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Peut-on comparer l'histoire de l'humanité à l'histoire d'un homme ?

Publié le 09/01/2004

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histoire
L'assimilation de l'humanité à un organisme, un être vivant supra-individuel inciterait à penser que les individus, partis de ce super organisme travailleraient à son expansion.La fusion organique des hommes au sein d'une entité qui les absorbe et les inspire est une idée apparemment exacte puisque tous les hommes possèdent un patrimoine commun et une essence identique.Appartenant de fait à l'humanité, ils se fondraient dans cet être collectif qui, du coup, pourrait être comparé à une personne.B - CRITIQUE DE LA NOTION D'HUMANITE.Le problème est, ici, de savoir si l'équation "humanité = homme" n'est pas l'effet d'une illusion nominale et d'une méconnaissance de la diversité de fait et de nécessité du développement humain.Celui-ci ne se fait pas sur la base d'un modèle unique, ni unitaire : l'humanité est une abstraction dont la réalité concrète est faite d'une multitude de sociétés qui n'obéissent pas aux mêmes principes et ne mettent pas en oeuvre les mêmes modalités de développement.Il n'y a pas une histoire mais des histoires, parfois parallèles, parfois contradictoires qui sont celles des différentes sociétés humaines.Au point que la notion même d'une essence de l'homme finit par paraître moins importante que la disparité des évolutions respectives des sociétés.C - L'HISTOIRE HUMAINE, UNE IDEE MORALE ?L'analogie entre l'histoire humaine et l'histoire d'un homme est donc fausse et repose sur une personnalisation abusive de la première.

La problématique qui se dégage de ce sujet est celle de l'analogie, voire de l'équivalence entre la dimension historique à l'échelon de l'humanité et la dimension évolutive à l'échelon de l'individu. En effet, comme l'homme avant de devenir adulte est déjà un enfant puis un adolescent, ne peut-on pas penser que l'humanité elle-même passe par différents stades d'évolution ? Ce qui est en cause est l'unité d'essence et de développement de l'ensemble des êtres humains.

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« APPROCHE: On appelle " histoire " trois réalités : l'histoire c'est d'abord le passé d'un homme ou de l'humanité tout entière, c'est ensuite une science qui porte sur ce passé et c'est enfin le récit.

Habituellement,l'historien néglige considérablement l'histoire individuelle, sauf lorsqu'il s'agit précisément des grands hommes ou deshéros.

En effet ceux-ci, dans leur histoire, dans ce qui leur est arrivé, ont réalisé des actions qui ont marqué touteune partie de l'humanité.

Par exemple, la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb est une histoire à la foisindividuelle et collective, voire universelle, qui a bouleversé la représentation que les hommes se faisaient du mondeet d'eux- mêmes.

De même, l'histoire d'un pays, l'histoire d'une dictature par exemple, a un lien direct avec la viesingulière des citoyens qui sont opprimés et soumis.

Etudier la vie de ces hommes, c'est déjà étudier l'histoire deleur nation et de leur peuple.

Pourtant, vous devrez examiner les différences entre histoire individuelle et histoire del'humanité : tout d'abord, l'échelle n'est pas la même puisqu'on considère des décennies pour l'histoire individuelle,alors que l'histoire de l'humanité s'apprécie sur des siècles entiers.

Enfin, on pourrait penser que l'histoire de l'individuobéit à des motifs personnels, voire égoïstes, alors que l'histoire de l'humanité est la réalisation d'idéaux etd'aspirations collectives.

Cela étant, vous devrez vous interroger sur le sens de cette séparation possible entre leshommes et l'humanité.

L'humanité n'est-elle pas ce que chacun fait et pense dans sa vie, mais en tant que chacunse sent responsable de l'humanité elle-même ? Notre histoire serait alors la réalisation d'une histoire à plus grandeéchelle.

Vous voyez donc que la difficulté est de savoir jusqu'où l'homme est responsable de l'humanité. « Chaque homme est une humanité, une histoire universelle.

» écrit Jules Michelet dans son Histoire de France , en 1873.

