Devoir de Philosophie

A quoi servent les sciences ?

Publié le 30/09/2004

Extrait du document

Les sciences nous aident à mieux connaître le monde. Aristote affirmait que la théorie apporte une satisfaction avant tout intellectuelle et désintéressée. Doit-on accepter que l'intérêt des sciences est du même ordre ? faut-il au contraire penser que les sciences ont aussi une utilité pratique, pragmatique ? Bref, il s'agira de savoir: A quoi servent les sciences ?

Analyse du sujet:

  • "servir à" = avoir une utilité pratique, un but.

A-t-on toujours admis que les sciences ont, ou doivent avoir, une utilité ? Ce caractère pragmatique des sciences va-t-il de soi ? Si oui, est-il possible de préciser la nature de cette utilité ?

Les sciences nous donnent des connaissances.  Aristote disait que la spéculation philosophique nous apporte une satisfaction désintéressée. Doit-on admettre que l'intérêt des sciences est de même nature ? Ou faut-il a contrario penser que les sciences ont aussi une utilité plus concrète ou pratique ?

 

« Ce qui poussa les hommes aux recherches philosophiques étaitl'étonnement (Aristote). « Ce fut l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premierspenseurs aux spéculations philosophiques.

Au début, ce furent lesdifficultés les plus apparentes qui les frappèrent, puis, s'avançant ainsipeu à peu, ils cherchèrent à résoudre des problèmes plus importants,tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des étoiles, enfinla genèse de l'Univers.

Apercevoir une difficulté et s'étonner, c'estreconnaître sa propre ignorance (et c'est pourquoi aimer les mythesest, en quelque manière se montrer philosophe, car le mythe estcomposé de merveilleux).

Ainsi donc, si ce fut pour échapper àl'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, ilest clair qu'ils poursuivaient la science en vue de connaître et non pourune fin utilitaire.

Ce qui s'est passé en réalité en fournit la preuve:presque tous les arts qui s'appliquent aux nécessités, et ceux quis'intéressent au bien-être et à l'agrément de la vie, étaient déjàconnus, quand on commença à rechercher une discipline de ce genre.

Ilest donc évident que nous n'avons en vue, dans la philosophie, aucunintérêt étranger.

Mais, de même que nous appelons homme libre celuiqui est à lui-même sa fin et n'est pas la fin d'autrui, ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit libre, car elle seule est sa propre fin.

» Aristote. Dans un passage de la « Métaphysique » (Livre A, chapitre 2), Aristote explique l'origine de la philosophie et le butqu'elle poursuit.

« Ce qui à l'origine poussa les hommes aux premières recherches philosophiques, c'était, commeaujourd'hui, l'étonnement .

» L'admiration et l'incompréhension devant le monde poussent l'homme à chercher àcomprendre et à rendre compte de ce qui l'entoure.

Ainsi naît la philosophie, qui n'a d'autre but que de tendre àexpliquer le monde.Dans ce passage de la « Métaphysique », Aristote reprend l'enseignement de son maître.

En effet, Platon écrit dansle « Théétète » : « il est tout à fait d'un philosophe, ce sentiment : s'étonner.

La philosophie n'a point d'autreorigine...

»L'étonnement, pour les Grecs, est donc l'origine véritable de la recherche philosophique.

L'étonnement consiste enl'arrêt admiratif devant une chose que l'on ne comprend pas.

Le mot n'est pas à comprendre au sens moderne cad lastupéfaction devant quelque chose d'inhabituel.Le sens commun, la plupart des hommes ne s'étonnent que devant un phénomène extraordinaire, qui échappe à laroutine, et dont il est clair qu'on ne le comprend pas, qu'on ne peut le classer dans les rubriques habituelles.

Or lesphénomènes les plus communs ne sont pas les plus connus, tant sen faut, et le sentiment de connaître ce que l'onvoit souvent n'est qu'une illusion.L'étonnement qui frappe le philosophe concerne n'importe quelle chose, aussi banale soit-elle en apparence.

C'estd'abord l'admiration devant la nature, et l'aveu de son incompréhension devant ses mécanismes.

« Or apercevoir unedifficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance [...] ainsi donc ce fut pour échapper à l'ignorance queles premiers philosophes se livrèrent à la philosophie.

»Les exemples que donne Aristote sont éclairants ; les premières recherches se concentrèrent sur les objets à notreportée, puis les phases lunaires, puis le cours du Soleil, puis la formation de l'Univers.

Deux points sont remarquables:Þ D'une part, la philosophie n'est pas ici séparée de la science ; les exemples de recherches philosophiques sont desexemples qu'on qualifierait aujourd'hui d'astronomiques.

En fait la séparation de la science d'avec la philosophie esttrès tardive.

Elle date du XVIII ème siècle, et tous les grands noms de la philosophie furent aussi, jusqu'à cetteépoque au moins, des grands noms des sciences.Þ D'autre part, l'étonnement e s'exerce pas sur des choses extraordinaires, mais tout simplement devant ce qui est,et dont la nature nous offre chaque jour le spectacle comme la course du Soleil, les marées, etc.

La philosophieessaie, tente, de rendre compte de ce qui est.

C'est-à-dire de l'expliquer.

Soit simplement en en énonçant lesmécanisme, soit en essayant d'en donner le sens.

On en arrivera ainsi à des questions dites métaphysiques : «Pourquoi y a t il quelque chose plutôt que rien ? » (Leibniz).Enfin, si la philosophie, selon Platon, commence par l'aveu de l'ignorance, son but est de faire cesser celle-ci.

Sonbut est la connaissance.

Aristote insiste sur ce point essentiel, sur l'image que la science et la philosophie se fontd'elles-mêmes : « Il est évident qu'ils poursuivaient la science pour savoir, et non en vue de quelque autre utilité.

»Les philosophes recherchent le savoir pour le savoir et non pour une quelconque utilité pratique immédiate.

Cela neveut en aucun cas dire que la philosophie n'a aucun intérêt.

Mais d'abord, qu'elle n'a pas pour but de satisfaire unbesoin, qu'il soit vital ou de confort.

C'est la preuve que donne Aristote : « Presque tous les arts qui regardent lesbesoins et ceux qui s'appliquent au bien-être, étaient connus déjà quand on commença à chercher les explicationsde ce genre.

» C'est quand les problèmes urgents de la vie sont résolus, que l'on se lance dans les sciences ou larecherche.

La philosophie n'est donc pas une discipline asservie, liée aux nécessités vitales ou à la recherche d'unconfort matériel.

Elle est une activité libre, qu'on exerce pour son propre plaisir, pour son intérêt intrinsèque.

Enclair, c'est une activité libre parce que désintéressée.« Ainsi cette science est aussi la seule de toutes les sciences qui soit une discipline libérale, puisque seule elle est àelle-même sa propre fin.

Aussi est-ce encore à bon droit qu'on peut qualifier de plus qu'humaine sa possession.

»C'est une constante de la philosophie grecque, et de la façon dont elle s'interprète : la philosophie nous arrache à la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles