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Puis-je invoquer l'incertitude de l'avenir pour dégager ma responsabilité ?

Publié le 09/06/2005

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Le Manuel d’Epictète nous enseigne : « Il y a des choses qui dépendent de nous et d’autres qui ne dépendent pas de nous. Ce qui dépend de nous, ce sont les pensées, la tendance, le désir, le refus, bref tout ce sur quoi nous pouvons avoir une action. Ce qui ne dépend pas de nous, c’est la santé, la richesse, l’opinion des autres, les honneurs, bref tout ce qui ne vient pas de notre action. Ce qui dépend de nous est, par nature, soumis à notre libre volonté ; nul ne peut nous empêcher de le faire ni nous entraver dans notre action. Ce qui ne dépend pas de nous est sans force propre, esclave d’autrui ; une volonté étrangère peut nous en priver. […] «. L’homme est donc irresponsable relativement aux choses sur lesquels il ne peut agir. Il y a un ensemble de choses pour sur lesquelles je n’ai aucun pouvoir, je n’y engage donc pas ma responsabilité. Pourtant, en est-il de même lorsque l’on parle d’une action future ou de toute action dans la mesure où une fois mon action produite elle m’échappe. Je ne peux plus la contrôler or des évènements fortuits, indépendamment de ma volonté peuvent se produire. Or ma responsabilité est-elle encore engagée ? Mais dans ce cas, n’est-ce pas dire que je ne suis responsable que de l’intention et dès lors ruiner toute possibilité de responsabilité ?

Si dans un monde incertain, je ne maîtrise que l’intention (1ère partie), je reste cependant capable de prudence donc de responsabilité (2nd partie), d’une responsabilité absolue (3ème partie).

 

 

I – Responsabilité et moralité

 

a) La responsabilité relève essentiellement de la morale donc du devoir. Le devoir est l’obéissance à une loi morale universelle que nous construisons nous-mêmes. Le devoir, loin d’être une réalité, représente une norme de la raison, valable pour tous les êtres raisonnables. Kant part du savoir commun, dans les Fondations de la Métaphysique des Mœurs, selon lequel une volonté moralement bonne est la seule qui puisse être tenue pour absolument bonne ; c’est-à-dire une volonté qui se détermine uniquement d’après la raison pure pratique et non en vue du bonheur, donc une volonté bonne en soi. Elle sera par conséquent fin en soi, non moyen, et universelle. Or Kant distingue la volonté bonne, pure et autonome, de la simple bonne volonté de faire le bien qui n’est qu’une intention velléitaire non accompagnée de réels efforts pour réaliser de manière effective le bien dans le monde. La volonté bonne est en fait tout le contraire de cette bonne volonté faible, paresseuse et donc dépourvue d’effets ; a fortiori pour une volonté absolument bonne, c’est-à-dire sainte. Cependant il faut bien comprendre qu’une volonté est bonne indépendamment de ses résultats effectifs car ce n’est pas au résultat que l’on juge de la moralité d’un acte. Or c’est justement là que la responsabilité prend tout son sens à l’aune d’un monde incertain. Il semble que je ne sois moralement responsable que de l’intention ne pouvant pas maîtriser ce qui est en dehors de ma volonté. Il faut donc articuler nécessairement le « vouloir « et le « pouvoir « ou du moins de le tenter car on ne peut condamner l’impuissance physique qui nous empêche d’atteindre notre but. 

« Dans notre il en est de même, nous ne pas savoir à l'avance quels effets auront nos choix ce qui crée donc la peur.C'est pourquoi l'engagement est si difficile.

Pour éviter les erreurs et endiguer cette peur nous pouvons faire appelà une stratégie décisionnelle ici la prudence.

Mais cette délibération produisant le choix propre au prudent doit seproduire dans l'action au risque sinon d'en être un obstacle.b) En effet, la liberté et la responsabilité peuvent être définies à travers la philosophie éthique d' Aristote , notamment dans l'Ethique à Nicomaque livre III : être libre c'est agir volontairement.

Or cela suppose donc une responsabilité puisque nous sommes dans le champ de l'action ; mais il faut remarquer aussi que le volontaire apartie lié avec la vertu donc la définition et la délibération de bons choix en vue du bonheur.

La prudence est lacapacité à effectuer de bons choix et suppose une règle générale de conduite relative à la définition de la vertu,c'est-à-dire ici d'une certaine médiété.

Mais cette délibération produisant le choix propre au prudent doit se produiredans l'action au risque sinon d'en être un obstacle.

Le prudent est en effet celui qui prend de bons choix.

Comme onle voit dans l'Ethique à Nicomaque d'Aristote , 1106b36 : « la vertu est un état habituel décisionnel (qui permet de faire un choix) qui consiste en une moyenne (juste milieu) fixée relativement à nous.

» On voit alors apparaître lanotion de proairesis ( proairesis - choix), qui est la notion qui délimite avec le plus de netteté le domaine même de la philosophie pratique : « il semble bien que la proairesis soit ce qu'il y a de plus propre à la vertu, et c'est elle quipermet de juger des traits de caractères, mieux que ne le peuvent les actions.

