Devoir de Philosophie

Platon vs Glaucon: De l'origine de la justice

Publié le 30/04/2005

Extrait du document

platon
Glaucon: - Écoute ce que je me suis chargé d'exposer d'abord, c'est-à-dire quelle est la nature et l'origine de la justice. On dit que, suivant la nature, commettre l'injustice est un bien, la subir un mal, mais qu'il y a plus de mal à la subir que de bien à la commettre. Aussi quand les hommes se font et subissent mutuellement des injustices et qu'ils en ressentent le plaisir ou le dommage, ceux qui ne peuvent éviter l'un et obtenir l'autre, jugent qu'il est utile de s'entendre les uns les autres pour ne plus commettre ni subir l'injustice. De là prirent naissance les lois et les conventions des hommes entre eux, et les prescriptions de la loi furent appelées légalité et justice. Telle est l'origine et l'essence de la justice. Elle tient le milieu entre le plus grand bien, c'est-à-dire l'impunité dans l'injustice, et le plus grand mal, c'est-à-dire l'impuissance à se venger de l'injustice. Placée entre ces deux extrêmes, la justice n'est pas aimée comme un bien, mais honorée à cause de l'impuissance où l'on est de commettre l'injustice. Car celui qui peut la commettre et qui est véritablement homme se garderait bien de faire une convention aux fins de supprimer l'injustice ou commise ou subie : ce serait folie de sa part. Voilà donc, Socrate, quelle est la nature de la justice, et l'origine qu'on lui donne. Platon

DIRECTIONS DE RECHERCHE    • Qu'est-ce que « celui qui parle « s'est-il « chargé d'exposer d'abord « ?  • Que signifie exactement ici « suivant la nature « ?  • Quelle est l'importance, dans l'argumentation, de « mais  qu'il y a plus de mal à la subir que de bien à la commettre « ?  • Qu'est-ce qui est source, dans le texte, de « plaisir « et qu'est-ce qui est source de « dommage « ?  • Quelles réflexions vous suggère le terme « utile « placé  dans son contexte ?  • A quelle(s) question(s) répond la phrase : « De là ... justice « ?  • Quel est « le plus grand bien « ? Pourquoi ? Quel est « le plus grand mal « ? Pourquoi ?  • La justice est-elle « un bien « ? Sinon, pourquoi ?  • Un « homme véritable « peut-il aimer la justice ? Peut-on définir, par le contexte, ce que pourrait être, être « véritablement homme « ?  • Quel est l'objet de ce texte ? (Pour s'en assurer : après le questionnement précédent, voir par quoi commence et finit le texte).  • Que pensez-vous de « la démarche « effectuée par « celui qui parle « ? Que pensez-vous à la fois de la façon dont il argumente, définit, et part de l'opinion : « on dit que « ... « origine qu'on lui donne « ?  • Dégager l'intérêt philosophique de ce texte et l'apprécier.

platon

« l'injustice où Glaucon reprend la définition du sens commun et voit tout l'avantage qu'il y a à commettre l'injusticec'est-à-dire le plaisir et le bien que l'on peut en retirer.

La cité serait alors l'association des faibles et les loisl'occasion de brimer la puissance des forts.

C'est ce que l'on peut s'apercevoir à travers les deux mouvementsargumentatifs du texte : l'origine et l'essence de la justice (1 ère partie : du début du texte à « Telle est l'origine et l'essence de la justice ») et la reconnaissance de la justice comme médiété (2 nd partie : de « Elle tient le milieu entre le plus grand bien » à la fin de l'extrait).

C'est suivant ces deux moments que nous entendons rendre comptedu texte. I – Origine et essence de la justice a) Le discours de Glaucon se comprend exclusivement comme une recherche de l'essence et de l'origine de lajustice.

En ce sens, il reprend bien la question socratique de savoir ce qu'est la justice en tant qu'il s'agit d'endéterminer le sens, la valeur et le fondement c'est-à-dire remonter dialectique à l'Idée qui n'est donc pas le fait dela conjoncture ou de la contingence mais bien l'idée elle-même dans toute sa pureté.

La question porte bien surqu'est-ce que X ? Ici la justice qui sera la vertu principale interne à la cité de la république.

Or la première définitionque donne Glaucon se prend dans une conception naturelle de la justice c'est-à-dire en dehors de toute société.

Etdonc avant toute convention ou cité.

Pour comprendre ce qu'est la justice, Glaucon s'interroge sur son pendantnégatif qui est l'injustice, c'est-à-dire un défaut ou un manque de justice.

