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Quel(s) lien(s) peut on faire entre sciences et réel ?

Publié le 27/02/2005

Extrait du document

La notion de vérité mobilisée est alors celle de « vérité-correspondance », et comme la théorie scientifique est censée refléter l'exacte vérité, on parle alors métaphoriquement de « théorie-reflet. » b) Cette conception de la science s'appuie sur l'hypothèse selon laquelle une théorie capable de fournir des prédictions valables ne peut que correspondre à la réalité des choses. Le réaliste a tendance à considérer que si « ça marche », c'est nécessairement parce que la théorie est vraie, faute de quoi, la prédiction tiendrait purement et simplement du miracle. En effet, si la théorie ne correspondait pas à la réalité, si celle-ci s'était contentée de construire son objet, elle ne parviendrait pas à passer l'épreuve de la réalité, elle ne pourrait réussir à chaque fois à prédire ce qui doit arriver. c) Suivant cette perspective réaliste, les sciences constituent bel et bien le moyen par lequel l'homme saisit la réalité des choses dans leur vérité même. Ainsi les physiciens ont-ils découvert des photons, des champs de force ou des trous noirs qui préexistaient dans la nature indépendamment de leurs démarches intellectuelles. Le lien qui existerait alors entre sciences et réel serait celui d'une correspondance, la science correspondant à la réalité telle qu'elle est, elle serait le lien par lequel l'être humain se hisse à la réalité. Transition : Les multiples remises en cause des théories scientifiques ne réfutent-elles pas le réalisme scientifique ?   Les sciences considérées comme une invention de l'esprit permettant à l'homme de maîtriser et de créer le réel. a) L'histoire des sciences tend à infirmer le réalisme.

 

Analyse du sujet :

Sciences : On utilise généralement le terme « science « pour désigner un certain type de savoir. Science vient d’ailleurs du latin scientia, qui est lui-même un dérivé de scire, « savoir «. Pour les anciens Grecs, la science constitue un savoir supérieur, une connaissance éminente qui a deux caractéristiques principales : elle porte sur l’universel car elle s’oppose aux opinions particulières et elle est purement théorique car elle diffère du savoir-faire pratique. Ils considéraient par ailleurs que la philosophie était la science suprême. Depuis l’époque moderne cependant, le modèle exemplaire de la science est plutôt celui d’une connaissance scientifique positive, basée sur la méthodologie de la science expérimentale. C’est-à-dire une science qui repose sur des critères précis de vérification permettant une objectivité des résultats.

Réel : Le réel définit ce qui est véritablement, c’est-à-dire la réalité. Le terme provient du latin res qui veut dire « chose «. Le réel, c’est donc l’ensemble des choses qui sont, celles qui ont une existence objective et constatable. En philosophie, on considère généralement que le réel étant ce qui contient l’être véritable des choses, on peut l’opposer à l’apparence : le réel incarne les choses dans leur vérité, et non telles qu’elles nous apparaissent. Ainsi Platon considère-t-il que le réel se situe dans le monde des Idées, alors que le monde sensible dans lequel nous vivons est constitué d’apparences. Cela pose problème, car comment pourrions-nous vivre dans l’irréel ? La réalité peut-elle être autre chose que la façon dont les choses nous apparaissent ?

Problématisation :

Si la science a pour but de parvenir à la vérité, il paraît évident que celle-ci est liée au réel en tant qu’elle incarne l’instrument par lequel l’être humain saisit le réel. Mais si la science est un instrument humain, elle reste tributaire de facteurs humains et, dès lors, on peut se demander comment il serait possible qu’elle dépasse les limites humaines. Le problème consistera donc pour nous à savoir si la science permet d’outrepasser les limites humaines, ou si elle n’est qu’une approche privilégiée du réel ?

 

« Bien au contraire, le fait que deux énoncés contradictoires permettent des prédictions identiques aurait tendance ànous pousser à considérer que ces énoncés ne correspondent pas du tout au réel, puisqu'ils peuvent tout deuxdécrire une même réalité et être pourtant différents.b) Comme l'écrit Einstein : « la physique décrit la “réalité”.

Or, nous ne savons pas ce qu'est la “réalité”, nous ne laconnaissons qu'à travers la description qu'en donne la physique ! » (Lettre à Schrödinger du 19 juin 1935) L'hommene connaît en effet de la réalité que ce qu'en disent les théories, or, comme c'est l'homme lui-même qui écrit cesthéories, nous pourrions en déduire qu'il n'a aucun accès à la réalité en soi.

