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Pour exister la conscience doit-elle désirer ?

Publié le 08/06/2005

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conscience
La conscience est apparue très tardivement comme objet philosophique. On attribue à Descartes l'honneur de l'avoir mise au centre des débats. Il est vrai que son cogito identifie pensée et conscience. Avec le « je pense, je suis », il fonde l'existence humaine sur la pensée et donc sur la conscience. Jusqu'au XVII ème siècle, le mot "conscience" désignait exclusivement la conscience morale. C'est sous la plume de Descartes que le terme de conscience apparaît pour la première fois avec son sens moderne. Pourtant, le terme de « conscience » proprement dit est absent des Méditations métaphysiques. C'est que Descartes a le plus souvent écrit, comme les savants de son époque, en latin. Et les traducteurs, embarrassés par la nouveauté du sens donné au mot "conscientia" par Descartes, afin d'éviter au lecteur tout amalgame avec la notion de conscience morale, ont choisi des périphrases, telles que "connaissance intérieure". Le terme est plutôt introduit par Locke, qui est empiriste et qui procède à une critique radicale de la théorie cartésienne. Mais que désigne la conscience ? On peut donner deux interprétations un peu différentes de l'étymologie de la conscience. On peut l'appréhender comme cumsciens qui signifie posséder un savoir « rassemblé » autour d'un centre, celui qui constitue la personne. « La conscience, écrit Alain, c'est le savoir revenant sur lui-même et prenant pour centre la personne humaine elle-même ». ce qui rejoint donc la découpe étymologique du mot en cum(avec ) et scienta( savoir). La conscience est donc le fait pour un individu que son existence soit accompagnée d'un savoir sur elle-même. Avec la conscience, j'existe et je le sais. La conscience a toujours été considérée comme la principale caractéristique de l'homme, qui le distingue de l'animalité. Si elle se caractérise comme un savoir qui accompagne l'existence et le vécu d'un sujet, il semble alors que la conscience ait connaissance des pensées à l'intérieur de l'esprit humain. Le désir, quant à lui, est traditionnellement défini comme élan, mouvement vers un objet que l'on imagine source de satisfactions et de plaisir. Ainsi, je peux désirer avoir un nouvel ordinateur, cela signifie que je pense que cet objet m'apportera quelque chose de plus avantageux par rapport à la situation actuelle. Leibniz écrit ainsi dans Nouveaux essais sur l'entendement humain, en 1705 : "l'inquiétude qu'un homme ressent en lui-même par l'absence d'une chose qui lui donnerait du plaisir si elle était présente, c'est ce qu'on nomme désir." Le désir est donc aussi la sensation d'un manque que l'individu essaie de combler en recherchant l'objet désiré. Cependant, la tradition classique est très négative vis à vis du désir. Pour elle, il est rattachement au corps et mène l'individu à faire quelque chose. Il semble donc dans un premier temps le désir soit plutôt lié à l'inconscience qui désigne justement le manque de conscience et de réflexion. Le verbe « exister » désigne le fait de posséder une réalité. Quelque chose d'imaginaire, par exemple, n'a pas d'existence, dans le sens où il n'est pas réel. Il renvoie au simple sens de vivre. Etymologiquement, le terme « exister » renvoie au fait de sortir hors de soi. Le désir en projetant un objet à atteindre, ne permet-il pas justement à la conscience de sortir en soi, de se transcender ? De même pour réellement vivre, n'est-il pas mieux de désirer ? Le verbe « devoir » renvoie à une obligation. Il faut se demander alors si la conscience peut exister sans désirer. N'y-t-il pas pour la conscience une autre possibilité d'exister ?
conscience

« désirs du ça ne périssent pas et ignorent les jugements de valeur.

Pour Freud, « seul le désir peut pousser au travailnotre appareil psychique » et c'est dans l'inconscient que se trouve la force vitale de tout être.

Toutes lesexcitations se fixent sur un désir et ainsi transforment un objet banal en représentation de désir.

Nous ne sommesdonc pas toujours conscients de nos désirs ou de leurs causes.

C'est pour cela que nous pouvons désirer une chosesans véritablement la connaître, simplement parce qu'une personne que nous admirons la désire.

Rien ne nous ditque les désirs dont nous avons conscience sont véritablement nos vrais désirs.

En effet, l'inconscient fait censureet les désirs qui nous parviennent ne sont que des représentations qui ont subi des compromis avant de pouvoirpénétrer dans la conscience.

Ainsi, par exemple, par la sublimation, les désirs inconscients et refoulés se déplacentsur un objet admis socialement.Le désir trouve ainsi son origine dans l'inconscient et parfois il est causé par une imitation inconsciente d'autrui.René Girard met en avant le mimétisme qui préside le processus du désir. Il ne faut pas croire que mon désir naît à partir du néant.

L'homme est un être qui est mû par un besoin d'imitation.

Cela lui est naturel comme le remarqueAristote.

René Girard a mis en exergue le fait que le désir portait généralement sur la chose désirée par autrui.

C'estainsi, en autre, que naissent les modes.

C'est parce que l'autre possède quelque chose que ça me donne envie del'obtenir : il suffit d'observer deux enfants devant plusieurs objets pour s'en convaincre : ils vont très vite sedisputer le même.

Cette imitation devient immédiatement conflictuelle : le modèle devient rival et le rival à son tourmodèle.

