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L'utopie n'est-elle qu'un rêve inutile?

Publié le 14/02/2005

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Mais une telle acception peut sembler assez superficielle et caricaturale, et il serait quand même surprenant que des esprits de Platon à Saint-Simon en passant par More -aient consacré des textes à transcrire de simples rêves inutiles. On peut au contraire supposer qu'ils avaient d'autres intentions que celle consistant à prouver la fertilité de leur imagination. Dans ce cas, l'utopie n'aurait aucune utilité. Première partie:Admettons que "La République" de Platon soit une sorte d'utopie. On sait bien que le terme est postérieur à ce texte, et qu'au sens strict, ce dernier est peut être aussi autre chose; mais on sait également que, malgré ses tentatives d'application, le projet platonicien est resté comme un modèle impossible à réaliser: on se contentera, dans un premier temps, de ce caractère pour le ranger dans les utopies. Les raisons de se rédaction révèlent que l'utopie peut constituer une réaction par rapport à une situation à une situation politique jugée malsaine. C'est parce que la cité athénienne est pervertie aux yeux du philosophe qu'il convient de réfléchir à l'organisation d'une cité que l'on puisse considérer comme juste, sinon parfaite.L'invention d'un autre politique, d'une solution de rechange, est ainsi une manière de critiquer un réel insatisfaisant. Il n'est pas surprenant qu'on retrouve dans l'utopie dans l'utopie un caractère général de toutes les productions imaginaires: elle répond à un malaise, à une insatisfaction, et cherche à les corriger. La Callipolis (belle cité) selon Platon Comment introduire la justice dans la cité et en sauvegarder l'unité, sinon en formant, par la connaissance de l'Un-Bien, des hommes politiques dont le souci consiste à façonner cette unité en éduquant les citoyens ?

■ Analyse du sujet

- Bien que l'Utopie ait une majuscule, on considérera qu'il s'agit, au-delà de l'ouvrage de Thomas More, d'un genre philosophique ou politique. - Etymologiquement, u-topie = sans lieu. D'où la question de son éventuelle inutilité : l'utopie ne relèverait que de l'imaginaire et serait inefficace. - Toutefois, on notera que l'opposition simple entre l'imaginaire et le réel peut aisément être dépassée.

■ Pièges à éviter

- Pas de récitation de cours sur l'imagination sous toutes ses formes. - Pas davantage de dérive vers une critique — sous prétexte qu'ils sont rarement réalisés in extenso — de tous les programmes politiques qui se prétendraient plus réalistes que les utopies. - Ne pas ramener le sujet à une opposition un peu datée, et de toute façon étroite, entre socialisme « scientifique « et socialismes « utopiques « au xixe siècle.

« d'inventer les récompenses grâce auxquelles obtenir l'obéissance des citoyens sans recours à la violence physique.La cohésion sociale la meilleure touche à la justice par le fait que chaque individu, chaque classe sociale y accomplitsa tâche propre, propre à contribuer à l'ordre de l'ensemble, sans débordement.

L'essence du Bien manifestée dansle monde sublunaire, finalement illustrée dans l'âme de l'homme politique formé à la connaissance de l'Un par l'ascèsequi lui apprend à se gouverner soi-même — dans l'amour et sans violence, en se préparant à son rôle —, permet àce dernier d'organiser la cité juste en une hiérarchie dans laquelle la fonction de chaque partie (besoin [chréia],échange ou classe sociale) est déterminée par les exigences de l'unité.Cette Callipolis, cette belle cité (de callos, ce qui brille, illumine), réfute toutes sortes de mélanges et de médiations.Il en résulte que les trois classes de citoyens qui la constituent se juxtaposent et accomplissent leur fonctionspécifique en représentant en même temps trois vertus de l'âme renvoyant aux trois parties (désir,volonté, raison) d'une âme qui sera un jour jugée par le tribunal des Enfers : les producteurs chargés, dans le labeuret l'obéissance, de nourrir la collectivité font preuve de tempérance ; les guerriers, ses défenseurs, s'attachent aucourage ; et les archontes (magistrats), décidant et commandant, manifestent la sagesse.Étant admis qu'une éducation politique du producteur n'est pas envisagée, les autres statuts sociaux diffèrentautant que les éducations divergent.

Celle des gardiens (de métier), associant en communauté des hommes et desfemmes, passe par la gymnastique (exercice, vitesse, vigueur et souplesse) et la musique (rythme, régularité,relation).

Elle aboutit à la formation d'une âme capable de faire abstraction de soi en vue du bien de la cité, dominéepar le courage et non le désir.