Le physicien construit voire invente desentités et des processus, en vue de prévoir et de produire des événements.

Le terme « atome », par exemple, neserait alors qu'une manière abrégée de désigner une classe de procédures expérimentales.

Cela ne signifieaucunement que les atomes existent effectivement dans la nature indépendamment de l'homme qui en parle.c) Passant du registre scientifique au registre métaphysique, un philosophe comme Berkeley ira même jusqu'àsoutenir que le monde matériel n'est qu'une représentation des sujets humains, qu'il n'a pas d'existence autonome etqu'il disparaîtrait en conséquence si tous les hommes disparaissaient.

Peut-être que les sciences ne fontqu'interpréter le réel, et peut-être même qu'elles l'inventent et qu'elles le créent.

Ainsi que l'écrit Nietzsche : « Lemonde nous paraît logique parce que nous avons commencé par le rendre logique.

» ( Volonté de puissance , Tome 1, Livre 1, §135) Le lien qui unit les sciences au réel serait donc bien particulier, car le scientifique serait celui quicréerait le réel.

Les sciences seraient ainsi un instrument de création du réel.

Transition : Que devient alors le statut de la réalité si ce qu'on perçoit par les sciences peut être un pur produit de l'esprit humain ? Les sciences réalisent une interprétation humaine d'un réel extérieur.

3. a) Si Berkeley et Nietzsche avaient raison, alors la réalité pourrait n'être rien de plus que le fruit de l'imagination dusujet pensant, et la science pourrait entièrement modeler la réalité.

Nous appellerions alors « réel » ce que nousdécrivons par les sciences, et ce seraient nos conceptions scientifiques qui forgeraient le réel, si bien que nouspourrions affirmer qu'il n'y a pas de réel.

Mais si le monde n'était rien de plus que la représentation que s'en faisaientles humains, alors il suffirait à ces humains de changer leur représentation du monde pour changer le monde.

Or,nous constatons bien que cela n'est pas possible, et que, par ailleurs, une réalité extérieure contraint les théoriesscientifiques à certaines nécessités.b) « Par quoi le pouvoir de connaître serait-il éveillé et mis en exercice, si cela ne se produisait pas par des objetsqui frappent nos sens (…) ? » ( Critique de la raison pure , Introduction, I, De la différence de la connaissance pure et de la connaissance empirique) interroge Kant.

En effet, même si la science ne reflète pas absolument le réel, il est indéniable que nous sommes touchés par des perceptions communes quiéveillent notre raison.

Si le sujet n'avait pas d'objets à penser, il est probablequ'il ne penserait pas.

Il existe donc bien des objets réels qui viennent à nouspar la perception, et ce sont ces objets que nous interprétons par la science.c) Cela étant, tirant profit de la critique du réalisme, nous pouvons affirmerqu'il est peu probable que ce réel que nous percevons, nous soyons capablesde le percevoir tel qu'il est vraiment.

En réalité, nous percevonsnécessairement le réel à travers la structure de notre esprit (ce que Kantnomme la structure de la « subjectivité », c'est-à-dire du sujet).

Et cettestructure du sujet, Kant nous enseigne qu'elle est bornée par l'espace et letemps.

L'espace et le temps constituent la structure de notre mode deconnaissance, ce sont les conditions permettant une connaissance humaine,et nous ne pouvons rien connaître avec assurance en dehors d'eux.Toutefois, rien ne nous prouve que le monde extérieur soit, quant à lui,structuré selon l'espace et le temps.

Peut-être l'espace et le tempsn'existent-ils que pour l'homme, et ainsi ne connaîtrions-nous le réel qu'àtravers ce prisme, et ainsi d'une manière déformée.

Les sciencess'apparenteraient alors plutôt à la canne blanche d'un aveugle : celle-cipermet au non-voyant d'évoluer dans un monde qu'il ne voit pas et, de lamême manière, les sciences permettraient à l'homme de se mouvoir au milieud'un réel qu'il ne peut percevoir directement.

Conclusion : Dans une première partie, nous avons présenté l'opinion courante selon laquelle les sciences permettraient dedécrire le réel tel qu'il est en vérité.

Nous avons ensuite invalidé cette hypothèse et avons émis l'idée que lessciences seraient pour l'homme un moyen de créer le réel.

Suite à cela, nous avons montré que la thèse d'aprèslaquelle les sciences constitueraient un moyen de créer le réel était fausse en insistant sur le fait que le réelexerçait une contrainte sur l'entendement humain, soulignant par là que les sciences ne faisaient qu'interpréter leréel.. »

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