Or comme l'a rappelé Thrasimaque, dansune nature violente on peut dire que l'injuste est un bien dans la mesure où elle est l'expression de la puissance d'unhomme qui est capable de développer ses capacités sur autrui en le contrôlant pour obtenir plus que ce qu'il luiappartient.

C'est en ce sens que l'on peut dire que la justice en premier lieu c'est respecter ce qui nous appartient.C'est pourquoi il est plus douloureux de subir l'injustice.

Naturellement, du point de vue de l'avantage, il apparaîtclairement que l'injustice est un bien si on la commet et la subir un mal ; mais cela en dehors de tout point de vueéthique. b) Or c'est bien ce qui fait toute la dichotomie dans ce premier moment du texte.

En effet, la dichotomie entre lanature et la cité est redoublée par la distinction entre l'amoralité et la morale donc entre nature et cohésion sociale.Le bien que l'on trouve dans l'injustice vient du plaisir c'est-à-dire de cette satisfaction hédonistique première dansla réalisation de notre désir ou l'exigence de notre volonté.

Mais du point de vue social, c'est-à-dire lorsque laconscience se fait de la liaison entre le plaisir et le déplaisir comme lié et la possibilité que chacun puisse être l'objetd'une injustice, il apparaît clairement aux individus qu'il est préférable de renoncer à l'injustice et qu'il est plus utilede s'unir c'est-à-dire de s'entendre.

Mais ce qu'il faut bien voir dans la proposition de Glaucon c'est que l'institutionde cette justice passe par la réalisation que le faible ne pourra pas obtenir ce qu'il veut et sera toujours l'objet de latyrannie du fort.

Or du point de vue morale cette situation n'est pas tenable.

Et c'est à partie de cetteconsidération que l'amorce d'un mouvement de cohésion se crée entre les individus afin de s'associer les uns lesautres pour ne plus avoir à subir ou commettre l'injustice. c) C'est sur ce point que se fonde la cité et la convention qui unit les individus c'est-à-dire se respect mutuel.

Leslois sont alors l'occasion de déterminer ce qu'il est permis de faire et de ne pas faire.

La justice peut se définir alorscomme le fait ce que l'on doit vouloir c'est-à-dire de remplir pleinement sa fonction au sein de la société et de lacité.

L'injustice consiste alors à outrepasser les prescriptions de la société.

C'est donc dans ce respect de l'autremais aussi afin de mettre fin à une nature brutale et tyrannique que se comprend l'avènement de la justice.

On peutdire alors que la justice est l'élément essentiel du développement harmonique de la société en tant qu'elle permet deréguler les instincts, les désirs mais aussi d'équilibrer les âmes.

Ainsi il y a une comparaison possible entre l'harmonieet le règlement d'une âme individuelle et une cité.

On pourrait presque parler d'un organisme vivant.

La communautése doit d'être réglée et régie par des lois afin de laisser place à la justice. Transition : Ainsi la justice se comprend comme le caractère se développant au-delà de la nature première c'est-à-dire danscette moralité du respect de l'autre et du refus d'obtenir plus que ce que l'on pourrait prétendre.

D'une certainemanière, la justice est responsable de l'harmonie au sein de la cité ce qui permet dès lors de voir qu'elle est lerespect que la place ou de la fonction qui nous est assignée dans la société. II – La médiété de la justice a) Dans ce cas, en poursuivant sa définition négative, c'est-à-dire en partant de ce que la justice n'est pas,Glaucon la définit comme le milieu, cette médiété, entre un grand bien et un grand mal selon la nature entrecommettre et subir l'injustice.

En effet, la justice se place dans ce milieu car elle ne peut pas l'injustice donc sonaccomplissement et le fait d'en pâtir.

Il s'agit donc de brimer la force naturelle des individus au profit de la faiblessede ceux qui ne pourront obtenir réparation de cette injustice par la vengeance.

Il s'agit d'éviter le conflit et latyrannie.

C'est ce qui explique que la justice souffre d'un déficit de considération par les forts qui voient la justice,la société et les lois comme autant de liens et d'obstacles leur empêchant d'user de leur puissance et préfèrentalors la loi de la nature ; tandis que les faibles l'honorent dans la mesure où elle est garantie contre les forts et celad'autant plus que les faibles ne font jamais assez forts pour commettre à leur tour l'injustice.

L'analyse montre doncclairement que la justice relève dans son avènement de la faiblesse des individus. b) Dans ce cas, on peut dire que la société ressemble plus essentiellement à l'agrégation des faibles autour d'une. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles