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Pourquoi un fait a-t-il besoin d'être établi ?

Publié le 22/03/2004

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Mais ce n'est là qu'une différence de degré. D'une façon générale, n'importe quel fait historique est reconstitué avec plus ou moins de facilité, avec une probabilité plus ou moins grande, au moyen des documents que nous possédons, documents d'ailleurs innombrables, car on ne sait jamais d'avance tout ce qu'on pourra tirer d'un texte, d'une inscription, de la découverte d'une tombe ou d'un édifice en ruines. 2° Quand il s'agit de faits auxquels nous assistons, que nous voyons, ne peut-il nous arriver de nous tromper ? Il nous arrive maintes fois de nous méprendre sur l'identité d'une personne ou d'une chose, sur une couleur, une forme, une distance, un mouvement. Les erreurs de perception sont fréquentes; nous ne pouvons nous fier à une première impression, nous devons sans cesse corriger, rectifier; même lorsqu'il ne s'agit pas proprement d'erreurs, nous pouvons n'avoir aperçu l'événement que partiellement, sous un certain angle, nous avons été attirés par certains caractères, et les autres sont passés inaperçus. On sait qu'en général nous ne voyons que ce qui nous intéresse, c'est-à-dire ce que nous cherchons à voir; percevoir, c'est attendre une réponse à une question que l'on pose, ce n'est pas recevoir passivement des impressions variées. Il nous arrive parfois même d'être de mauvaise foi, de ne pas voir ce qui crève les yeux à d'autres, d'accueillir certaines informations avec complaisance, et de « fermer les yeux » sur certains détails. Pour toutes ces raisons, un fait a besoin d'être établi, c'est-à-dire que nous devons contrôler, compléter, rectifier, préciser au moyen d'instruments peut-être ou en faisant appel au témoignage d'autrui, ce que nous avons pu observer nous-mêmes. 3° Ces analyses ne se rapportent qu'à la manière dont nous exécutons bien ou mal, sommairement ou attentivement, à l'étourdie ou avec soin, l'opération que l'on appelle perception. C'est en effet par la perception que nous établissons un fait, à condition de bien voir.

« C - Ordonnance de la dissertation. Une introduction s'offre d'elle-même : l'expression « établir un fait » (« l'établissement des faits ») fait figure deparadoxe, car un fait existe indépendamment de moi, il m'est toujours imposé, opposé, ou tout au moins « donné ».Je n'ai qu'à l'enregistrer; qu'ai-je besoin alors de l'établir, c'est-à-dire de contribuer en quelque sorte à sonexistence même ? L'expression « établir un fait » pose donc un problème, et c'est ce problème que nous avons àrésoudre.

Voici alors comment nous pouvons utiliser l'analyse qui précède pour construire la dissertation.Notre analyse a procédé en deux temps : 1° Il y a des faits que l'on constate et des faits que l'on reconstitue.

Ces derniers sont des faits passés qu'on abesoin de connaître comme si on les percevait; on a recours pour cela à un raisonnement fondé sur l'examen dedocuments que l'on a sous les yeux.

A vrai dire ce n'est pas là tout à fait « établir » un fait, car cette opérationsuppose qu'un fait en principe n'a pas à être établi, mais seulement constaté, et que l'on peut, dans le cas où le faitéchappe à toute constatation, le reconstituer, c'est-à-dire finalement le raconter comme le raconterait un témoinoculaire. 2° Tout fait doit être établi, parce qu'un fait n'est jamais donné, mais toujours construit.

Cela est vrai aussi bienpour les faits appelés parfois les « faits bruts » que pour les faits élaborés qui sont les faits scientifiques.

C'est là levrai sens de l'expression que nous avons à examiner.Tout fait est un énoncé unique qui rend compte d'une multitude d'observations ou d'expériences.

Exemples : LaTerre tourne autour du Soleil.

— La Révolution de 1789 s'est faite au profit de la bourgeoisie. Nous pouvons alors distinguer (ces deux exemples nous y invitent) deux catégories de faits, ou deux acceptions dumot fait : a) Les faits singuliers, qui ne se produisent qu'une fois, qui sont des faits datés.

Quoique toujours singuliers en cesens, ces faits ne sont pas nécessairement des faits « ponctuels ».

La Révolution française est un fait singulier,mais qui constitue l'unité d'un ensemble prodigieux de gestes ou de paroles humaines.

D'ailleurs, des faits commel'assassinat de Henri IV ou le mariage de Louis XIV, bien qu'ils n'intéressent en un sens qu'un individu, n'ontd'existence historique que parce qu'ils ont une extension infinie.

Il n'y a pas de faits ponctuels, il n'y a que des faitsd'ensemble.

Dans tous ces cas néanmoins, le mot fait a le sens d'événement (fait historique).b) Les faits généraux (faits scientifiques) appelés proprement phénomènes : on dit le phénomène de la réfraction,de la chute de corps, de la cristallisation, etc.

Un phénomène est énoncé, nous l'avons vu, sous la forme d'une loi,toujours abstraite et générale.. »

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