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Quel est le sens du travail ?

Publié le 09/02/2004

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travail
* Travailler n'est donc pas un projet absurde, c'est même le seul projet créateur de l'homme. Nous avons vu au chapitre sur l'art que l'artiste est un travailleur acharné. Le travail ouvre l'homme à la connaissance du monde et de lui-même. Encore faut-il que le travail que l'on effectue nous apporte une satisfaction personnelle. Aujourd'hui, dans un monde qui sanctifie le travail, qui fait du seul travail productif l'unique critère de la valeur de l'individu, on peut comprendre le drame du chômeur qui se sent à la fois hors circuit mais aussi culpabilisé de ne pas travailler. Avec les chômeurs, deux autres catégories posent problème à la société : les vieillards et les adolescents, eux aussi non productifs. Avoir un travail, c'est exister socialement. Ne pas avoir de travail, c'est ne pas être reconnu, ne pas avoir de valeur sociale. Cela en dit long sur notre société ! L'intolérance, la violence et les actes désespérés sont la plupart du temps des appels pour prouver qu'on existe. Une société démocratique se doit d'entendre ses citoyens et de proposer un projet de société dans lequel chacun puisse trouver sa voie.
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« Nietzsche s'interroge ici sur l'origine des déclarations sur la valeur morale du travail, y compris quand il s'agit d'unlabeur épuisant.

Elles visent, selon lui, à en cacher la véritable fonction répressive.Le travail dont il est question ici, est celui qui n'a pour but que le gain d'argent et les plaisirs qu'on peut acheter («un but mesquin...

»).La valorisation du travail gagne-pain a la même origine que les autres discours moraux : la dépréciation et la peur del'individu.

Et de fait, ce travail empêche ce qui est d'ordre strictement personnel.

Il signifie « oubli de soi »,soumission à un rythme imposé, intégration à une collectivité.

Il n'y a plus de temps pour la solitude, pour laméditation personnelle, plus d'énergie pour les passions individuelles.L'individu, en tant que tel, est dangereux pour la société car il n'a pas pour but l'intérêt général, l'utilité commune,mais seulement lui-même.

Il est du plus grand intérêt pour la société que les hommes oublient qu'ils sont desindividus, pour se percevoir comme des membres de la société, et le travail est un excellent moyen pour lesdépouiller de leur être individuel.

Il faut remarquer la spécificité du point de vue de Nietzsche : il ne s'agit pas pourlui de défendre les travailleurs en tant que tels, mais de voir, derrière le travailleur, l'individu.Le travail constitue la meilleure des polices. C'est dans « Aurore », dans un paragraphe intitulé « les apologistes du travail », que Nietzsche déclare que le travailconstitue la meilleure des polices.On connaît Nietzsche par ses attaques contre la religion et la morale, par son projet de création de nouvellesvaleurs, mais on oublie souvent sa critique de la société de son temps, société du commerce, du travail, de ce l'onnommera « culture de masse ».

Dans une optique strictement opposée au socialisme, méprisé par Nietzsche, il s'agitd'une dénonciation en règle du nivellement des valeurs, de la promotion de la médiocrité.« Dans la glorification du travail, dans les infatigables discours sur la ‘bénédiction du travail', je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce quiest individuel [...] on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir - qu'un tel travail constitue lameilleure des polices.

»NIETZSCHE comprend la société de son temps (mais la nôtre correspond à ses analyses) comme celle du culte del'activité, du travail, du commerce.

Derrière cette boulimie d'activité se cache toujours le même but : la sécurité «et l'on adore aujourd'hui la sécurité comme la divinité suprême ».Or le danger, pour la foule, réside toujours dans l'individualité.

Le travail et son culte imposent une fatigue telle, unedépense d'énergie, si immense, que toute cette force est soustraite « à la réflexion, à la méditation, à la rêverie,aux soucis, à l'amour, à la haine, il présence constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactionsfaciles et régulières.

»La sécurité, c'est la routine et le nivellement.

Le gaspillage des forces à des buts mesquins au lieu d'une pensée durisque.

Le monde moderne est l'anti « il faut vivre dangereusement ».

Le travail et le commerce imposent le manquede distinction entre les choses, les activités et les valeurs, l'incapacité à s'affirmer par soi-même et la nécessité detout juger selon autrui.

Or tout cela signifie refuser l'individu, l'individualité, tout ce qui est grand ou seulement soi-même. « On assiste aujourd'hui [...] à l'apparition de la culture d'une société dont le commerce constitue l'âme tout autantque la rivalité individuelle chez les anciens Grecs et que la guerre, la victoire et le droit chez les Romains.

»Les sociétés antiques étaient des sociétés antagonistes, polémiques, où l'on se battait pour s'affirmer, se faire valoircomme individualité.

Le monde moderne est un monde de commerçants et de travailleurs.Le commerçant est celui qui taxe « d'après les besoins du consommateur, non d'après ses propres besoins les pluspersonnels ».

Cela est d'autant plus dramatique que ce type d'estimation est appliqué à l'art et aux sciences, à lapolitique.

« A propos de tout ce qui se crée, il s'informe de l'offre et de la demande, afin de fixer pour lui-même lavaleur d'une chose.

» C'est abaisser toute création au rang de marchandise, tout fruit de la culture à celui d'objetde vente, toute réussite d'un individu à une valeur d'échange.Le travailleur est celui qui s'abêtit en gaspillant ses forces au lieu de se former lui-même, de devenir une oeuvre Dès« Aurore », NIETZSCHE voyait le modèle de la société moderne dans la culture américaine, une non-culture envérité, une « sauvagerie » dans l'aspiration à l'or et la frénésie au travail.Les textes sont on ne peut plus explicites et scandent la mort de la haute culture, de l'individu, de la méditation etde l'art.« On a maintenant honte du repos et on éprouverait presque un remords à méditer [...] Car la vie, devenue chasseau gain, oblige l'esprit à s'épuiser sans trêve au jeu de dissimuler, duper [...] la véritable vertu consiste maintenantà faire une chose plus vite qu'une autre [...] le goût de la joie s'appelle déjà ‘besoin de repos'.

» (« Gai Savoir »,$329).Le culte du travail et la valorisation de l'argent imposent une activité continuelle : on se détermine face à autrui ens'oubliant, et le loisir ne peut plus être ce qu'il signifiait pour les Grecs, « le temps libre », mais seulement l'indice dela nécessité du repos.

Nul rapport véritable à soi—même et encore moins aux autres n'est possible dans une tellesociété.Cette société est régie par la nécessité, cad par l'absence de distinction et de reconnaissance.

« On veut vivre etl'on doit se vendre, mais on méprise celui qui exploite cette situation inévitable et qui achète l'ouvrier.

»Mais elle est surtout une incompréhension de ce qu'est le travail véritable, cad celui par lequel on se forme.

Pour leshommes modernes « le travail leur est un moyen, il a cessé d'être un but en lui-même ; aussi sont-ils peu difficilesdans leur choix, pourvu qu'ils aient de gros bénéfices [...] Chasser l'ennui à tout prix est vulgaire, comme detravailler sans plaisir ».L'individu, par opposition à l'homme de la masse, est celui qui travaille par plaisir, cad qui peut s'imposer la plus dure,la plus pénible des activités, pourvu qu'elle représente une valeur à ses yeux, et qui refusera de travailler, quelleque soit la pression sociale, si la tâche à effectuer est indigne.

C'est celui qui sait endurer et travail et ennui pour. »

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