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Plan détaillé du « Crapaud » de Tristan Corbière

Publié le 24/01/2012

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Introduction

« Le Crapaud « est un poème issu du recueil des Amours Jaunes publié par Tristan Corbière poète français de la seconde moitié du 19ème siècle. Dans ce court texte, le lecteur découvre progressivement, dans un contexte particulier, la présence éphémère d'un chant, puis d'un crapaud auquel l'auteur s'identifie. Nous nous  intéresserons à montrer quelles images le poète donne de lui-même à travers ce sonnet inversé. Nous verrons tout d'abord qu'il se présente comme un individu ressassant des pensées funestes à travers la description d'une atmosphère lugubre. Puis, nous chercherons à révéler en quoi l'identification à un crapaud est porteuse de sens. Enfin, nous prouverons que le poète pratique son art avec dérision.

« poète tondu » 3.L'identification du poète au crapaud : v14 : « ce crapaud-là c'est moi ».

Le mot « bonsoir » peut évoquer unadieu : l'adieu du poète au monde des hommes.De plus, la date, « Ce soir, 20 juillet » pourrait signifier que le reste du poème est une sorte de lettre d'adieu du poète avantde mourir.

II.

Le symbole du crapaud A.

Un animal hideux 1.

Le crapaud est un animal laid : v10 : « Rossignol de la boue » :oxymore : la beauté du chant s'oppose à la laideur de l'animal qui vit dans la fange.

Cet oxymore traduit le mépris deshommes à l'égard du crapaud : il est dans la boue, il est sali, mésestimé, honni.

Il y a une correspondance évidente entre lecrapaud et le poète qui partagent la même disgrâce physique.

V9 : « poète tondu, sans ailes » : à partir de ce vers, lecteurcomprend l'identification du poète au batracien ; l'expression « sans ailes » rappelle le poème « L'Albatros » de Baudelaire :ici, l'animal est hideux, rien de lui n'est superbe ; il n'a même pas d'ailes pour être majestueux dans les cieux.2.

Sa beauté intérieure et ses pouvoirs ne sont pas perçus: v12 « Vois-tu pas son oeil de lumière...

non ».

La lumière peutévoquer la beauté ; mais aussi la connaissance.

Son oeil suggère ses pouvoirs extraordinaires puisque selon certaineslégendes, il est capable avec ses yeux d'intercepter la lumière des astres en l'absorbant.

L'oeil de lumière peut aussireprésenter le regard poétique que pose l'artiste sur le monde.B.

Un animal esseulé et méprisé1.

Le crapaud est isolé : il vit seul à l'abri des regards : il est dans l'ombre v6 : « C'est là dans l'ombre ».

Il quitte ceux quiveulent l'approcher : v12 : « il s'en va » ; il salue et part « Bonsoir » 2.

Le crapaud suscite l'effroi et donc le rejet : À travers ledialogue, on peut remarquer que l'un des interlocuteurs éprouve un sentiment de frayeur : « peur » et « frayeur ».

Les deuxmots riment ensemble et par conséquent se vont écho.

La présence de cette rime rend ce sentiment quasi omniprésent dansle premier quatrain.

C.

Le chant du crapaud et du poète1.

Identification possible entre le poète et le crapaud grâce au chant : le chant est omniprésent dans le poème commel'indiquent les termes suivants :chant (*2) ; « il chante » ; « écho » ; « rossignol ».

Il est présent aussi à travers les assonancesen (oua) ; en (o) de la 3ème strophe.2.

Les caractéristiques du chant : similitude entre le chant du crapaud et l'art du poète : il est comparé à un écho v4 : « commeun écho » : point commun entre le chant du poète et celui de l'animal : le retour des mêmes sonorités : le même son pour lecoassement du crapaud, les rimes pour le poète.

III.

La dérision du poèteA.

Image moqueuse de lui-même1.

Le choix de l'animal.

Tout un bestiaire a été utilisé par les poètes pour se représenter eux-mêmes: l'albatros, le cygne, lecondor.

Ici, Corbière a choisi un animal qui symbolise la laideur ; point commun qu'il partage avec le crapaud.2.

À l'inverse de Baudelaire dans « L'Albatros », le poète ne se considère pas comme un être supérieur : « poète tondu sansaile » : Corbière refuse tout aspect romantique ; il n'utilise pas de lyrisme.3.

Autodérision : l'emploi de l'oxymore: « rossignol de boue » : le poète est apprécié pour son chant, son art ; mais il est avili àcause de son physique.3.

Le ton désinvolte du poème : l'utilisation de l'octosyllabe rend le poème bref.

Le crapaud, à peine aperçu, a déjà disparu : lepoète se montre et se retire aussitôt.

La chute du texte prouve la présence d'un ton qui se veut léger et badin.

Corbière necherche pas à apitoyer son lecteur.

B.

Rejet des normes classiques de la poésie 1.Poème = sonnet inversé composé en octosyllabes : refus de la formetraditionnelle.

Deux tercets et deux quatrains.2.Poème qui contient un dialogue : présence de tirets ; de phrases exclamatives et interrogatives.

Difficultés à repérer lesprotagonistes : le lecteur et le poète ? (cf : impératifs présents).

Rythme saccadé proche de l'intonation d'une conversation.Les vers ne sont pas conformes à la norme classique ; ils sont très fortement ponctués : le v3 peut être ainsi entendu : lesdécoupures du vers sombre ».3.Présence des points de suspension : ils miment des moments de pause ou traduisent la fuite (cf :fin de poème) 4.Utilisationde compléments de lieu « là » ; « près de moi », du pronom démonstratif « Ca » et l'emploi du présent visent à rendre lecontenu du poème vivant, conférant au lecteur un statut non seulement de témoin mais aussi d'acteur ; il semble participerau dialogue.

Conclusion« Le Crapaud » est un poème déconcertant dans lequel Tristan Corbière s'assimile à un batracien hideux.

Sans lyrisme, maisavec désinvolture, il se présente comme un individu repoussant : sa laideur physique l'oblige à fuir les hommes qui lerejettent.

Seul son chant, son art poétique se fait entendre lorsqu'il est caché.

Ce sonnet inversé présente donc le portraitd'un homme que Verlaine nommera plus tard « un poète maudit ».. »

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