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Que peut la philosophie ?

Publié le 27/02/2005

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  RAPPEL: La dictature du prolétariat chez Marx Le passage du capitalisme au communisme se fait par un acte révolutionnaire: comme le prolétariat constitue l'immense majorité de la population, il devrait triompher aisément de la bourgeoisie, mais comme celle-ci truste tous les pouvoirs (économique, industriel, financier et militaire, etc.), Marx pense que pour supprimer les structures de l'Etat capitaliste, une dictature transitoire sera nécessaire. Durant cette brève période, un pouvoir autoritaire devra en finir avec le mode bourgeois de production (propriété privée, exploitation de l'homme par l'homme, etc.  "De même que la philosophie trouve dans le prolétariat ses armes matérielles, le prolétariat trouve dans la philosophie ses armes intellectuelles. Et dès que l'éclair de la pensée aura pénétré au fond de ce naïf terrain populaire, les Allemands s'émanciperont et deviendront des hommes."  (Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel) Cette théorie du marxisme a bousculé le 19è siècle, siècle de nombreuses révoltes en Europe, et n'est pas qu'un outil théorique désengagé de la réalité sociale. Au contraire, son influence a été énorme. Sur l'histoire sociale de l'Eurpe, et notamment sur l'histoire russe, par Lénine & Trotski. Malheureusement, l'histoire a mal tourné, Staline, bien que se réclamant de Marx & Engels, poursuivait d'autres objectifs que ceux de la société communiste pensée par Marx, 1 siècle auparavant.   - La citation complète de Marx est : "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières.

Il est nécessaire de replacer la question dans le contexte historique dans lequel elle est posée : que peut la philosophie, aujourd'hui, pour le monde du 21è siècle, et pour les hommes de ce monde ? Nous le verrons, la philosophie semble détacher ceux qui la pratiquent du monde dans lequel ils se trouvent ; dans cette perspective, que penser d'elle ? Que peut le philosophe, s'il est complètement désarçonné du monde dans lequel il est ? "Rien" serait une réponse trop rapide. Car si l'on examine ses grandes figures, et ses mutations historiques, nous nous rendons compte que la philosophie a toujours accompagné l'homme dans son élan vers l'émancipation, dans ses quètes. Comme nous le verrons, la philosophie, antique ou contemporaine, a plusieurs fois changé la face du monde, en mal ou en bien. Ainsi, poser la philosophie comme impotente (c'est la thèse que sous entend la question posée) se revèle faux.

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« se changer et changer le monde ? 2/ La philosophie ne se donne pas comme but de "pouvoir".

- Mise en perspective de la question posée : la philosophie ne se donne pas, à son origine, comme but de "pouvoir"changer le monde.La question "que peut la philosophie ?" est doublement problématique.En effet, nous pouvons interroger à notre tour : pourquoi la philosophie devrait pouvoir quelque chose ? Si l'onobserve la philosophie matinale, celle des premiers ages, on se rend compte que la philosophie est née del'étonnement et de l'ignorance de l'homme.

Inquiet face à l'inconnu (dont la figure maitresse est la mort), l'hommes'est mis à philosopher.Aristote écrit (après Platon), dans "La métaphysique" : "Ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseursaux spéculations philosophiques.

Au début, ce furent les difficultés les plusapparentes qui les frappèrent, puis, s'avançant ainsi peu à peu, ilscherchèrent à résoudre des problèmes plus importants".Aristote affirme donc : la philosophie est fille de l'étonnement.On peut également citer cette fameuse phrase de Socrate : "Tout ce que jesais c'est que je ne sais rien".Ainsi, la philosophie semble venir avoir l'homme.

Celui-ci, mis face à sonignorance, debout face à la mort, ne peut pas ne pas se poser la question desa place dans l'univers, de son origine, du but de l'existence, de la nature dumonde, de la forme de ses pensées, de la présence d'autrui, etc.

En ce sens,demander "que peut la philosophie ?" est une question à laquelle on pourraitrépondre : "La philosophie n'a pas pour fin de pouvoir quelque chose, elleaccompagne l'homme depuis la nuit des temps.".

- Insuffisance de l'argument précédent.Mais, si la philosophie n'est certes pas née pour agir sur le monde, nous nepouvons ignorer qu'elle a muté au cours des siècles, et nous ne pouvonsfermer les yeux sur l'influence qu'elle a eu sur l'homme et sur le monde.

- Figure du philosophe : l'allégorie de la caverne.Comme le montre Platon, par la fameuse allégorie de la caverne, dans République, l'homme désireux de s'extraire dumonde faux, pour atteindre la vérité, commence par fournir l'effort de se détacher du monde.

C'est l'homme qui sort,seul, de la caverne.

Sorti, l'homme voit la vérité, il est même d'abord ébloui par elle.

Mais cet accès à la vérité n'estpas une fin en soi pour autant : l'homme doit ensuite redecendre dans la caverne pour partager ses découvertesavec ses compagnons.La philosophie demande ainsi à l'homme de se désolidariser du monde contingents, qui représente ici l'illusion etl'apparence, pour mieux le comprendre.

Mais la démarche ne s'arrête pas là : le philosophe doit rester ancré, plusque jamais, au monde réel, afin de l'éclairer de la lumière de la vérité.Cette fameuse allégorie vient comme objection aux arguments de la première partie.L'argument "La philosophie ne peut rien, car elle détache du monde" est ainsi balayé.

Mais alors, que peut laphilosophie ? Transition critique :La philosophie, nous l'avons vu en examinant un large panel de grandes figures de son histoire, a tendance àdétacher du monde celui qui s'y adonne.

Ainsi, il y a une part de vérité dans la représentation vulgaire du philosopheperdu dans ses pensées, ne pouvant rien pour le monde ou pour l'humanité.

C'est d'autant plus vrai de nos jours :alors que le monde est tout entier tourné vers l'idéologie du résultat, de l'efficacité, alors que l'occident s'estentièrement converti au culte de la technique, quelle influence peut avoir le philosophe, tel que Rembrandt et lesens commun se le représentent ? S'il y a certes une part de vérité indéniable dans cette représentation (nousl'avons montré), peut-on pour autant en rester là ? La philosophie, au contraire, n'entretient-elle pas avec le mondeun rapport d'attachement profond et d'engagement ? Que peut, pour l'homme et pour le monde, la philosophie ? 3/ La philosophie comme levier pour changer le monde : - L'utopie de PlatonPlaton était impliqué dans des affaires politiques, et ses idées quant à une cité idéale ne sont pas restées des idées,il a essayé de les mettre en oeuvre en ancrant sa démarche dans la réalité politique de l'époque ( voir l'article :http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070704.FIG000000159_platon_le_reve_du_roi_philosophe.html ). - La philosophie des lumières.En Europe, le "siècle des Lumières" est une période très dynamique d'émancipation intellectuelle.

De célèbresphilosophes français comme Voltaire, Diderot, Rousseau proclament des principes tels que l'égalité entre les hommes,la nécessité du progrès, la lutte contre l'intolérance, etc.Rousseau par exemple influença grandement l'esprit révolutionnaire français, qui eut les conséquences historiquesque l'on connaît.

Par leurs travaux sur l'égalité, l'éducation, et l'état notamment, ces philosophes ont changé la facedu siècle, et du monde.. »

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