C'est donc que pour l'écrivain, l'histoire de l'humanité se fond de fait à celle de l'homme.

L'histoire, ce récit d'événements relatifs à une époque, à une nation, à une branche de l'esprit humain, devient alors un passécommun, une kyrielle de faits, de gestes, dont chaque individu aurait un souvenir identique.

C'est une histoireuniverselle, l'histoire de tous les hommes.Mais voilà que près de deux siècles plus tard, la question nous est de nouveau posée : peut-on comparer l'histoirede l'humanité à l'histoire de l'homme ? Ces deux concepts sont-ils analogues, équivalents ? Ces interrogations sontlégitimes, ne serait-ce que par le flou qui entoure les définitions des deux concepts ; l'homme est un être humain,tandis que l'humanité est le genre humain.Ainsi, si histoire de l'humanité et histoire de l'homme sont similaires, en quoi le sont-elles ? Et si elles étaientfinalement deux entités bien à part, deux histoires bien distinctes ? Histoire de l'humanité et histoire de l'homme sont liées ne serait-ce que parce que l'on ne peut dissocier l'une de l'autre.

Ainsi l'humanité existerait-elle en dehors des hommes qui la composent ? Et comment appeler la sommede tous les êtres humains, sinon l'humanité ?Car si l'on considère l'humanité comme une entité homogène, la somme des individus qui composent le genre humain,alors il devient possible d'établir une comparaison, une analogie même, entre la dimension évolutive de l'humanité etcelle de l'homme.Ainsi si Gutenberg n'avait pas découvert l'imprimerie au XVe siècle, si Pasteur n'avait eu l'idée du vaccin contre larage en 1885, si la folie d'un homme n'avait pas poussé à une seconde guerre mondiale… l'histoire de notre humanitéaurait-elle été celle que l'on connaît aujourd'hui ?Il est évident que l'histoire des hommes a écrit l'histoire de notre humanité, au moins autant que l'histoire del'humanité a orienté, guidé celle de ses hommes.

Mais si les hommes et l'humanité ont un patrimoine commun, ils ont aussi une même essence.

Ainsi unefusion de tous pourrait être imaginée au profit d'un seul, la somme de tous les êtres devenant alors un organismeentier, un « être collectif », l'humanité, qui pourrait de ce fait être comparée à un individu. Dans La Raison dans l'Histoire , Hegel écrit « […] mais dans l'élément de l'histoire universelle nous n'avons pas affaire à des personnes singulièresréduites à leur individualité particulière.

Dans l'histoire, l'Esprit est un individud'une nature à la fois universelle et déterminée : un peuple ; et l'esprit auquelnous avons affaire est l'Esprit du Peuple.

» Ainsi, la notion d'individu s'efface-t-elle au profit d'une entité supérieure, d'une humanité qui les absorbe et lesguide, vers un but unique correspondant à une conscience de soi absolue, enl'occurrence l'Esprit.

• Pour Hegel, l'histoire humaine est un processus rationnel dont il est possiblede donner une vision systématique.

Ainsi, chaque peuple exprime une étape dudéploiement de l'Esprit du monde, dans un vaste mouvement qui va de l'Est(Babylone, La Grèce antique) à l'Ouest (l'Europe moderne).

Ce processus estdialectique: de la rencontre et de la confrontation entre les culturesadviennent de nouvelles cultures qui dépassent les oppositions de l'époqueprécédente.

C'est un processus téléologique (c'est-à-dire orienté vers un but)qui mène, selon Hegel, à la prise de conscience de soi de l'Esprit du monde.• Le travail de l'historien-philosophe, c'est donc, pour Hegel, la saisie desprocessus rationnels à l'oeuvre dans l'histoire de l'humanité, en insérant tousles événements dans un processus censé être nécessaire et ordonné par unefin prédéterminée. « Ce sont maintenant les grands hommes historiques qui saisissent cet universel supérieur et font de luileur but; ce sont eux qui réalisent ce but qui correspond au concept supérieur de l'Esprit.

» écrit Hegel quelques. »

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