» La prudence en tant que vertu dela partie délibérative de l'âme concerne les choses contingentes dans relativement à un avenir incertain, les seulessur lesquelles on puisse délibérer.

On peut définir effectivement définir la prudence comme la disposition pratiqueaccompagnée de règle vraie concernant ce qui est bon ou mauvais pour l'homme.

Le prudent n'est pas le purempirique, qui vit au jour le jour, sans principe et sans perspective, mais il est l'homme des vues d'ensemble.c) Or pour comprendre la nécessité de cette notion de responsabilité, on peut étudier son pendant négatif : lanotion d'irresponsabilité.

En effet, dans le Code civil nous trouvons effectivement une référence à l'irresponsabilité qui peut prendre deux acceptions : soit subjective et dans ce cas on fait référence à un trouble psychique oumental ; soit objectif : c'est-à-dire sous l'effet d'un commandement ou de la contrainte.

L'homme est irresponsablealors quand il souffre de troubles psychiques ou neuropsychologiques notamment c'est bien ce que l'on peutobserver dans le cas de la démence ou de la folie.

Mais surtout ce que retient le droit français c'est la notiond'intention et de discernement.

Ainsi l'absence d'intention ou de discernement rendent l'homme irresponsable.Cependant, cela ne signifie pas que tout soit possible ou que l'incertitude de l'avenir me rendre irresponsable.

Bienau contraire, nous ne vivons que dans un monde incertain.

A ce compte, personne ne serait responsable.

Transition : Ainsi l'incertitude de l'avenir n'annule en rien ma liberté et ma responsabilité.

Ma responsabilité prend acte de laliberté et permet le développement de la prudence.

Le monde humain est incertain par nature, l'irresponsabilité estrare, même si nous ne maîtrisons pas tout.

III – Liberté et responsabilité absolues a) Sartre définit le salaud et la mauvaise foi comme la volonté d'échapper à la sa liberté, à sa propre liberté.

Lesalaud est celui qui fait preuve de mauvaise foi en ne se reconnaissant pas responsable à cause des circonstances,comme l'incertitude de l'avenir par exemple.

Or tout l'humain n'est qu'incertitude et expérience de la liberté.

C'est àcause de cette liberté totale que l'homme est responsable.

Il n'y a pas de volonté supérieure ou suprasensible pournous indiquer ce que nous aurions dû faire ou pour nous guider.

Nous sommes à la un rien au perdu dans l'humain ettout par notre liberté.

Ainsi Sartre dans La Nausée : « Le salaud est celui qui, pour justifier son existence, feint d'ignorer la liberté et la contingence qui le caractérisent essentiellement en tant qu'homme ».

Or ici il ne lie pas lacontingence mais s'en sert justement pour refuser sa liberté et la responsabilité.b) Or la liberté se comprend dans le choix et dans un projet qui détermine ce choix.

La liberté est responsabilité etprise de conscience de soi et cela dans la mesure où « l'homme est condamné à être libre ».

La liberté est unetranscendance de soi à travers le projet d'existence elle est donc responsabilité ; c'est-à-dire que la liberté est faceau néant du projet, or la liberté est projection justement : la liberté est « pro-jet ».

Sans incertitude tout ne seraitque nécessité donc irresponsabilité.

En ce sens, la liberté engage dans un projet d'existence.

Chacun de mes choixme détermine et m'engage dans un projet qui me représente en tant que sujet responsable.

C'est bien ce qu'illustrela pièce de théâtre les Mouches de Sartre .

En effet, Oreste à Argos de part sa décision prend le fléau des mouches sur lui et libère ainsi sa ville, c'est pourquoi il dira : « Tout à coup la liberté a fondu sur moi et m'a transi… Et il n'y aplus rien eu au ciel, ni Bien, ni Mal, ni personne pour me donner des ordres.

» S'il a le sentiment que la liberté afondu sur lui c'est que ça décision est un projet d'existence donc un engagement.

Et ce n'est que par l'engagement,c'est-à-dire dans l'action ou dans le courage d'agir, que l'on peut dire d'un homme qu'il est libre.

La liberté est doncengagement.

L'incertitude est la condition même de ma liberté.

Sinon ce serait la nécessité.c) C'est ainsi que l'on peut comprendre l'existentialisme que développe Sartre dans l' Existentialisme est-il un humanisme ? La liberté de l'homme est totale et sans borne.

Il n'a aucun obstacle à part lui-même : « L'existentialisme athée, que je représente, est plus cohérent.

Il déclare que si Dieu n'existe pas, il y a au moins unêtre chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept etque cet être c'est l'homme ou, comme dit Heidegger, la réalité humaine.

Qu'est-ce que signifie ici que l'existenceprécède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définitaprès.

L'homme, tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

Il ne seraqu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait.

Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour laconcevoir.

L'homme est seulement, non seulement tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, commeil se veut après cet élan vers l'existence ; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.

Tel est le premier principede l'existentialisme.

C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité, et que l'on nous reproche sous ce nom même.

Mais. »

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