Il y a alors une escalade du désir et de la violence.

L'enfant fonctionne encore sous la loi du plus fort.

Iln'hésitera pas à s'emparer de l'objet de son désir par la force ou par la contrainte.

Le désir sans la raison est alorsviolence.

René Girard écrit ainsi “En imitant le désir de mon modèle, je l'encourage à imiter le mien et vice-versa. L'imitateur devient le modèle de son propre modèle et l'imitateur de son propre imitateur.

[…] Ce que nous ignoronsou feignons d'ignorer, c'est que le conflit, c'est l'identité et non la différence.

Ce n'est pas vrai que les hommes sebattent à propos d'idées, ils se battent toujours à propos de désirs...

parce qu'ils ont le même désir.

» 3.

Le désir est lié à l'irréflexion Enfin, l'objet désiré n'est pas véritablement connu par nous et nous ne pouvons pas réellement savoir si ce que nousdésirons est bon.

Spinoza affirmait ainsi " nous jugeons qu'une chose est bonne, parce que nous faisons effort verselle, que nous la voulant et tendons vers elle par appétit ou désir." Ce qui veut dire que le désir ne se fonde pas surune connaissance parfaite de l'objet désiré, bien au contraire.

Comme le laisse à penser Spinoza, c'est plutôtl'inverse, ce n'est pas parce que la connaissance d'un objet nous la fait jugeait bonne que nous la désirons, maisplutôt parce que nous la désirons que nous la pensons bonne.

Dès lors, tant que la chose fait l'objet d'un désir, ilnous est impossible de la concevoir objectivement et nous pouvons juger sa valeur bonne alors que ce n'est pas dutout le cas.

Nous pouvons alors désirer des objets qui ne sont absolument pas dans notre avantage.

Il n'y a doncpas de savoir qui correspond à la conscience.Le désir est donc plutôt lié à ce que l'on appelle l'inconscience.

Un "inconscient" est un esprit irréfléchi qui ne serend pas compte de ce qu'il fait ou même seulement qui ne sait pas juger.

Ainsi l'inconscience définit un manque deconscience réfléchie.

Dans la langue courante, ce mot s'applique à l'ignorance de faits extérieurs.

Être inconscientdu danger, c'est ne pas connaître les risques de telle ou telle action.

Or, il semble que le désir peut répondre à cettedéfinition.

C'est en tout cas ce qu'affirme Platon qui dénonce aussi la tyrannie des désirs dans le Phédon « Le corps nous remplit d'amour, de désirs[…] si bien, que comme on dit, il nous ôte vraiment et réellement toute possibilité depenser » Nous ne pouvons réaliser notre essence d'homme et ceci ne nous permet pas d'atteindre cet état de bienêtre.

De même, cette incapacité de bien penser entraîne l'homme à désirer des choses qui ne sont pas bonnes.

Ledésir déforme la réalité et nous entraîne vers des dangers et actions irréfléchies et dangereuses.

Ovide exprimaitceci : « je vois le meilleur, je l'approuve et je fais le pire ».

Le désir ne me permet pas de connaître les faitsextérieurs, d'avoir une véritable réflexion sur les conséquences de mes actes et je peux ainsi même agir contre monpropre intérêt.

II La conscience se compose de nombreuses autres opérations 1.

Le désir passe nécessairement par la conscience Néanmoins, le désir, s'il trouve son origine dans l'inconscient, passe nécessairement par des représentationsconscientes.

Il est en effet un mode d'être de la conscience.

Nous pouvons clairement énoncé « je désire ceci ».Le désir ne peut véritablement devenir désir que s'il devient conscience.

Avoir soif, boire, être rassasié : nous avonsici trois moments d'un même processus par lequel le corps assure sa subsistance.

Mais si le manque se trouve êtrecomblé sans délais, la conscience de l'objet qui satisfait le besoin n'a pas le temps de naître.

Il est donc nécessairequ'existe un intervalle ou un obstacle qui puisse faire naître dans la conscience une représentation de l'objetrecherché, objet dont l'absence est ressenti comme malaise ou tension.

A ce moment, où la conscience estnécessairement présente, le besoin fait place au désir.

Ainsi, pour Spinoza, le désir « se rapporte généralement auxhommes, en tant qu'ils ont conscience de leur appétit.

»( Ethique ) Ce serait alors le désir qui ferait naître une représentation.

Il y aurait réciprocité des rapports entre désir et conscience : le désir passe nécessairement par laconscience et cette dernière intervient sous l'impulsion du manque ressenti par le désir.

La différence entre le désiret un appétit ou un besoin c'est qu'il passe donc nécessaire par la conscience.De plus, l'inquiétude liée au désir et à l'absence de l'objet est bien sûr conscience sinon nous ne pourrions pasréfléchir sur le désir et nous ne pourrions pas mettre au point des moyens pour assouvir notre désir.

C'est bien parceque je désire avoir mon bac, que je peux faire en sorte en travaillant d'être la position pour le réussir.

Il y a doncbien un lien très fort entre désir et conscience.

Cependant, le sujet nous demande si la conscience anécessairement besoin de désirer pour exister.

Or, ne pouvons pas penser que la conscience a une gamme étendued'opérations qui l'a fait exister ? 2.

Il existe d'autres modes d'être pour la conscience. »

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