marché intérieur.

. Mais surtout les Etats sont conduits à intervenir dans le cadre économique par le biais de l’attractivité. Désormais, les Etats doivent créer des conditions politiques, économique, social, culturel favorables à l’implantation des entreprises, en particulier étrangères. Car les entreprises sont synonymes d’emploi.

      C. Les Organisations internationales

           1. Les organisations étatiques

. Cependant les Etats parviennent à rester des acteurs dans la mondialisation grâce aux organisations internationales, issues pour la plupart des lendemains de la deuxième guerre mondiale : FMI, Banque Mondiale, OMC, FAO, UNESCO. L’OMC par exemple regroupe 148 Etats. Dotée d’une cour de justice, elle a pour mission de veiller au respect des accords passés entre ses membres et de poursuivre les négociations pour libéraliser davantage les échanges. L’adhésion de la Chine est prometteuse. Les Etats se réunissent aussi de manière plus informelle, dans le cadre du G8 ou du World Economic Forum.

. Les organisations régionales jouent aussi un rôle croissant dans le développement des échanges. Le commerce interrégional renforce en effet les blocs régionaux qui se sont constitués, et qui pèsent dans l’organisation de la mondialisation. 70% des échanges extérieurs de l’Union Européenne se font entre ses membres.

           2. Les ONG

. Les ONG sont 2000 dans le monde. Elles se sont créées pour défendre des causes très diverses : la santé (Médecins du monde), le respect des droits de l’homme (Amnesty International), la défense de l’environnement (Greenpeace). Par leurs actions, elles peuvent pallier la carence des Etats, notamment dans le domaine humanitaire.

. Elles sont aussi de véritables contre-pouvoirs, qui utilisent essentiellement la sphère médiatique afin de mobiliser l’opinion internationale sur les grandes causes qu’elles défendent. Certaines, les associations altermondialistes (doc p. 74) s’opposent au processus de mondialisation, ou réclament une répartition égalitaire des richesses. Toutes ne représentent que leurs adhérents, même si les dons peuvent provenir de non adhérents.  La catastrophe du Tsunami en Asie a ainsi permis de constater l’émergence d’une conscience mondiale des problèmes (à relativiser : la présence de touristes occidentaux a contribué à cette mondialisation de l’émotion).

 

Ce processus de mondialisation n’est cependant pas désincarné, et s’inscrit dans le territoire mondial selon des modalités particulières :

 

        Les lieux de la mondialisation

 

      A. Les centres d’impulsions (doc p. 18-19)

           1. La Triade

- 3 pôles économiques sont dominants : les Etats-Unis, L ‘Union Européenne et le Japon.

- Ces pôles concentrent l’essentiel de la richesse mondiale, et sont à  l’origine des principaux flux économiques (importations, exportations, flux financiers…). En effet, avec 20% de la population, ils concentrent environ :

80% du PIB mondial

85% de la capitalisation boursière

70% de la production industrielle

80% des activités de recherche

80% des IDE…

- Ces pôles sont donc des centres de commandements économiques (et donc diplomatiques) ils concentrent l’immense majorité des emplois qualifiés, et sont les lieux des innovations majeures.

           2. Les périphéries intégrées

- Les espaces à proximité des pôles de la Triade sont intégrés à la dynamique économique de ces derniers, en particulier grâce à des accords économiques qui permettent la mise en place de liens privilégiés :

     . ALENA, qui lie les Etats-Unis, le Canada, et, dans une moindre mesure le Mexique

     . L’UE avec un élargissement à l’est vers la Pologne, la république Tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Slovénie, les Etats Baltes

     . L’APEC qui lie le Japon avec le quasi totalité des Etats qui bordent le Pacifique asiatique.

- Les relations sont souvent des relations de sous-traitance, qui s’expliquent par la faiblesse du coût de la MO dans ces pays. Les maquiladoras mexicaines en sont un bon exemple: ces usines situées au Mexique produisent à bas coût des biens conçus par et pour des Américains, et contribuent à 45% des exportations mexicaines ; elles sont donc importantes pour la croissance économique mexicaine.

Mais l’activité économique ne se concentre pas seulement à l’échelle nationale, mais aussi locale.

      B. Les métropoles mondiales

           1. L’archipel métropolitain mondial

- La répartition des richesses et des activités est inégale au sein même des pays de la Triade. La concentration des fonctions stratégiques s’effectue en effet dans quelques métropoles, des aires urbaines dotées de fonctions de commandements ayant un rayonnement étendu. Ces métropoles fonctionnent entre elles en réseau, formant l’archipel métropolitain mondial.

- Ce réseau s’articule autour de villes mondiales (New York, Tokyo, Londres) et de métropoles incomplètes (Paris, Chicago, Los Angeles, Hong Kong et Singapour). Elles sont à la tête de puissantes aires urbaines très peuplées et dynamiques, et en leur sein, à l’échelle locale, ce sont les Central Business District, qui concentrent les espaces les plus stratégiques, symbolisés par le gratte-ciel.

           2. Les métropoles relais

- Ces métropoles ont des villes relais dans les espaces périphériques : Sao Paulo, Mexico, Bombay, Shanghai, Johannesburg concentrent des pouvoirs de commandement national (politique et militaire)  et  des sièges sociaux des filiales es FMN.

- Ces métropoles s’affirment de plus en plus comme des métropoles émergentes, ce qui conduit à une hiérarchisation de l’espace mondial :

CROQUIS

Mais en plus de cette localisation métropolitaine, cette mondialisation se met aussi en place dans des espaces particuliers.

      C. Des espaces privilégiés

           1. Les interfaces

- la libéralisation des échanges, qui induit une baisse des droits de douanes affectent les espaces à proximité des frontières. Ces dernières deviennent en effet perméables, et des espaces transfrontaliers se forment grâce aux complémentarités qui se mettent en place. Un exemple : les maquiladoras ou twin- cities entre les EU et le Mexique

- Les façades littorales, zone d’interface par excellence ont le lieu par excellence de la mondialisation : d’où la maritimisation de l’économie et la concentration des populations sur les littoraux. Ces façades littorales sont servies de plus par de puissants hinterlands. Les zones majeures obéissant à ce modèle sont la façade atlantique de l’Amérique du nord, le northern range de l’Union Européenne et la mégalopole japonaise.

Mais les atouts géographiques ne sont pas les seuls pour favoriser l’insertion dans le processus de mondialisation.

2. Des régions aux atouts spécifiques

- Les États tentent en effet de mettre en place des dispositifs attractifs pour les entreprises, en particulier les firmes multinationales. Ils installent ainsi :

. Des zones franches, des espaces qui bénéficient d’avantages fiscaux

. Des paradis fiscaux, des espaces qui offre un abri financier aux capitaux

. Des Zones Économiques Spéciales (côte chinoise), qui offre une MO qualifiée très peu chère

- les anciennes régions industrielles, moteur de la première RI, ont opéré une reconversion spectaculaire (Ruhr, Manufacturing Belt). De nouvelles régions industrielles se sont crées grâce à des conditions de vie (= aménités) attractives : c’est le phénomène de Sun Belt en Bavière, au sud de la France…)

 

Conclusion : Le phénomène de mondialisation est indispensable car il permet l’accroissement de la  richesse mondiale. Mais la répartition de cette richesse aboutit à une hiérarchisation problématique.

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