La responsabilité politique ?
Publié le 07/02/2004
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N'y
a-t-il pas lieu de s'inquiéter d'une sorte de dérive devant le spectacle, en
politique, d'un candidat que l'on juge sur ses aptitudes à maîtriser une
technique (fût-elle budgétaire, ou autre) plutôt que sur son projet de
fond ? Habermas
s'en inquiète ; lorsqu'il dénonce la perspective aussi illusoire que
dangereuse selon laquelle « l'évolution du système social paraît être
déterminée par la logique du progrès scientifique et technique ». Il
craint que dès lors il ne devienne possible d'en appeler à ce rôle de la
science et de la technique pour expliquer et légitimer que la volonté
politique soit de moins en moins démocratique et de plus en plus
administrative. De fait, un jeune élu prenant pied de nos jours en politique
aura sans doute l'impression d'être intrus au milieu d'une technique
administrative qui est plus efficace quand elle n'est pas obstruée par ses
prétentions à poser des finalités. Mais en la matière le fait ne doit pas
faire droit : la démocratie est à ce prix, au prix d'une protection du
politique contre l'idéal de pure efficacité gestionnaire du « tout-technique ».
« Le progrès quasi autonome
de la science et de la technique dont dépend effectivement la
variable la plus importante du système, à savoir la croissance
économique, fait [...] figure de variable indépendante. Il en résulte
une perspective selon laquelle l'évolution du système social paraît
être déterminée par la logique du progrès scientifique et technique.
La dynamique immanente à ce progrès semble produire des contraintes
objectives auxquelles doit se conformer une politique répondant à
des besoins fonctionnels. Or, une fois que cette illusion s'est
effectivement bien implantée, la propagande peut invoquer le rôle de
la science et de la technique pour expliquer et légitimer les
raisons pour lesquelles dans les sociétés modernes, un processus de
formation démocratique de la volonté politique concernant les
questions de la pratique « doit » nécessairement perdre toute
fonction et céder la place aux décisions de nature plébiscitaire
concernant les alternatives mettant tel ou tel personnel
administratif à la tête de l'Etat.
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