Penser par soi-même est-ce forcément penser seul ?

« Il n'y a pas à craindre toute influence si l'on veut penser par soi-même C'est grâce à autrui que l'homme apprend.

La pensée ne se forge pas d'elle-même.

Sans l'influence d'autrui, il n'est pas possible de progresser sur les chemins de la connaissance de soi et du monde.

L'homme doit tout à se C eest à autrui que je dois de pouvoir accéder au langage et de penser.

Je serai à jamais influencé par l'éduca- tion que j'ai reçue, par le milieu social dans lequel je suis né, par mon passé.

Il est vain de prétendre qu'il faut se méfier de toute in- fluence pour penser par soi-même puisque je dois aux autres le fait de pouvoir réfléchir en tant que personne douée de raison.

H n'y a d'être en A insi que l'écrit Nietzsche, «il n'y a pas d'être en soi (ce sont «Personne, il est vrai, ne s'est jamais érigé en juge absolu de soi.

Pour chacun, le jugement d'autrui importe essentiellement.» Karl Jaspers, Introduction à la philosophie les relations qui consti- tuent des êtres)...» (Frag- ments posthumes, début 1888-début janvier 1889).

Cela signifie que si je pense par moi-même, je m'inscris dans un réseau extraordinairement com- plexe de relations avec le monde qui m'entoure.

Ce monde ne cesse d'influencer l'évolution de ma propre pensée.

La connaissance de soi passe par le regard d'autrui artre l'a bien mon- tré, c'est le regard qu'autrui porte sur moi- même qui me permet de prendre conscience de ce que je suis.

Je n'ai pas à rejeter l'avis que les autres ont sur moi.

Bien au contraire.

C'est cet avis qui me permet de mieux me connaître et, donc, de mieux diri- ger ma propre pensée.

Ma pensée se nourrit des influences que je reçois.

Craindre toute influence, c'est s'enfermer dans un monde clos.

Seul juge de ce que je pense, je n'ai plus alors aucun point de repère pour me guider.. »