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La philosophie est-elle un pur jeu d'idées ?

Publié le 17/02/2004

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philosophie
.), mais de la pensée elle-même. Il semble que tout l'effort des philosophes réside uniquement dans la volonté de jouer avec les concepts, de jongler avec les idées, de lier entre eux et de délier les termes sans que leur liaison puisse compter la moindre nécessité. C'est ce que Emile Bréhier, dans sa Transformation de la philosophie française, attribuait essentiellement au triomphe de la subjectivité lorsque, faisant allusion à ce retour à la psychologie du sujet, il reprochait à nos philosophes d'aujourd'hui une méditation trop personnelle : « Avec la méditation du bergsonisme, c'est la manière dont on aborde les questions qui a changé : méfiance générale de la construction conceptuelle, de la discussion qui ne met en jeu que la signification des mots, caractère provisoire et pratique de tout classement ; mais surtout le philosophe ne se donne plus comme une sorte de pur esprit, vivant dans une atmosphère purement intellectuelle : le criticisme kantien avait dégagé, de la vie profonde et immense dans laquelle nous sommes plongés, une certaine relation sujet-objet, où l'on s'était habitué à voir une description exacte de la connaissance humaine ; objet qui n'était qu'un phénomène, c'est-à-dire un objet pour un sujet, et dont l'objectivité même était, pour ainsi dire, créée de toutes pièces, par les exigences que le sujet lui imposait pour être connu » (Bréhier, Transformation de la philosophie française, p. 109). 3. Au surplus, l'ironie de Valéry porte davantage sur les idées que sur les mots. Certes, la philosophie peut être prise pour un jargon. Mais elle est aussi elle est surtout, pour notre auteur, une manière de distraction, un divertissement, une activité de diversion à la vie réelle qui permettent de penser à autre chose qu'à la vie de tous les jours. C'est ce qui fait dire par ailleurs à Valéry : « J'appelle philosophe tout homme de quelque degré de culture qu'il soit, qui essaie de temps à autre de se donner une vue d'ensemble, une vision ordonnée de tout ce qu'il sait - et surtout de ce qu'il sait par expérience directe, intérieure et extérieure. » DEUXIÈME PARTIE : La philosophie comme activité sérieuse 1.
philosophie

« élèves ! 2.

Ces toulousains ébahis ignoraient en effet que la philosophie n'est pas un savoir comme les autres, maisqu'elle débute par une mise en question de toutes choses, par un étonnement, par un doute préalable, par laprise de conscience humble et lucide de notre ignorance.

La tradition philosophique remontant à Socratereprend volontiers à son compte le maître-mot de la pensée occidentale : « Je ne sais qu'une chose, c'est queje ne sais rien.

» Socrate ne cessait de poser les questions les plus candides à des gens qui, sûrs de leursavoir, s'amusaient fort, pour commencer de la naïveté de Socrate.

Mais bientôt les questions de Socrate lesembarrassaient, ils découvraient les contradictions de leur propre pensée et s'apercevaient qu'ils ne savaientrien, révélés à eux-mêmes dans leur ignorance et leur nudité par l'ironie socratique (l'ironie c'est au sensétymologique l'interrogation, l'acte de questionner). 3.

Connaître sa propre ignorance ne nous apporte pas grand bien, ne nous fait guère avancer ! Mais unefausse science sottement satisfaite d'elle-même, est bien la pire chose.

Tout au contraire, ouvrir grand lesyeux sur sa propre ignorance est la première condition à réaliser si nous voulons en sortir.

La prise deconscience préalable de l'ignorance est la condition d'une acquisition du vrai savoir.

Descartes, qui a si biendéfendu le principe du doute philosophique, déclarait : « C'est avoir les yeux fermés que de vivre sansphilosopher.

» A ce compte, il est beaucoup d'aveugles car peu de gens prennent la peine de s'étonner dumonde et d'eux-mêmes, de réfléchir, de se poser des questions.

La plupart des hommes ne se posent aucun «pourquoi ? » Ils sont trop occupés par la vie, par leur métier, par leurs soucis matériels et leurs passions pourse poser des problèmes.

Ils sont habitués aux autres hommes, à eux-mêmes, et au monde et rien n'endort laréflexion comme l'habitude (une âme morte disait Péguy c'est une âme complètement habituée).

Sans doute àl'âge où nous abordons la philosophie, nous sommes dans des dispositions meilleures : l'adolescence n'est pasune période conservatrice.

Elle a horreur de la banalité, des idées toutes faites.

