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Peut-il vraiment y avoir une raison d'Etat ?

Publié le 04/03/2004

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Contre l'usage fallacieux et facile de la "raison d'Etat", Locke et son libéralisme proposent une légitimation et une juridification de l'Etat, c'est‑à-dire que son autorité est soumise à l'autorité supérieure du droit. Ainsi, constitutionnalisé, le politique est subordonné aux lois. Le rôle essentiel du gouvernant n'est donc plus l'extension de sa puissance, mais le maintien des libertés individuelles. Les droits naturels (libertés de conscience, d'expression ... ) sont donc la limite que l'Etat ne saurait franchir sous peine de perdre sa légitimité. Ainsi, Locke dans son "Second traité" affirme que l'Etat n'a d'autre but que l'installation dans l'être ou l'institutionnalisation des droits de l'état de nature où l'homme (historique) était libre.  L'autorité ne peut donc plus être despotiquement entre les mains qu'un seul (nécessité de la séparation des pouvoirs) qui pourrait faire usage d'un pouvoir aveugle. Avec Locke et sa rationalisation du politique, la notion de "raison d'Etat" perd sa force absolue, coercitive et son impunité. Les citoyens, loin d'être des victimes en puissance de l'Etat, voient le respect de leur liberté garantie par l'Etat lui‑même, qui ne peut plus déroger au droit existant, qui ne fait plus exception. Est battue en brèche la notion d'absolutisme: L'Etat n'est plus au dessus des lois comme chez Hobbes.     
La raison d'Etat est indispensable au pouvoir pour gouverner efficacement. Pour assurer la paix et la sécurité, le pouvoir peut recourir à la raison d'Etat pour se sauver lui-même et pour maintenir la cohésion sociale. Mais, la raison d'Etat est contraire au droit que le pouvoir a pour mission de sauvegarder. L'état n'est pas au-dessus des lois, il ne peut pas invoquer arbitrairement la raison d'Etat.

« ».

en ce sens, il n'est pas d'histoire de la pensée politique qui ne doive commencer avec ce livre majeur queconstitue la « République ».Rédigé par Platon, ce livre expose la conception de la justice de Socrate.

Tout y est présenté sous la formehabituelle mais hautement complexe du dialogue.

Répondant aux questions de ses interlocuteurs, Socratedéveloppe une image de la cité idéale.

Socrate n'est-il que le porte-parole de Platon, un simple personnagedont le philosophe se sert pour exprimer ses propres idées tout en restant masqué ? A l'inverse, Platon n'est-ilrien d'autre que le fidèle secrétaire du maître dont il se contente de noter scrupuleusement la pensée ? Etdans ce jeu mobile et contradictoire où s'enchaînent et s'entraînent questions et réponses sans que l'ironiesoit jamais totalement absente, est-il seulement légitime de dégager une doctrine ? Derrière la faussesimplicité d'une conversation entre philosophes, l'art du dialogue soulève d'insurmontables difficultés qu'il nousfaudra ici ignorer pour tenter de cerner l'image du politique qui se dégage de la « République ».Dans cet ouvrage, Socrate présente donc l'idée qu'il se fait de la cité idéale.

Il décrit une société fortementhiérarchisée au sein de laquelle les « gardiens » forment une classe dans laquelle règne une communautéparfaite.

Au livre V, Glaucon, qui est l‘un de ses principaux interlocuteurs, demande à Socrate si une cité aussiparfaite que celle qu'il a décrite peut exister dans la réalité.

Avec beaucoup de prudence, car il sait ce que saréponse peut avoir de ridicule et de scandaleux, Socrate répond qu'une seule réforme est nécessaire à quiveut changer radicalement la société: il suffit que se conjuguent le pouvoir politique et la philosophie.

Socratedéclare : « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'huirois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et laphilosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant que les nombreuses natures qui poursuiventactuellement l'un ou l'autre de ces buts de façon exclusive ne seront pas mises dans l'impossibilité d'agir ainsi,il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon, aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, etjamais la cité que nous avons décrite tantôt ne sera réalisée, autant qu'elle peut l'être, et ne verra la lumièredu jour.Voilà ce que j'hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant combien ces paroles heurteraient l'opinion commune.Il est en effet difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de bonheur possible autrement, pour l'Etat et pour lesparticuliers.

»Socrate va s'attacher à justifier une proposition qui, aux yeux de ses interlocuteurs, ne peut être reçue quecomme un insoutenable paradoxe.Pour ce faire, il entreprend de construire une définition de la philosophie.

En ce sens, la « République » estautant un traité de la philosophie qu'un traité de la politique.

Par là même se marque combien, aux yeux dePlaton, sont indissociables ces deux dimensions : celle du savoir et celle du pouvoir.Encore faut-il s'entendre sur ce que sont les « vrais philosophes ».

Socrate les présente comme « ceux quiaiment le spectacle de la vérité ».

Mettant en place l'opposition, fondamentale dans la doctrine Platonicienne,entre la science et l'opinion, il oppose les vrais philosophes à ceux qui, amoureux des apparences, sontincapables de s'élever jusqu'à la vision du Beau et du Juste, et qui ne méritent pas le nom de « philosophe » -«qui aime la sagesse » - mais celui de « philodoxe » - « qui aime l'opinion ».C'est aux philosophes et non aux philodoxes que doit revenir le gouvernement de la cité.

Au début du livre VI,Socrate trace des premiers un portrait particulièrement élogieux : le philosophe est « par nature, doué demémoire, de facilité à apprendre, de grandeur d'âme et de bonne grâce » ; il est « parent de la vérité, de lajustice, du courage et de la tempérance ».

Comment dans ces conditions, lui refuser le gouvernement de lacité ?Rendant hommage à l'habileté de la démonstration de Socrate, un autre des interlocuteurs (Adimante)s'insurge contre les conclusions auxquelles il aboutit.

Il objecte : « On voit bien que ceux qui s'appliquent à laphilosophie, et qui, après l'avoir étudiée dans la jeunesse pour leur instruction, ne l'abandonnent pas mais yrestent attachés, deviennent pour la plupart des personnages tout à fait bizarres, pour ne pas dire tout à faitpervers, tandis que ceux qui semblent les meilleurs, gâtés néanmoins par cette étude que tu vantes, sontinutiles aux cités.

»Socrate n'en disconvient pas.

Il souligne cependant que l'inutilité de la philosophie n'est pas le fait desphilosophes, mais des citoyens qui se refusent à chercher conseil auprès d'eux.

Socrate s'explique au moyend'une image.

Il compare la société à un navire dans lequel les marins, ignorants es lois de la navigation, sedisputent le gouvernail et méconnaissent le seul vrai pilote qui pourrait les guider, préférant le tenir pour un «bayeur aux étoiles », « un vain discoureur » et « un propre à rien ».En ce qui concerne la perversité des philosophes, Socrate s'attache à en expliquer les causes.

Il décrit lesdégradations du naturel du vrai philosophe en montrant que celui-ci, doué à l'origine de toutes sortes dehautes qualités, peut déchoir si de néfastes influences s'exercent sur lui : « Si donc ce naturel que nousavons attribué au philosophe reçoit l'enseignement qui lui convient, c'est une nécessité qu'en se développantil parvienne à toutes les vertus ; mais s'il a été semé, a grandi et a puisé sa nourriture dans un sol ne luiconvenant pas, c'est une nécessité qu'il produise tous les vices, à moins qu'un dieu ne lui porte secours.

»Or, dans la société telle qu'elle est, les jeunes gens doués de toutes les qualités qui font les philosophes vontse détourner de la vérité et gaspiller leurs talents pour assurer leur réussite personnelle et celle de leur famille.Dès lors, seuls les moins aptes à la philosophie se consacreront à elle : « Donc, ces hommes, nés pour laphilosophie, s'en étant éloignés et l'ayant laissée seule et inféconde, pour mener une vie contraire à leurnature et à la vérité, d'autres, indignes, s'introduisent auprès de cette orpheline abandonnée de ses proches,la déshonorent, et lui attirent les reproches dont tu dis que la chargent ses détracteurs : à savoir que deceux qui ont commerce avec elle, certains ne sont bons à rien, et la plupart méritent les plus grands maux.

»La solution passe donc, poursuit Socrate, dans une nouvelle attitude adoptée par la cité à l'égard de laphilosophie.

Il ne faut pas enseigner la philosophie aux enfants pour qu'ils oublient celle-ci une fois arrivés àl'âge adulte mais, tout au contraire : « donner aux adolescents et aux enfants une éducation et une culture. »

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