Parce que les magistrats accomplissent la fonction suprême, il convient de leurinculquer la science du gouvernement (de la mesure), la science qui donne la primauté à son possesseur parce queson âme accède alors à l'équilibre.Dialectique, nous l'avons dit, se nomme cette science grâce à laquelle l'homme d'État saisit le principe.

Elles'accompagne de la formation d'une disposition aux mathématiques (science de la série des nombres) et à seconduire soi-même en décidant (phronésis, prudence).

Alors, seulement, le royal tisserand peut-il travailler àtranscrire sur le modèle du Bien les bonnes lois opérant une harmonie entre les citoyens émiettés.

Son objet ? Qu'ilsse rendent mutuellement service afin de préserver du désordre des pulsions l'imité de la cité ! On constate que ce caractère est bien présent dans les principales utopies politiques, qui sont rédigées dans despériodes de crise, de réorganisation: L'île d'Utopie de thomas More témoigne des problèmes de réorganisation de lafin du Moyen Age et de la Renaissance, Imaginez-vous donc en train d'écouter le récit de Raphaël Hythloday (étymologiquement : celui qui est habile àraconter des histoires), jeune voyageur portugais.

Vous voilà tout à coup touché par les moeurs et les institutionsdu peuple utopien.

Le dispositif rhétorique qui produit cet autre monde sous vos yeux consiste moins à vous fairecroire qu'un tel peuple existe qu'à susciter en vous le désir de vivre selon un tel mode de vie.

Il vous faut parconséquent suivre deux cheminements parallèles, celui de comprendre ce que peut être « la meilleure forme decommunauté politique » (sous-titre de l'ouvrage) et celui de laisser fonctionner une écriture qui vise à donner àvotre esprit un pli encore inconnu, l'amenant à se convertir d'une adhésion au présent à la possibilité d'un agir.Dans la fiction utopique de Thomas More, l'écriture elle-même devient incitative, exercant l'esprit à s'ouvrir à desdimensions insoupçonnables.

Au vrai, l'ouvrage comporte un agencement de deux livres sur le premier duquel on al'habitude de faire l'impasse.

Si le livre second, en effet, décrit particulièrment la ville d'Amaurote et, au travers d'unurbanisme géométrique, un ordre social transparent, la lecture du premier livre demeure indispensable puisque lanarration des voyages du navigateur s'y fait expérience d'assouplissement de l'esprit, mise en scène de l'opinion àrectifier, et explication du statut de la philosophie.Pour qui entend prononcer aujourd'hui ce terme, utopie, une autre conversion s'impose.

Trop d'usages dépréciatifssont destinés à discréditer les appels à penser et agir en politique.

L'utopie, littéralement lieu de nulle part, qui estaussi souvent une uchronie — d'aucun temps — se place sous le signe d'une libération de l'esprit.

Ainsi en va-t-ildes Solariens qui, vivant sous la dictature de la vertu, couplent leur cité modèle à l'idéal d'une réforme de l'ordresocial chrétien existant (Campanella, 1602). tout comme les textes de Fourier ou de Saint-Simon témoignent largement des problèmes que pose, au XIX ièmesiècle, l'organisation d'une société industrielle qui bouleverse tous les modes de vie antérieurs.

[II.

Portée critique] Mais l'élaboration d'une utopie n'est pas seulement une façon de répondre aux aspects négatifs du réel par unesatisfaction imaginaire ; elle consiste aussi à dénoncer le réel lui-même, et à suggérer qu'il peut être modifié, entout ou en partie.

La dénonciation peut être directement politique, ou plus précisément morale, comme chez Moreen particulier.

Son existence suffit à indiquer que toutes les possibilités de la réalité n'ont pas encore été explorées,et c'est en cela que la dénonciation possède une efficacité minimale, puisqu'elle invite son lecteur à modifier ou àfaire varier sa propre conception du monde.On répliquera qu'une telle efficacité reste bien idéaliste, et qu'elle ne saurait suffire pour « changer le monde ».

Et,dans les reproches classiques que l'on adresse aux constructions utopiques, on souligne que les organisationspolitiques qu'elles prétendent proposer sont bien souvent trop artificielles pour avoir la moindre chance de voir unjour un début de réalisation.

La cité utopique est en général présentée comme à l'écart de toute autre réalité : elleest protégée - c'est souvent une île - de tout contact avec d'autres systèmes, vit en autarcie ; dans laprésentation qu'on en donne, il est fréquent qu'on l'ait découverte par hasard, après une tempête - tous élémentsfictifs qui interdiraient de la prendre trop au sérieux.. »

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