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La science apporte-t-elle à l'homme l'espoir de constituer un langage artificiel ?

Publié le 13/03/2004

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langage

Que pourrait représenter le langage artificiel de la science ?

- La langue, par définition, nous livre le réel sur un mode symbolique en le représentant à distance.- Le monde ainsi représenté par une langue scientifique serait par définition le monde tel que le reconstitue la science, c'est-à-dire différent de l'univers quotidien (notre perception usuelle ne correspond pas du tout à la façon dont la physique décrit la matière) et «objectif« (au sens où l'univers de la science est dénué de toute dimension affective ou subjective: nous avons avec lui des relations d'efficacité mais non de complicité).

- De surcroît, ce langage artificiel devrait évoluer au rythme même des connaissances scientifiques (problème de la modification des notations symboliques spécialisées), c'est-à-dire beaucoup plus vite qu'une langue naturelle.

III. Richesse des langues naturelles

- La langue naturelle est bien entendu un instrument de communication, mais elle est loin de n'être que cela.

- Elle offre à chaque utilisateur un moyen d'expression subjective (personnelle) qui disparaît dans toute langue artificielle.

- Elle résulte d'une histoire culturelle qui l'habite encore: certains mots sont chargés de connotations particulières parce que leur usage renvoie implicitement à une oeuvre littéraire, un événement historique, un personnage de l'histoire nationale, etc. Ce aussi bien du point de vue de la mémoire individuelle que collective.

- Elle entretient, comme langue maternelle, des rapports particuliers avec l'inconscient.

La formulation de ce sujet n'est pas dépourvue d'une certaine ambiguité: par " langage artificiel " on peut en effet entendre diverses sortes de langages très différents. On s'efforcera donc de préciser la problématique, en s'appuyant sur les autres termes importants de l'énoncé: "science" et "espoir".

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« La formulation de ce sujet n 'est pas dépourvue d'une certaine ambiguïté : par « langage artificiel » on peut en effetentendre diverses sortes de langages très différents.

On s'efforcera donc de préciser la problématique, ens'appuyant sur les autres termes importants de l'énoncé: « science » et « espoir ». Introduction Le langage est chose si remarquable que l'homme l'a longtemps considéré comme un don des dieux : « Le plus sagede tous les êtres, écrivait Jamblique dans sa Vie de Pythagore (56), est celui qui a amené à l'ordre la voix humaine,en un mot celui qui a inventé le langage, et ce fut un dieu ou un homme divin.

» Or pour la pensée mythique oureligieuse, comme le montre la phrase de Jamblique, il ne fut pas, à l'Origine, donné aux hommes des langages, maisun unique langage, le Langage — celui-là même que parlent la ou les divinités.

Mais les dieux ont déserté la Terre,ce langage originel s'est perdu, et lui ont succédé des langages qui marquent la division et l'incompréhensionmutuelle des êtres humains.

Restent sa nostalgie et l'espoir secret de le retrouver un jour, ou le rêve plusprométhéen de lui en substituer un autre que l'homme lui-même aurait créé.

Ce rêve, comme pour ses autres rêves,c'est de plus en plus à la science, que l'homme confie le soin de le réaliser.

Cependant, on peut se demander sicelle-ci apporte réellement à l'homme l'espoir de constituer un langage artificiel. 1.

Qu'entendre par langage? Il convient avant toute analyse de distinguer langue et langage :- Au sens large, le concept de langage englobe tout code, c'est-à-dire tout système de signes, utilisé pour établirune communication.- Au sens restreint, il désigne la langue, qui est « le plus important de ces systèmes » (Saussure) et se caractérisepar une double articulation.

(Cf.

la définition de A.

Martinet, Éléments de linguistique générale, 1-14 : « Une langueest un instrument de communication selon lequel l'expérience humaine s'analyse, différemment dans chaquecommunauté, en unités douées d'un contenu sémantique et d'une expression phonique, les monèmes [pluscommunément appelés aujourd'hui morphèmes] ; cette expression phonique s'articule à son tour en unités distincteset successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans chaque langue, dont la nature et les rapports mutuelsdiffèrent eux aussi d'une langue à une autre.

») Entendus au sens large, de nombreux langages ont déjà été inventés : langages gestuels (on prendra garde ici quecertains codes gestuels, ainsi que d'autres codes tels que le morse, le braille, les pavillons à bras de la marine, nesont pas des langages autonomes, mais des relais du langage articulé, tout comme l'écriture alphabétique), langagesformels, langages symboliques ou langages de programmation (Basic, Pascal par exemple), etc.Il est évident que lorsqu'on demande si la science apporte à l'homme l'espoir de constituer un langage artificiel, il nepeut s'agir de tels langages puisqu'ils sont déjà constitués, encore que la « science » — ce mot est assez vague,pour la plupart de ces langages il s'agit surtout de la logique — puisse améliorer ceux qui existent ou en inventerd'autres.

En revanche, la question prend davantage de sens si par « langage artificiel » nous entendons « langue artificielle» : la question peut en effet se poser de savoir si la science permettra d'inventer une langue possédant lacommunicabilité des langues naturelles en même temps que la rationalité de la science, c'est-à-dire une languerigoureuse et universelle.

De fait, si l'on a bien tenté d'inventer des langues rationnelles, ce but n'a jamais étéatteint.Le développement de la science, qui est par essence universelle et rigoureuse, est-il susceptible d'autoriser enfin laconstitution de cette « langue philosophique » dont rêvèrent un Descartes ou un Leibniz ? Pour pouvoir répondre àcette question, examinons brièvement les langues artificielles qui ont déjà été inventées. 2.

Examen des langues artificielles On peut classer les langues artificielles qui ont été imaginées en deux catégories : a) Les systèmes a posteriori Ce sont les langues qui ont été élaborées dans un souci de simplification, de rationalisation et d'unification à partird'une ou de plusieurs langues naturelles, généralement du groupe roman : telles sont, par exemple, la « Languenouvelle» de Faignet (1765), la « Pasilingua » de Steiner (1885), l'« Espéranto » de Zamenhof (1887), l'« Interlingua» (1924-1951), etc.

Ces langues a posteriori ne sont pas de véritables créations, mais plutôt des adaptations delangues déjà existantes, tant du point de vue de la grammaire que du lexique ; cependant toutes ces langues a. »

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