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Est-il raisonnable de croire en Dieu ?

Publié le 31/01/2004

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dieu
V. J'entends par mode les affections de la substance, ou ce qui est dans autre chose et est conçu par cette même chose. VI. J'entends par Dieu un être absolument infini, c'est-à-dire une substance constituée par une infinité d'attributs dont chacun exprime une essence éternelle et infinie. Explication : Je dis absolument infini, et non pas infini en son genre ; car toute chose qui est infinie seulement en son genre, on en peut nier une infinité d'attributs ; mais, quant à l'être absolument infini, tout ce qui exprime une essence et n'enveloppe aucune négation, appartient a son essence. » Dieu est, chez Spinoza, défini, et non pas déduit. Il ne s'agit pas non plus d'un pétition de principe (c'est-à-dire, son existence, qu'on cherche à démontrer, n'est pas simplement posée sans justification). Il s'agit plutôt d'une définition au sens mathématique du terme : sous le terme « Dieu », Spinoza place ce qui suit un certain ensemble de propriétés (voir ci-dessus l'extrait). Or il est impossible de ne pas croire à une définition : elle n'est ni vraie, ni fausse, puisqu'elle est posée à titre de point de départ. Le Dieu de Spinoza est par ailleurs identique à la nature : ce ne sont qu'une seule et même chose.
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« Référence : Nietzsche, Gai savoir « Notre sérénité.

- Le plus grand récent événement - à savoir que "Dieu est mort", que la croyance au Dieu chrétienest tombée en discrédit - commence dès maintenant à étendre son ombre sur l'Europe.

Aux quelques rares, tout aumoins, doués d'une suspicion assez pénétrante, d'un regard assez subtil pour ce spectacle, il semble en effet quequelque soleil vienne de décliner, que quelque vieille, profonde confiance se soit retournée en doute : à ceux-lànotre vieux monde doit paraître de jour en jour plus crépusculaire, plus méfiant, plus étranger, "plus vieux".

Maissous le rapport essentiel on peut dire : l'événement en soi est beaucoup trop considérable, trop lointain, trop au-delà de la faculté conceptuelle du grand nombre pour que l'on puisse prétendre que la nouvelle en soit déjàparvenue, bien moins encore, que d'aucuns se rendent compte de ce qui s'est réellement passé, comme de tout cequi doit désormais s'effondrer, une fois ruinée cette croyance, pour avoir été fondée sur elle, et pour ainsi direenchevêtrée en elle : par exemple notre morale européenne dans sa totalité. Cette longue et féconde succession de ruptures, de destructions, de déclins, de bouleversements, qu'il faut prévoirdésormais : qui donc aujourd'hui la devinerait avec assez de certitude pour figurer comme le maître, l'annonciateurde cette formidable logique de terreurs, le prophète d'un obscurcissement, d'une éclipse de soleil comme jamais il nes'en produisit en ce monde [...] ? D'où vient que même nous autres, nous envisagions la montée de cetobscurcissement sans en être vraiment affectés, et surtout sans souci ni crainte pour nous-mêmes ? Subirions-noustrop fortement peut-être l'effet des conséquences immédiates de l'événement - conséquences immédiates qui pournous autres ne sont, contrairement à ce que l'on pourrait peut-être en attendre, nullement affligeantes niassombrissantes, mais bien plutôt comme une lumière, une félicité, un soulagement, un égaiement, un réconfort, uneaurore d'une nouvelle sorte qui ne se décrit que difficilement... En effet, nous autres philosophes, nous autres "esprits libres", à la nouvelle que le "vieux dieu est mort", nous noussentons comme touchés par les rayons d'une nouvelle aurore : notre coeur, à cette nouvelle, déborde dereconnaissance, d'étonnement, de pressentiment, d'attente - voici l'horizon à nouveau dégagé, encore qu'il ne soitpoint clair, voici nos vaisseaux libres de reprendre leur course, de reprendre leur course à tout risque.

» Le texte de Nietzsche répond en apparence de manière radicale, non pas à la question : « la raison peut-ellecroire ? » mais à celle du sujet.

Il faudrait pourtant se garder de dire qu'avec Nietzsche, puisque Dieu est mort, ilest déraisonnable d'y croire.

« Dieu est mort » signifie plutôt que l'évaluation « Dieu » (tout est interprétation ouévaluation selon Nietzsche), n'est plus une commodité utile.

Autrement dit, nous n'en avons plus besoin.

Il est aucontraire temps de créer, et c'est désormais possible, de nouvelles valeurs (c'est le sens du dernier paragraphe). Les valeurs, ce que nous croyons être vrai, sont toujours des commodités pour la raison (au sens large, c'est-à-direpour l'esprit).

Ce sont certes des illusions ; pourtant, la raison ne saurait s'en passer.

Autrement dit : la raison nepeut pas ne pas croire (en la validité ou vérité d'une valeur).

Raison et croyance ne s'excluent donc pas.

Lacroyance devient au contraire le mode normal de fonctionnement de la raison : il n'est pas déraisonnable de croire,tant que, pour Nietzsche, nous croyons (ou évaluons) de manière à toujours affirmer notre force, à ne jamais nier lemouvement de la vie. Nietzsche affirme la mort de Dieu en tant qu'évaluation, il ne démontre toutefois pas que Dieu n'existe pas.

Notreseconde question conserve donc sa pertinence : II – En quel Dieu est-il raisonnable de croire ? Avec Nietzsche, nous avons affirmé la mort de Dieu, c'est-à-dire, l'inutilité de l'évaluation « Dieu ».

Nous n'avonspourtant pas démontré qu'il n'existait pas, ce qui est impossible.

Le doute subsistera donc toujours.

C'est en cesens que l'on peut trouver raisonnable le fameux pari de Pascal (in : Les Pensées ) « — Examinons donc ce point, et disons : «Dieu est, ou il n'est pas.» Mais de quel côté pencherons-nous ? La raisonn'y peut rien déterminer : il y a un chaos infini qui nous sépare.

Il se joue un jeu, à l'extrémité de cette distanceinfinie, où il arrivera croix ou pile.

Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l'un ni l'autre; par raison,vous ne pouvez défaire nul des deux. Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix; car vous n'en savez rien. — Non; mais je les blâmerai d'avoir fait, non ce choix, mais un choix; car, encore que celui qui prend croix et l'autresoient en pareille faute, ils sont tous deux en faute : le juste est de ne point parier. — Oui, mais il faut parier; cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.

Lequel prendrez-vous donc ? Voyons.Puisqu'il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins.

(...) .Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissantl'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir.

Voilà un point vidé.

Mais votre béatitude ? Pesons le gain et laperte, en prenant croix que Dieu est.

Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez,vous ne perdez rien.

Gagez donc qu'il est, sans hésiter.

» Le pari de Pascal n'est cependant raisonnable que parce que la branche de l'alternative qu'il choisit, si elle est vraie,apporterait plus de bénéfices que l'autre.

C'est le moins mauvais des choix.

Cependant, notre raison reste tendueentre deux extrêmes : entre ce « il faut choisir » (nous avons montré en première partie qu'on ne pouvait pas faireautrement que de croire, par commodité) et le doute qui subsiste toujours quant à l'existence de Dieu.

Notre raison,. »

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