S'il est vrai, comme le disaitAlain, que réfléchir soit « déranger ses pensées », la réflexion ne doit pas nous effrayer, et la « turbulence »philosophique qui retourne tout et met tout en question ne sera pas pour nous déplaire.Mais peut-être la petite enfance est-elle pour la philosophie un âge encore plus favorable ! C'est l'époque desquestions naïves et profondes, profondes précisément parce qu'elles sont naïves et inattendues.

L'époque desplus grandes inquiétudes métaphysiques c'est peut-être entre quatre et six ans, au moment où l'on entre endouzième, au niveau du jardin d'enfants : l'âge où l'enfant se pose le plus de problèmes concernant la réalitédu monde extérieur, sa naissance et sa fin dernière, l'existence ou l'inexistence de Dieu, c'est au moment oùsorti des limbes du « syncrétisme » (phase qui va de la naissance à trois ans et où l'enfant a tendance àconfondre le moi et le monde) il va découvrir, d'un regard tout neuf le monde qui l'entoure.

Lisons ce quedéclare à ce sujet un philosophe allemand contemporain Karl Jaspers dans l'ouvrage qu'il a consacré àl'Introduction à la Philosophie et dans son chapitre limniaire (intitulé précisément Qu'est-ce que la philosophie ?) : « Un signe admirable du fait que l'être humain trouve en soi la source de sa réflexion philosophique, ce sontles réflexions des enfants.

On entend souvent de leur bouche des paroles dont le sens plonge directementdans les profondeurs philosophiques » ; et Jaspers propose toute une série d'exemples dont voici quelques-uns: un petit garçon écoute l'histoire de la Genèse : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ...

» Ildemanda aussitôt : « Mais qu'y avait-il donc avant le commencement? » Un autre, âgé de 5 ans, en entendantces beaux récits de l'origine du monde : « Dieu créa ceci.

Dieu créa cela.

Dieu a fait ceci...

Dieu a fait cela...

»interrompit le narrateur avec impatience : « Ah? Mais...

qui est-ce qui a fait Dieu ? » Un autre très jeuneenfant dit encore : « J'essaye toujours de penser que je suis un autre, et je suis quand même toujours moi.

» TROISIÈME PARTIE : De la philosophie considérée comme un effort d'autocritique 1.

Si la philosophie a pour qualité essentielle l'esprit critique, il ne faut pas hésiter à remettre en question lescertitudes que nous avons conquises, à discuter les idées auxquelles nous tenons le plus.

La philosophie exigel'émancipation de la pensée, la « réforme de l'entendement » disait Spinoza, et cette réforme désigne unelibération à l'égard des apparences, des préjugés, des idées reçues.

Mais ce n'est pas faire de la philosophieque soutenir, pour le plaisir d'étonner les gens, toute opinion paradoxale, choquante, extravagante.

Libre àl'égard des préjugés et des idoles, la philosophie est strictement soumise aux exigences de la raison dans larecherche objective du vrai.

L'esprit critique n'est pas pur refus, mais exigence de preuve.

Dès lors, laphilosophie ne va-t-elle pas se confondre avec la science ? 2.

Si l'expression amour de la sagesse indique bien ce caractère de la recherche philosophique, elle pourraitprêter dans le langage moderne à une interprétation insuffisante.

En effet, le mot sagesse signifie avant toutpour nous art de vivre alors que dans l'Antiquité, il voulait dire également science, connaissance.

L'amour de lasagesse est donc en même temps amour du savoir.

La tradition philosophique veut nous enseigner à vivre etaussi à penser.

Elle veut nous donner une morale et en même temps une vision vraie du monde.

Et remarquonsbien qu'il ne s'agit pas là de deux ordres de recherche séparés, mais qu'ils sont liés l'un à l'autre.

En effet, dansla tradition des grandes philosophies, qui se confond avec la tradition du rationalisme, le savoir est donnécomme la condition de la sagesse.

Chercher à se faire une philosophie, c'est chercher le sens de la vie et dumonde, se situer soi-même dans l'univers pour savoir comment il faut vivre.

C'est dans le savoir que réside lesalut, c'est la connaissance rationnelle qui peut nous conduire au bonheur.

Ici, la philosophie se distingueradicalement de la religion.

La religion soumet le salut à la « foi », c'est-à-dire à une connaissance d'un autreordre que la raison et qui fait place à l'acceptation de certains mystères.

La philosophie — du moins dans lagrande tradition classique dont nous nous réclamons — veut s'appuyer au contraire sur les seules démarchesde la raison.. »

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